Magta� Kheira, La Mecque de la dinde, fait la sourde oreille aux recommandations du minist�re de l�Agriculture. La volaille s�y vend toujours sans aucune garantie. Vendeurs et �leveurs n�ont pas la chair de poule � l��vocation de la grippe aviaire. Hasard du calendrier ou tardive prise de conscience, l�APC de Douaouda vient d�ouvrir �un march� communal r�serv� � cette activit�. Ce terme pompeux d�signe un espace de 200 m�tres carr�s o� doivent s�entasser 90 vendeurs et o� le v�t�rinaire est inexistant�
Depuis quatre jours seulement, les vendeurs qui �gorgeaient, plumaient et
vendaient de la dinde aux abords de la route occupent l�espace qui leur a
�t� attribu� par l�APC. S�ils sont fiers d�avoir abandonn� les f�ts crasseux
dans lesquels ils op�raient, ils ont tr�s peu chang� leurs habitudes. Ils
sont toujours dans l�incapacit� de fournir des certificats de conformit�
d�ment sign�s par un v�t�rinaire. Comment font-ils pour s�assurer de la
bonne sant� de leur marchandise ? Ils se fient aux dires des �leveurs qui
attestent que la grippe aviaire est un lointain danger. Les explications les
plus fantaisistes sont donn�es. Un vendeur est m�me persuad� que gr�ce � la
protection divine, les pays musulmans sont �pargn�s. C�est dire que Magta�
Kheira est imperm�able � la psychose qui s�empare de la plan�te. Dans leur
�march� nouvellement ouvert, ils semblent avoir d�autres pr�occupations.
Ils s�indignent des frais engendr�s par la cr�ation du march�. Ils payent en
effet 1000 DA mensuellement au titre des droits de place et 50 DA pour
chaque volaille �gorg�e pour une prestation de services qui laisse �
d�sirer. Trois vendeurs se partagent en effet une paillasse de quelques
m�tres. Ils y �exposent� fi�rement des dindes plus grosses les unes que les
autres. Fra�chement sorties de l�abattoir, elles sont d�coup�es pour �tre
vendues au kilo. Les prix des abats, des cuisses ou de l�escalope diff�rent.
Ils d�marrent � 190 DA et ne risquent pas d��tre revus � la baisse.
Une fili�re toujours rentable
Aussi surprenant que cela puisse para�tre, l�activit� reste lucrative. Les
rumeurs insistantes sur les �ventuelles risques ont eu un effet d�sastreux
sur les �leveurs. Beaucoup d�entre eux songent � abandonner l�activit�.
Certains sont dans une position de wait and see. Apr�s avoir vendu les
volailles qui �taient en leur possession, ils pr�f�rent patienter avant de
se relancer dans une fili�re qu�ils connaissent pourtant bien. R�sultat : il
est de plus en plus difficile de s�approvisionner. Un �leveur pr�dit m�me
que les tarifs vont conna�tre une hausse jamais �gal�e. �Je suis certain que
le prix pourra m�me atteindre 300 DA le kilogramme.� Des propos appuy�s par
un vendeur. Ce dernier affirme que pour trouver quatre dindes, il a d� faire
plusieurs kilom�tres. A ce rythme, dit-il, il faudra beaucoup d�bourser pour
continuer � exercer. Une situation qui inqui�te les vendeurs, nostalgiques
du temps o� ils �taient certes pourchass�s par les gendarmes mais o� �la
dinde se vendait comme des petits pains�. Ils s�estiment n�anmoins plus
chanceux que les �leveurs de poulet qui ont �t� contraints de le c�der � 60
DA le kilogramme, des ventes � perte qui en ont ruin� plus d�un. Au nouveau
march� de Douaouda, on ne parle pas de faillite. Les vendeurs sont persuad�s
que les clients sauront faire la diff�rence entre info et intox et ils n�ont
pas tort�
Des clients peu regardants
Hier, si le march� ne connaissait pas l�influence des grands jours,
l�endroit n��tait pas non plus d�sert. Attir�s par la r�putation des lieux,
des clients potentiels franchissent le seuil du march�. A peine entr�s, ils
sont interpell�s par les jeunes vendeurs qui louent les vertus de la
marchandise. Leur argument principal : la volaille est abattue sur place.
L'argumentation ne laisse pas insensible. Des m�nages et des restaurateurs
font le d�placement et repartent rarement les mains vides. Ils palpent,
sentent, n�gocient puis finissent par payer. La grippe aviaire, qu�en
pensent-ils ? A l��vocation de la pand�mie qui menace la plan�te, certains
grimacent, d�autres sourient. Evidemment qu�ils en ont entendu parler.
Evidemment que s�ils sont l�, c�est qu�ils n�y croient pas beaucoup.
Fatalistes, ils pensent qu�il ne leur arrivera que �ce qui est �crit�.
D�ailleurs, argumentent-ils, rien ne r�siste � la chaleur et puis une chair
aussi fra�che ne peut �tre atteinte. C�est � croire que les campagnes
d�information et de sensibilisation ont trouv� tr�s peu de r�pondant aussi
bien chez le consommateur que chez certains �leveurs. C�est le cas d�un
jeune ouvrier rencontr� dans un poulailler � El Alia et qui continue de
travailler sans prendre de pr�cautions particuli�res. La grippe aviaire, il
ne l�appr�hende pas. Il ignore peut-�tre que l�Afrique tremble � l�id�e de
voir le virus se propager.
Nawal Im�s
Cas suspects � B�char
Les services v�t�rinaires de B�char ont connu un v�ritable branle-bas de
combat cette semaine. Deux poules pr�sentant des signes suspects ressemblant
� ceux de la grippe aviaire sont mortes subitement dans un poulailler priv�,
provoquant la panique. Les deux volatiles ont �t� bien conserv�s et
achemin�s dans le plus grand secret � bord d�un v�hicule vers le laboratoire
de Tlemcen (600 km au nord de B�char) pour des analyses. Cela fait plus de
cinq jours que les autorit�s attendent les r�sultats de ces analyses, en
vain. A noter qu�aucune mesure particuli�re n�a �t� annonc�e. C�est la
�discr�tion� totale.
Li�s Mourad