Actualit�s : FLN
Le congr�s report� � demain


Le huiti�me congr�s-bis du Front de lib�ration nationale (FLN), dont l’ouverture des travaux �tait pr�vue aujourd’hui, samedi, a �t�, encore une fois, report� jusqu’� demain, dimanche. Ce “d�calage”, le neuvi�me en sept mois, �tait “dans l’air” durant toute la journ�e d’hier vendredi. Le forcing subit exerc� par les “redresseurs” ayant port� le nombre des congressistes � pr�s de .... 4000, destinait pour cause les assises, si elles �taient tenues � la date indiqu�e, � une v�ritable foire. Le groupe “des Cinq” qui dirige le parti s’est donc offert une journ�e suppl�mentaire pour tenter de trouver la parade et sauver le congr�s.
M�me si, officiellement, ce sont les conditions m�t�orologiques qui ont �t� avanc�es comme pr�texte � ce report.
K. A.

ABDERRAHMANE BELAYAT AU "SOIR D'ALGERIE"
“De grands d�sordres guettent le parti”

Plusieurs fois ministre, et l’un des plus anciens militants et responsables du FLN, Abderrahmane Belayat est un personnage incontournable au sein du vieux parti. Ce “dinosaure”, architecte de l’essentiel de la litt�rature statutaire et r�glementaire de l’ex-parti unique, parle, ici, en connaissance de cause des risques que fait courir au FLN l’“architecture” que lui pr�voit son 8e congr�s-bis.

 

Le Soir d’Alg�rie : Le FLN est-il r�ellement pr�t pour tenir un congr�s ?
Abderrahmane Belayat :
Oui. Parce que c’est la volont� de tous, de la base au sommet, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que c’est une obligation juridique et judiciaire. Ensuite, parce que c’est une n�cessit� pour un fonctionnement normal conform�ment aux statuts. Puis, c’est une cons�quence de la contrainte administrative et financi�re qui est impos�e au parti par le gel de ses avoirs et finances. Dans un autre registre, c’est aussi l’occasion idoine de r�unifier les rangs du parti et apaiser les relations internes en son sein. Enfin, c’est aussi le moment de faire le point sur l’action du parti et �valuer le mandat de ses �lus � mi-parcours du mandat des Assembl�es populaires nationales et locales. Je crois avoir compris dans votre question que vous faites allusion aux conditions mat�rielles et d’organisation pour la tenue du congr�s. Et aussi si les pr�paratifs sont � la fois conformes aux statuts et aux accords entre les deux protagonistes au sein du FLN. Puisqu’il a pu exister et peut-�tre existe-t-il encore une branche “redresseuse”. Je ne peux pas laisser passer cette question sans signaler qu’ on est loin d’avoir les conditions id�ales de s�r�nit�, de lucidit� et de responsabilit� dans la pr�paration de ce congr�s. Si l’on s’en tient aux griefs qui ont �t� faits et pris en consid�ration pour annuler le huiti�me congr�s d’origine, on pourrait en recenser, sans aucune peine, et sans le moindre effort, les griefs similaires et autrement plus graves, et en nombre infini, pour entacher celui qui est sur le point de se tenir
Vous faites certainement, l�, allusion aux nouvelles dispositions statutaires qui, croyons-nous savoir, sont de nature � chambouler les structures organiques classiques que le parti a h�rit�es de la R�volution ?

Pas encore et pas uniquement cela, par ailleurs. Et si vous le permettez, j’y reviendrai apr�s. Je voulais dire avant d’en arriver l�, que la pr�paration et l’ambiance qui ont pr�c�d� ces assises �taient propices � de nombreuses transgressions des textes du parti et m�me de la loi organique sur les partis. Mais inutile de s’appesantir l�-dessus. Et si on s’en tient uniquement aux griefs juridiques, judiciaires, et politiques, les conditions que tout le monde conna�t et dont nous venons de d�crire un aspect parmi tant d’autres, nous pouvons dire que le congr�s pr�par� dans de telles conditions est largement susceptible de susciter des recours justifi�s. Cependant, aucun d’entre nous, parmi la branche “non redresseuse”, ne souhaite, ne recommande et n’osera faire un recours devant l’administration ou la justice pour occasionner d’autres d�boires � notre parti. Nous avons tir� de l’am�re exp�rience judiciaire en la mati�re suffis2amment de le�ons, qu’il ne faut jamais se pr�ter � une pareille aventure qui est, et qui sera autrement plus dommageable pour le parti en particulier, au syst�me politique pluripartisan en g�n�ral.
Mais, avec de telles structures, nationales notamment, d’une telle lourdeur, le parti pourrait- il fonctionner normalement ?

Sans qu’il soit besoin d’�piloguer plus longtemps sur cette indue initiative, et sur la lourdeur qu’elle entra�nerait comme vous le soulignez, il faut d’abord dire qu’elle est malvenue, inopportune, inappropri�e, voire m�me insidieuse. J’ajouterai tout de suite qu’en disant cela � un journaliste et dans les colonnes d’un journal r�put� comme Le Soir D’Alg�rie, je ne me sens pas en infraction avec les r�gles de r�serve et de circonspection qu’implique l’action militante, bien au contraire ! C’est l’initiative dont il s’agit qui est en transgression avec les r�gles, les us et coutumes ainsi que la doctrine du parti pour la pr�paration et la tenue du congr�s. En effet, les textes soumis � la base sur initiative de la commission de pr�paration du congr�s n’ont fait aucune allusion � cette possibilit� de changer les m�canismes, les articulations, la nature et l’identit� des organes dirigeants du FLN. Personnellement, et avec moi beaucoup de militants, � la base comme au sommet, je n’en vois pas l’utilit�. Selon toute probabilit�, cette initiative sera rejet�e. Et si par quelque astuce, stratag�me, ou subterfuge cette proposition venait � �tre retenue par les congressistes, eh bien le parti, � la base comme au sommet, devrait se pr�parer, d’ores et d�j�, � de grands d�sordres. C’est le moins que l’on puisse dire.
Mais qui en est alors l’initiateur ?
Je suis un peu embarrass� de r�pondre � cette question parce qu’elle taraude tout le monde. En tout cas, ce que je peux en dire est qu’elle n’est pas g�niale ! Et si � l’initiateur on peut pr�ter de bons sentiments, on ne peut, par contre, le disculper d’une regrettable na�vet�. Et comme proc�d� d’action sur la vie d’un grand parti qu’est le FLN, on peut dire que c’en est, l�, le degr� z�ro de la politique. Ceci �tant, je ne veux pas mettre en cause ceux qui ont transcrit cette id�e dans les statuts du parti, modifi�s in extremis et � l’insu des organes comp�tents. Non, je ne les mets pas en cause parce que je crois savoir qu ils ont agi dans un esprit de conciliation et de bonne foi. Ceux que je mets par contre en cause sont ceux qui ont pu sugg�rer, de l’int�rieur ou de l’ext�rieur du parti, cette malencontreuse initiative.
Qu’en est-il � propos de la disposition statutaire, nouvelle, pr�voyant un poste de pr�sident pour le FLN et qui reviendrait de fait au pr�sident de la R�publique ?
Contrairement aux innovations que nous venons d’�voquer, cette disposition a �t� introduite correctement et l�galement dans les projets de statuts. On peut dire que ce n’est par ailleurs pas une innovation puisque le parti l’a d�j� connue � l’occasion du congr�s extraordinaire de 1989 lorsque ce poste de pr�sident a �t� attribu� au pr�sident de la R�publique d’alors, le fr�re Chadli Bendjedid. A ce moment-l� ,la proposition se justifiait, au moins, parce que le pr�sident de la R�publique �tait, � l’�poque, d�j� secr�taire g�n�ral en exercice du parti. Du fait des nouveaux statuts, il a donc d� c�der le poste de SG mais ne pouvait rester simple membre du comit� central ou quitter cette instance. C’est pourquoi le poste de pr�sident du parti a �t� introduit dans les nouveaux statuts d’alors. De plus nous �tions, � l’�poque, dans des circonstances r�ellement exceptionnelles pour le parti tout comme le pays de fa�on g�n�rale. Et en troisi�me lieu, il convient de signaler que le poste de SG occup� par le pr�sident de la R�publique est revenu naturellement au responsableresponsable du secr�tariat ex�cutif qui �tait Abdelhamid Mehri, lequel offrait l’avantage de jouir de la confiance du m�me pr�sident ainsi que des militants. Aujourd’hui, on est loin d’�tre dans la m�me situation pr�valant en 1989. Le pr�sident de la R�publique, le fr�re Abdelaziz Bouteflika, r�unit autour de lui une alliance assez large pour son actuel mandat et il ne peut, � mon sens, la sacrifier au profit d’une seule formation politique, f�t-elle — avec gloire et honneur — la sienne. On peut se poser la question : Est-ce que l’attribution de ce poste au pr�sident de la R�publique est-elle un avantage ou, au contraire, constituera-t-elle une entrave � sa mission �tatique et � sa qualit� de pr�sident de tous les Alg�riens, comme l’exige la pratique mais aussi l’intention et la volont� souvent affirm�e publiquement par lui-m�me. D’autre part, et concernant le parti, si une telle �ventualit� �tait accept�e par le pr�sident et retenue par le congr�s existe-t-il les articulations et les m�canismes idoines pour mettre le pr�sident de la R�publique et du parti au-dessus de la m�l�e et des soubresauts qui peuvent agiter la vie de tout parti politique et en particulier celui du FLN. Je m’interroge sur la fin que r�servera le pr�sident � un tel cas d’esp�ce. Parce que je suis s�r que si l’hypoth�se �tait maintenue elle serait retenue par le congr�s, sans coup ferir. Il faut rappeler aussi que le poste de pr�sident du parti exerc� par le fr�re Chadli Bendjedid de 1989 � 1991 n’a pas r�sist� aux p�rip�ties de la vie politique et aux soubresauts de la vie interne du parti et que le pr�sident du parti � l’�poque a, dans une lettre adress�e au comit� central, pr�sent� sa d�mission de son poste avant l’arr�t du processus �lectoral. Donc, il faut tirer les cons�quences d’une situation o� la fonction pr�sidentielle risque d’�tre handicap�e par la fonction de chef de parti.
Certains, � l’int�rieur comme � l’ext�rieur, �voquent la possibilit� de changer le nom du parti...

Vaste et grave question. Certains comme vous le dites, et il y a d�j� quelques lustres, avaient �bauch� l’esquisse d’une proposition et/ou d’une �ventualit� de changer le nom du parti d�s le d�but du pluralisme en 1989-1990 au motif que le sigle du FLN serait un lourd h�ritage handicapant et pouvant sanctionner le parti au sein de l’opinion publique et par le corps �lectoral. La r�plique a �t� vite faite d’abord au sein du CC o� l’auteur qui a os� �voquer cela a eu la r�ponse qu’il m�ritait dans le cours m�me de la session du CC. Puis l’�volution politique sur quinze ann�es a montr� que le sigle du FLN n’�tait nullement un handicap, ou une infamie ; bien au contraire, il a r�sist� vaillamment face � la d�ferlante int�griste et il a fini par avoir raison des impatiences et des pr�tentions de moult formations politiques qui ont mis� vainement sur l’effondrement de notre grand parti. Et pour preuve, les r�sultats qu’il a obtenus en 1997 et jusqu’aux derni�res �lections de juin et octobre 2002. Donc, le sigle ne donne aucune raison � ses adversaires et � ceux qui s’en r�clament de le modifier. D’autres estiment, pour des raisons vari�es et diverses, que ce sigle appartient � tout le monde, qu’il doit �tre sauvegard�, qu’il doit aller au mus�e, qu’il doit �tre mis au cong�lateur, etc. Ces affirmations viennent souvent de personnalit�s historiques, tr�s respectables au demeurant, on peut dire que leurs d�clarations sont faites de bonne foi mais, au final, sont-elles raisonnables et justifi�es par les militants du FLN et j’e suis persuad�, personnellement, depuis longtemps et pour toujours, que toutes ces variantes qui s’�vertuent � fixer le sort du FLN ne r�sistent pas � l’examen, comme disent les juristes. Puis-je ajouter que, lors de la pr�paration de la Constitution de 1989, on a ergot� et chican� sur la place du FLN au moins dans le pr�ambule. Puis est venue la pr�paration de la Constitution de 1996 o� certains ont milit� ouvertement et harmonieusement contre l’�vocation du FLN dans le pr�ambule et contre m�me la possibilit� de sa continuit� comme formation politique. Ils n’ont pas eu gain de cause. On continue, de temps � autre, de fa�on lancinante et r�currente, � contester l’existence du FLN. Nous avons expr�s pr�vu une commission pour la c�l�bration du 50e anniversaire de la R�volution et du FLN. Et les d�tracteurs du FLN recevront, une fois de plus, la r�ponse qu’ils m�ritent. Pour clore d�finitivement cette question, il y a lieu de noter, et de se rappeler, que dans un syst�me pluraliste, la vie et l’existence d’un parti quelconque et a fortiori s’il s’agit du FLN, ne sont d�termin�es et d�cid�es que par le suffrage populaire en la forme d’�lections pluralistes et non sous la forme de r�f�rendum. Je reste toutefois partag� entre l’amusement et la peine. Lorsque ceux qui ont �t� �lus au nom du FLN, parti unique de surcro�t, � toutes fonctions et � tous les postes, de la d�putation � la pr�sidence et � la commune, et qui se rappellent soudainement que le parti est propri�t� du peuple. Que ne l’avait-il dit ou fait en 1962 et apr�s. Leur exp�rience ne milite pas en faveur de leur subite et r�cente lucidit�. Celui ou ceux qui voudront changer le sigle du FLN contre la volont� de ses militants et �lecteurs peuvent attendre encore longtemps.
Propos recueillis par Kamel Amarni

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