Actualit�s : KABYLIE
Des morts et des centaines de villages isol�s


“Si � Tizi-Ville il neige aussi abondamment, il est vraiment � craindre qu’ailleurs l’on soit compl�tement coup� du monde.” Il ne croyait pas si bien dire ce vieux Tizi-Ouz�en qui confiait n’avoir jamais vu sa ville couverte par un manteau blanc aussi �pais depuis une quarantaine d’ann�es.
Il est vrai que si depuis une dizaine d’ann�es il a neig� quatre ou cinq fois sur Tizi- Ouzou, comme ce fut le cas en mars de l’ann�e derni�re, cette fois cela a bien r�veill� les nostalgiques. Depuis mardi soir, en effet, c’est un temps � ne pas mettre un Kabyle dehors qui s�vit sur la r�gion. A Tizi-Ouzou, la ville surpeupl�e que tout le monde conna�t a �t� comme qui dirait abandonn�e. Signe qui ne trompe pas, la circulation, d’habitude infernale, a �t� tout au long de la journ�e de jeudi r�duite � sa plus simple expression. Tableau insolite : m�me les agents de l’ordre affect�s � la r�gulation de la circulation, tels ceux du carrefour Djurdjura, ont sorti les appareils photo pour immortaliser le souvenir. Le flux extr�mement r�duit de v�hicules traversant l’avenue Abane- Ramdane leur laissait un r�pit auquel ils n’ont jamais �t� habitu�s. Une telle g�n�rosit� du ciel ne pouvait malheureusement pas ne pas donner lieu � de f�cheuses cons�quences sur les populations les plus d�munies comme celles des vieux quartiers, tels que La Carri�re, qui ont d� abandonner leurs modestes demeures dans la nuit de mardi � mercredi, leurs baraques s’�tant pour la plupart effondr�es sous le poids des arbres n’ayant pu supporter la grande quantit� de neige. Ainsi, 63 familles ont �t� d�clar�es sinistr�es pour �tre recas�es dans l’�cole jouxtant la vieille cit� sur d�cision du maire. D’autres, en revanche, pensaient aux pauvres malheureux sur les sites d’accueil ouverts apr�s le tremblement de terre du 21 mai 2003.
Des morts � Ath-Yacoub, Taourirt-Abdellah et Frikat
Si � Tizi-Ouzou on arrivait � s’accommoder tant bien que mal de ces exceptionnelles conditions climatiques, ailleurs, par contre, des centaines de villages �taient mis en quarantaine depuis lundi soir. On ne comptait plus les localit�s d�pourvues d’�lectricit� et, surtout, dont les acc�s y menant totalement bouch�s. Ainsi, Ath-Yacoub, dans la commune d’Irdjen pas loin de Tizi, un de ces villages ayant v�cu dans le noir total depuis pratiquement la tomb�e des premiers flocons, a v�cu mercredi dernier, en d�but de soir�e, un drame qui a jet� l’�moi dans toute la r�gion. En effet, des sources locales corrobor�es par une voix autoris�e du chef-lieu de da�ra dont rel�ve la bourgade racontent que, mercredi vers dix-neuf heures, voyant que l’�lectricit� tardait � revenir, une cinquantaine de jeunes du village Ath- Yacoub se port�rent volontaires pour s’en aller d�blayer le terrain aux �quipes de la Sonelgaz qui allaient intervenir pour r�tablir le courant. Alors qu’ils s’affairaient � pr�parer le terrain, l’alimentation du r�seau a �t� r�tablie � partir du poste transformateur desservant toute la r�gion, sis � A�t-Frah. La d�charge �lectrique a �t� telle que trois des jeunes parmi les volontaires d’Ath- Yacoub, qui manipulaient les c�bles, sont d�c�d�s sur le coup. Ouahc�ne, Menad et Mouloud, les trois victimes, �taient respectivement �g�s de 22, 25 et 23 ans. Dans la commune des Ouadhias, au village Taourirt-Abdellah, c’est un homme d’une cinquantaine d’ann�es qui est d�c�d�, jeudi, apr�s que sa vieille maison se fut effondr�e. Un triste sort comme celui qui attendait, vingt-quatre heures plus t�t, un jeune de 27 ans, � Frikat au sud de Tizi-Ouzou, suite � l’affaissement du toit de son poulailler.
Des centaines de villages isol�s

Ainsi, dans les villages relevant de la da�ra de A�n-El- Hammam, comme � Taka, � en croire un vieux, il n’a pas neig� de la sorte depuis... 1945 ! Pourtant, dans la r�gion, la neige, on conna�t fort bien depuis toujours pratiquement. Autre exemple, Ath-Yenni. L�, le brusque changement de climat a donn� lieu � de fortes chutes de neige dans la nuit du lundi, r�duisant les habitants de l’ensemble des villages � vivre pratiquement au ralenti d’autant plus que, pour reprendre une dame de l�-bas, pas la moindre petite voiture n’a pu se frayer un passage pour descendre � Tizi-Ouzou o� exercent les populations des localit�s environnantes puisque, ici, depuis des ann�es, on bat tous les records de ch�mage. Comme si cela ne suffisait pas � leur mise � l’�cart du reste du monde, dans la nuit de mardi � mercredi, vers quatre heures, est intervenue une coupure d’�lectricit�. L’alimentation n’a �t� r�tablie que jeudi en fin d’apr�s-midi pour �tre de nouveau interrompue vendredi matin.
O� sont pass�s les chasse-neige des CNS ?
Pratiquement partout, � Larba�-Nath-Irathen , Iferhoun�ne, Bouzegu�ne, A�n- El-Hammam, c’est le m�me tableau qui s’est impos�, avec des points culminants dans certaines localit�s telle Ath-Zikki o�, selon une source locale, la neige a atteint dans certains endroits, mercredi aux environs de treize heures, les cent cinquante centim�tres. L�, selon la m�me source, les populations risquent l’isolement pour, au moins, une semaine avec tout ce que cela suppose comme d�sagr�ments dans l’approvisionnement en victuailles et autres. Ici, on n’a pas pu s’emp�cher de s’emporter contre les pouvoirs publics � qui il est reproch� de ne pas doter en permanence la commune d’un engin de d�blaiement. En effet, selon la m�me source, � chaque fois que la poudreuse est au rendez-vous, les populations d’Ath-Zikki doivent s’en remettre � la commune d’Azazga pour leur pr�ter une pelleteuse. “Pour nous r�primer, ils ne se g�nent pas pour ameuter des dizaines d’engins des CNS. Ils auraient pu s’en servir pour venir en aide aux populations isol�es.” Ainsi est le quotidien de la Kabylie, pratiquement � chaque hiver.
Azedine M.

 

TIZI-OUZOU
Six d�c�s recens�s

A l'heure o� nous mettons sous presse, nous apprenons qu’apr�s les trois d�c�s d’Ath-Yacoub, mercredi, et les deux autres recens�s respectivement � Frikat et Taourirt-Abdellah, jeudi, une autre personne est venue allonger la liste des victimes des intemp�ries de ces trois derniers jours en Kabylie. Selon des sources dignes de foi, c’est � Ath-Yahia-Moussa, au sud de Tizi-Ouzou, qu’un homme a trouv� la mort dans des circonstances en relation avec les intemp�ries de ce week-end.
A. M.

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