Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Asie centrale, le tsunami kirghiz
Par Hassane Zerrouky


Au Kirghizistan, il a suffi d’�lections l�gislatives truqu�es par le r�gime en place pour que la rue s’embrase et qu’elle chasse du pouvoir le pr�sident Askar Akaev, aujourd’hui en fuite � l’�tranger. Pour avoir m�pris� la population, dilapid� les richesses du pays, fait profiter ses proches et amis politiques, plong� le pays dans la pauvret�, le pouvoir d’Askar Akaev ne pouvait �chapper � la col�re populaire.
Le truquage des �lections l�gislatives du 13 mars, accordant la victoire � ses partisans, aura �t� la goutte d’eau qui a fait d�border le vase. Certes, la “r�volution orange” d’Ukraine, celle des “roses” en G�orgie, qui ont contraint les pouvoirs en place � quitter les lieux, ne sont pas �trang�res � l’�volution politique des pays issus de l’ex-URSS. Mais, ce que d’aucuns ont qualifi� de “r�volution des tulipes” au Kirghizistan n’est en fait qu’une r�volte des pauvres contre un r�gime corrompu. Ce pays peupl� de 5 millions d’habitants, coinc� entre de puissants voisins – la Russie, la Chine, le Kazakhstan – est le pays le plus pauvre de l’Asie centrale. Un PIB (Produit int�rieur brut) de 330 dollars par habitant, un revenu moyen mensuel de 50 dollars, une pauvret� qui touche plus de 60% de la population sont autant d’ingr�dients constitutifs de l’explosion socio-politique qui a entra�n� la chute du r�gime d’Askar Akaev et qui risque de contaminer les pays voisins. Ces derniers, comme l’Ouzb�kistan, le Turkm�nistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan, sont tous dirig�s par des r�gimes autocrates issus du d�membrement de l’ex-URSS. En Ouzb�kistan, le pr�sident Islam Karimov continue d’interdire toute opposition politique. Au Kazakhstan, suite aux �v�nements d’Ukraine, l’opposition est b�illonn�e par le pr�sident Noursoultan Nazarba�ev. Ce dernier, au pouvoir depuis 1989, compte se repr�senter en 2006 et diriger le pays jusqu’en 2013 ! Au Turkm�nistan, le pr�sident Saparmourat Nizov ne tol�re aucune opposition… Dans toutes ces r�publiques, majoritairement de confession musulmane, o� une grave crise �conomique coupl�e � une corruption g�n�ralis�e constitue le d�nominateur commun, la d�mocratisation n’est pas la tasse de th� des pouvoirs en place. Plus inqui�tant, il n’est pas s�r que le risque de d�stabilisation g�n�ralis�e qui guette l’Asie centrale accouche de r�gimes d�mocratiques. L’effet ukrainien a peu de chance de se produire dans ces pays. La prudence dont fait montre Washington — premier int�ress� par une diminution de l’influence de la Russie en Asie centrale — � l’�gard des �v�nements du Kirghizistan, montre si besoin est, que la situation est loin d’�tre si simple. Dans cette r�gion, du fait de la faiblesse politique des forces d�mocrates, la menace islamiste est r�elle. Ferghana, au sud du Kazakhstan, est d�j� une place forte des groupes islamistes. Au Turkm�nistan, ils tentent de renverser le r�gime par la violence. Il en est de m�me en Ouzb�kistan et pratiquement dans les autres r�publiques asiatiques de l’ex-URSS. Aussi est-il de l’int�r�t aussi bien de la Russie que des Etats-Unis qui disposent de bases militaires en Asie centrale de contraindre les gouvernements en place qui veulent se maintenir co�te que co�te au pouvoir � opter pour la d�mocratisation et les libert�s. Car, une chose est s�re, si les islamistes ne sont pas encore en mesure d’arriver au pouvoir par la force, ils comptent bien tirer profit de la situation qui y pr�vaut. De plus, la Chine qui a un probl�me avec sa minorit� musulmane, les Ouighours, ne tol�rera pas l’instauration de r�gimes islamistes � sa fronti�re ouest.
H. Z.

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