Panorama : PARLONS-EN
Et pourquoi pas ?
Par Malika BOUSSOUF
malikaboussouf@yahoo.fr


Devant la trag�die qui a frapp� son pays, le Ra�s �gyptien, Hosni Moubarak, s�est imm�diatement d�plac� � Charm-El-Cheikh, sur les lieux des attentats o� il a aussi rendu visite aux bless�s hospitalis�s. Presque simultan�ment, un imam int�griste de 41 ans, li� � des r�seaux terroristes et pr�chant la violence au sein de mosqu�es lyonnaises, �tait expuls� de France vers l�Alg�rie. Gr�ce � une �ventuelle mesure d�amnistie, il pourrait aller, s�il le souhaitait, enrichir les r�seaux dormants pr�ts � reprendre de l�activit� d�s la premi�re sollicitation.
Comme il ne b�n�ficiait d�aucun statut de r�fugi�, la tol�rance z�ro d�cr�t�e par les autorit�s fran�aises a fait le reste. A chacun ses agitateurs. C�est de bonne guerre que l�on se d�barrasse de toute personne suspecte, au regard de la grande �motion qui s�est empar�e ces derni�res semaines de populations, notamment occidentales. Une �motion qui nous renseigne enfin sur une prise de conscience quelque peu tardive compte tenu de la gravit� de la situation g�n�r�e par le terrorisme international depuis plus d�une d�cennie d�j�. Il est tout de m�me bien regrettable que l�islamisme radical n�ait fini par �tre admis comme un ph�nom�ne dangereux que depuis le fameux 11 septembre. Un mal d�vastateur enturbann� ou en alpaga qui ne fait pas de quartier entre ses d�sormais c�l�bres promoteurs et le reste de la plan�te. Un mal qui n��pargne m�me plus les Etats qui l�ont abrit� ou qui l�abritent encore. D�s le d�but des ann�es 1990, l�Alg�rie avait aussit�t alert� ses partenaires �trangers sur une plus que probable extension du virus au reste de la plan�te. En guise de remerciement, le pays eut � subir une tr�s rigoureuse mise en quarantaine. Nous devenions infr�quentables alors que nous tentions d�sesp�r�ment d�attirer l�attention des autres sur le danger de ces �tudiants tr�s particuliers form�s et programm�s � tuer en Occident. Aujourd�hui, elle choisit par la volont� de son premier responsable de ramer � contre-courant et pourrait bien se transformer en zone de repli pour le �repos des guerriers� d�El Qa�da et autres fondamentalistes. Et ce ne sera pas l�enl�vement de nos deux diplomates qui convaincra du contraire. L�objet de cette chronique n��tant pas de remuer le couteau dans la plaie toujours b�ante de compatriotes encore frapp�s dans leur chair, nous nous limiterons � rappeler � nos dirigeants amn�siques et quelque peu inconscients que l�heure n�est ni � la r�conciliation nationale ni � l�amnistie g�n�rale, deux projets pr�tendument destin�s � ramener � la raison les irr�ductibles du GSPC et des GIA. L�ent�tement � vouloir offrir l�absolution aux criminels des groupes islamiques arm�s, en admettant qu�ils soient s�duits par l�offre all�chante d�amnistie de Bouteflika, a toutes les chances de mourir dans l��uf. A moins, bien s�r, que l�id�e de rassembler tous les id�ologues de la barbarie int�griste en territoire alg�rien n�ait �t� souffl�e par des �amis� am�ricains, par exemple, � un pr�sident toujours disponible d�s lors qu�il s�agit pour lui de �redorer le blason du pays�. Dans pareils cas, ce genre de calculs pourrait bien entra�ner le pays vers une autre catastrophe dont on ose � peine �valuer les cons�quences. L�id�e en elle-m�me pourrait para�tre saugrenue et le raisonnement absurde mais, si l�existence de paradis fiscaux est av�r�e, pourquoi n�y aurait-il pas de territoires id�aux pour les terroristes de la plan�te ? En quoi cela g�nerait-il l��quipe d�un George Bush, par exemple, d�encourager Bouteflika dans cette voie ? Si l�id�e d�velopp�e para�t inconsistante, elle n�a rien d�irrationnel. En admettant que si, qui pourrait nous expliquer pourquoi au lieu de le f�liciter et l�encourager � aller de l�avant dans sa politique de pardon, ne lui sugg�re-t-il pas de faire, au contraire, la chasse � cette vermine ? Le premier gendarme du monde montrant trop de complaisance � l��gard du pouvoir alg�rien, cela ne peut en aucun cas �tre gratuit. L�Europe et les Etats-Unis n�ont-ils pas servi de refuges � ceux qu�ils d�signent aujourd�hui comme leurs ennemis jur�s ? O� ont �t� form�s puis format�s les chefs d�El Qa�da et autres pourfendeurs du monde impie avant d��tre arm�s et l�ch�s dans la nature comme un poison violent ? Apr�s avoir test� leur degr� d�entra�nement et de nuisance contre les Sovi�tiques, la CIA leur a confi� la garde de l�Afghanistan avant de s�en aller �d�mocratiser� l�Irak. Cela aussi est un fait av�r� comme cet autre qui voudrait que les dirigeants alg�riens pourraient tr�s bien avoir accept� de se mettre au service de puissances occidentales pour les aider � soigner les d�g�ts caus�s par la diffusion de ce virus dans l�air que nous respirons � notre corps d�fendant ou � d�faut � mesurer un peu plus froidement l��chec de leur strat�gie r�demptrice. Pourquoi cette th�se ne serait-elle pas envisageable ? Le pouvoir alg�rien a toujours accus� l��tranger d��tre la cause de tous les maux du pays et ceux qui d�fendaient des points de vue diff�rents �taient syst�matiquement tax�s d��tre � la solde de ce m�me �tranger. On a ainsi conditionn� les gouvern�s que nous sommes � penser que tout ce qui nous arrivait de f�cheux �tait l��uvre d�officines ext�rieures. Et si, pour une fois, on jouait � faire pareil, � d�velopper les m�mes arguments, histoire de leur rendre la monnaie de leur pi�ce et de r�pondre en partie � nos interrogations ? Pourquoi le projet d�amnistie g�n�rale ne serait-il pas une invention d�officines �trang�res ? On pourrait tr�s bien supposer que ces derni�res sp�cialis�es entre autres dans la manipulation de r�gimes fragiles et instables comme le n�tre auraient trouv� l�id�e d�un pays d�potoir fort int�ressante. R�publique banani�re pour r�publique banani�re pourquoi ne pas en faire une terre d�accueil, une sorte de r�serve sp�cialis�e dans le contr�le du monstre int�griste ou pour y �tudier toutes les formes de mutation dont il pourrait �tre l�objet ? Il n�existe apr�s tout plus de profil type du terroriste puisque aujourd�hui les sp�cialistes de la question essaient de raisonner sur des crit�res radicalement contest�s par ceux qui se font exploser. On pourra toujours affirmer que l�hypoth�se d�une terre d�asile est tir�e par les cheveux ou quelque peu farfelue. Rien n�interdira pourtant, en l�absence d��l�ments plus convaincants, d�aborder la r�conciliation nationale et l�amnistie g�n�rale sous l�angle d�une possible conspiration. En tentant d�apprivoiser le terrorisme, avant, bien s�r, que les choses ne se g�tent, ne lui a-t-on pas, au contraire, permis de se d�velopper en toute qui�tude ? Rappelons-nous que feu le roi Hassan ll du Maroc s��tait r�joui du fait que l�Alg�rie puisse servir de laboratoire en mati�re de terrorisme. Si un complot contre l�Alg�rie avait �t� mont� par des puissances �trang�res, cela justifierait et expliquerait mieux alors notre mise en quarantaine. Pourquoi, d�s lors, un pays qui aurait �t� mis dans des conditions de danger extr�me comme pour tester ses capacit�s � r�sister au pire ne servirait- il pas de nouveau de terrain exp�rimental ? L�objectif serait qu�il attire chez lui quelques groupuscules en vadrouille ici ou l� susceptibles de conduire � des pistes sinon s�rieuses du moins int�ressantes dans le sens o� les monstres parqu�s pourraient �tre discr�tement tenus � l��il et pourquoi pas retourn�s � la premi�re occasion contre une n�buleuse comme El Qa�da � laquelle se r�f�re tout nouvel illumin� actuel. Apr�s tout, les maquis alg�riens n�ont pas abrit� que des terroristes locaux. L�enjeu doit �tre important sinon on ne s�expliquerait pas pourquoi Bouteflika s�accroche � ce projet avec tellement d�insistance que cela en devient suspect. Belmokhtar dit �le borgne� r�gne sans partage sur le sud du pays. Abderrezak El Para demeure invisible � son proc�s alors qu�il aurait �t� extrad� vers l�Alg�rie. La r�flexion propos�e pr�c�demment pouvant autant relever de la fiction qu��tre s�rieuse, elle ne d�douanera pas pour autant un chef de l�Etat qui persiste � ne vouloir ramer qu�� contre-courant. Qui de Bouteflika qui annonce un r�f�rendum pour bient�t sans en dire plus ou de son Premier ministre qui d�clare accorder un ch�que en blanc � son pr�sident a �t� mis dans la confidence et par qui ? Aurait-on gliss�, en ces temps d�incertitude, du ��qui-tue-qui ?�� vers un �qui-prot�ge-qui et pourquoi ?��. Ceci expliquerait enfin cela.
M. B.

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