P�riscoop : BAZOOKA
PAR MOHAMED BOUHAMIDI mbouhamidi2001@yahoo.fr
Amn�sies


Les blessures de l'�me ressemblent � celles du corps. Par une blessure du corps le sang s'�coule et vous �tes oblig� de l'arr�ter par un pansement et de la soigner avec des m�dicaments. Plus la blessure est grave, plus la cicatrice sera importante et visible. C'est exactement la m�me chose pour les blessures de l'�me, de cette blessure se perd votre �nergie nerveuse dans une souffrance que peu de gens imaginent s'ils ne l'ont pas connue.
Mais � la diff�rence des blessures du corps, c'est la parole qui est le pansement et le m�dicament. Comment panser les blessures de nos �mes si on d�cide en haut du pouvoir que l'amnistie va venir. Sans d�bat, sans donner la parole aux victimes et �ventuellement aux bourreaux. Une amnistie qui viendrait effacer officiellement les faits ne peut les effacer dans la r�alit�. Le bourreau lav� de ses crimes et mis hors de port�e de la justice restera coinc� dans son id�ologie meurtri�re et agressive. Il n'aura pas fait le chemin de la culpabilit� qui ouvre la voie � un vrai repentir, c'est-�-dire � la reconnaissance de la faute. Si dans son esprit il n'a pas commis de faute, il ne renoncera pas � l'acte et surtout � ses motifs et ses intentions. Nous revenons au point de d�part avec la possibilit� mentale de reproduire les m�mes actes. Du point de vue de la victime c'est pire. Pour la plupart, quand vous les �coutez, la violence subie et le deuil de ses morts n'a aucun sens. Pourquoi eux ? Cela ne r�pond � aucune logique et � aucune raison. Leur souffrance et leurs douleurs sont � proprement parler insens�es. Il faut que les parents des disparus et que les victimes parlent et parlent longuement pour resituer les circonstances de leurs traumatismes. Qu'ils retrouvent � force de parler le chemin qui les a men�s � la rencontre du drame, qu'ils remontent du traumatisme � ses causes imm�diates ou lointaines. Retrouver � partir de quelles id�es, de quel moment, de quels actes anodins ou pris pour l'intol�rance il a gliss� vers le meurtre. Et voir aussi ce qui dans nos propres id�es est conforme ou semblable � l'id�ologie fasciste pour que sa nature n'apparaisse que dans son extr�me cons�quence: les massacres, les assassinats, les viols. Mais pour adopter une telle d�marche de th�rapie individuelle et collective, il faut d'abord accepter que les hommes et les femmes de ce peuple aient des droits. Et le premier d'entre eux : le droit � vivre et �tre une personne.
M. B.

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