Au bout d’une demi-heure de route, apr�s avoir quitt� Tlemcen en direction du sud-ouest, la ville de Sebdou surgit � l’or�e de la steppe au niveau des grandes terres. Il est 11 h, mais l’air humide qui voile le pare-brise de notre v�hicule nous rappelle que nous sommes au pays de la toundra et de l’alfa.

Nous laissons Termy et Sebdou derni�re nous, pour prendre la route d’El- Gor qui nous m�ne vers notre destination, Tadjemmout. La route est bord�e d’arbres qui renaissent avec une abondante v�g�tation apr�s les derni�res pluies printani�res. Au milieu de ce d�cor sauvage, l’heure n’est pas � la contemplation de la nature. Quelques hameaux se dressent au pied des montagnes. De temps � autres, nous apercevons � peine des unit�s de l’ANP � la lisi�re de la for�t. Il fait encore froid dans ces endroits d�serts et isol�s, nous entrons enfin � Tadjemmout qui se dresse au sud de la d�partementale qui relie A�n-Tallout et Sebdou. Il y a quelques ann�es, le village de Tadjemmout fut attaqu� par les terroristes, vingt-quatre paisibles citoyens de ce douar ont �t� assassin�s dans un faux barrage en se rendant � Sidi-Bel-Abb�s. Pendant plusieurs mois, Tadjemmout est rest� un village fant�me. Huit ans plus tard, nous retrouvons � notre arriv�e une population tranquille, les gens vaquent � leurs occupations. Apr�s la trag�die qui endeuillait Tadjemmout, la pr�sence de l’arm�e soutenue par les patriotes a form� une v�ritable ceinture de s�curit� autour de ce pueblo qui a souffert le martyre. Les conditions de vie � Tadjemmout nous ram�nent � une aire primitive, la pauvret� est visible, elle est partout. Les maisons sont faites de mani�re � r�sister au froid de la steppe, l'argile rouge sur les murs et sur les toits nous fait penser � un village inca, pourtant nous sommes loin de la Cordill�re des Andes, mais � 75 km au sud-est de la capitale des Zianides. A Tadjemmout, l’agriculture et l’�levage restent les activit�s principales et surtout vivri�res, mais il n’existe aucune infrastructure ni d’autres activit�s ; presque la totalit� de la population est au ch�mage, il faut surtout saluer le courage de ces gens humbles qui affrontaient � la fois la terreur et la mis�re. L’exemple de ces enseignants qui sont rest�s sur place m�rite beaucoup de respect et de reconnaissance, car peu de gens peuvent vivre dans de pareilles conditions. Sur le plan agricole, beaucoup de terres sont rest�es abandonn�es apr�s l’exode. Sur le plan social tout reste � faire pour ces jeunes sans activit�s d’autant plus que les habitants de Tadjemmout manifestent une volont� � rester chez eux et vivre dans ces lieux qui les a vu na�tre. Les responsables de l’agriculture, de la sant� et de l’�ducation sont tous interpell�s par la mis�re des enfants de Tadjemmout. Le plan de relance �conomique doit toucher en premier lieu cette localit� que beaucoup de responsables ont ignor�e par le pass�. En prenant le chemin du retour, nous avons l’impression de revenir au bout du monde et pourtant Tadjemmout est � quelques kilom�tres de Tlemcen. Au fond de la steppe, ces gens vivent dans la pauvret�, mais surtout avec une grande dignit�, car ils esp�rent un jour voir le soleil briller sur leurs modestes demeures. Cependant, s’il vous arrive de rencontrer un habitant de Tadjemmout, parlez lui de tout sauf... de l’amnistie. M. Zenasni

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