Actualit�s : Les souvenirs ind�l�biles du samedi de l’horreur

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 2001 la capitale a bascul� dans l’horreur. Les trombes d’eau qui ont pris, au d�but, l’allure d’un simple orage, ont en l’espace de quelques heures redoubl� de violence pour former des torrents qui ont tout emport� sur leur passage. Bab-El-Oued, ce quartier et ses hauteurs resteront pour longtemps meurtris par les �v�nements terribles v�cus en cette journ�e pas comme les autres.
F. Zohra B. - Alger (Le Soir) - Les habitants de Bab-El-Oued qui sont sortis t�t le matin pour vaquer � leurs occupations quotidiennes en s’abritant d’une pluie fine ne se doutaient pas qu’un v�ritable d�luge allait s’abattre sur eux et tra�ner beaucoup d’entre eux jusqu’� la mer ou dans les caves des immeubles pour ne leur laisser aucune chance de survie. Les pluies ont commenc� � redoubler de violence au milieu de la nuit quand les eaux de pluie ont commenc� � envahir certaines habitations pr�caires. Des familles ont �t� prises au pi�ge et ont vu, en l’espace de quelques heures, l’eau monter jusqu'� tout emporter sur son passage. Les trombes d’eau ont d�val� les art�res principales et les ruelles du quartier populaire. Rien n’a r�sist� � la violence des �l�ments et aux torrents de boue pour aller se jeter dans la mer d�mont�e. Pendant plusieurs heures, les jeunes de Bab-El-Oued ont us� de toute leur �nergie pour sortir le plus de personnes possible des eaux en furie. Mais sans une pr�sence massive des professionnels que sont les agents de la protection civile, leurs efforts et leur courage n’ont pas �t� couronn�s de succ�s � tous les coups puisque le bilan de la matin�e donnait d�j� des centaines de morts. Ce n’est qu’en fin de matin�e que le drame est apparu dans toute son ampleur. Comme plusieurs autres quartiers de la capitale plus sp�cialement ceux o� est localis� l’habitat pr�caire ont �t� touch�s. Ce jour-l�, un Conseil de gouvernement s’est tenu en urgence et le plan Orsec a �t� d�clench� comme a �t� d�cid�e la mobilisation de tous les moyens d’intervention des services de la Protection civile, des structures sanitaires pour venir en aide aux sinistr�s. Le premier bilan provisoire a fait �tat de 289 personnes d�c�d�es, huit disparus, 294 bless�s et 4000 sans-abri. Meurtrie, la population a point� un doigt accusateur vers les autorit�s, rappelant les n�gligences enregistr�es chaque ann�e avec l’arriv�e de l’hiver et concernant le nettoyage de la voirie et l’�vacuation des eaux pluviales. Pourquoi le bulletin d’alerte �mis par les services de l’Office national de la m�t�orologie n’a-t-il pas �t� pris au s�rieux par les autorit�s concern�es ? Pourquoi des dispositions n’ont-elles pas �t� prises � temps pour �viter le pire ? s’interrogeaient les citoyens en col�re. Les habitants de Bab-El-Oued ont avanc� pour leur part le fait que les galeries souterraines ont �t� condamn�es et ferm�es par le b�ton emp�chant les eaux de se jeter normalement dans la mer. Mais la population ne s’est pas estim�e vaincue pour autant puisqu’une v�ritable cha�ne de solidarit� s’est form�e pour sortir les d�pouilles de la gangue, porter secours aux familles sinistr�es, participer � la recherche des disparus. Une v�ritable course contre-la-montre a �t� n�cessaire pour sortir le plus de victimes avant que la boue ne s�che. Bab-El-Oued s’est en quelques heures retrouv�e isol�e du reste du monde et ses habitants, rescap�s, ne survivaient que gr�ce aux aides venues d’ailleurs. Quarante-huit heures apr�s la catastrophe, Alger a commenc� � enterrer ses morts dans la tristesse et la col�re. A la morgue d’El-Alia o� les corps retrouv�s sous la fange ou rep�ch�s dans la mer ont �t� achemin�s, des centaines de cadavres attendaient d’�tres identifi�s, les familles guettent chaque jour l’arriv�e des ambulances pour pouvoir retrouver un fils, une fille, un oncle ou un p�re…Les ambulances pendant plusieurs jours ont sillonn� sans interruption le trajet Bab-El-Oued—El-Alia Chaque fois qu’un corps �tait sorti de sous les tonnes de boue, des personnes esp�raient que ce serait l’un de leur proche disparu le 10 novembre dans les environs du Triolet et de Bab-El-Oued. Les inondations de Bab-El-Oued avaient fait pr�s d’un millier de morts. A ce jour, plus d’une dizaine de corps n’ont pas encore �t� identifi�s comme des personnes sont encore port�es disparues.
F. Z. B.

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