L�histoire du Soudanais Sami al- Hajj, 36 ans, journaliste � Al-Jazira, d�tenu � Guantanamo, est r�v�latrice du sort des personnes emprisonn�es dans cette base militaire am�ricaine. En octobre 2001, il s��tait rendu � Kandahar pour couvrir la guerre contre le r�gime des taliban. Arr�t� par ces derniers, avant que la ville ne tombe aux mains des forces am�ricaines, il est expuls� vers le Pakistan.
Qu�� cela ne tienne, le journaliste soudanais d�cide de revenir en Afghanistan en d�cembre 2001 pour couvrir l�investiture du pr�sident Hamid Karza�. Et c�est � la fronti�re pakistanaise qu�il est interpell� par la police et remis aux forces am�ricaines. Pour lui, c�est le d�but d�un calvaire qui dure encore aujourd�hui. Sami al-Hajj est d�abord incarc�r� � la base militaire de Bagram en Afghanistan. Priv� de nourriture, abus� sexuellement, tortur� � on lui a arrach� un � un les cheveux et les poils de la barbe � mordu par des chiens, enferm� dans une cage, il avoue � son avocat, l�Am�ricain Clive Stafford-Smith, avoir �v�cu les pires moments de sa vie�. Apr�s 100 jours de d�tention, il est transf�r�, encha�n� et b�illonn�, un sac sur la t�te, � Guantanamo. Priv� de sommeil, battu, frapp� � la t�te et sur la plante des pieds, le tout sur fond de brimades racistes � il est noir � il est intern� dans le camp V, class� au niveau 4, o� sont enferm�s ceux qui sont consid�r�s par Washington comme �combattants ennemis�. �Pendant plus de trois ans, explique-t-il � son avocat, la plupart de mes interrogatoires avaient pour but de me faire dire qu�il existe une relation entre Al-Jazira et la Qa�da�. Et le quotidien de gauche britannique Le Guardian r�v�le qu�il reste incarc�r� � Guantanamo pour avoir refus� d�espionner Al-Jazira contre la libert� et un passeport am�ricain. C�est dans cette prison o�, selon des ONG am�ricaines, plus de 80% des d�tenus n�ont jamais �t� des combattants de la Qa�da � certains ont �t� livr�s aux Marines contre des milliers de dollars par les seigneurs de guerre afghans � qu�il a �t� t�moin de la profanation du Coran. Dans son �dition dat�e du 9 mai 2005, l�hebdomadaire am�ricain Newsweek,relatant les mauvais traitements � l�endroit des d�tenus de Guantanamo, publiait plusieurs t�moignages av�r�s sur la profanation du Coran par des soldates et soldats am�ricains afin de faire parler ces prisonniers. Suite aux manifestations provoqu�es par ces r�v�lations en Afghanistan et au Pakistan, et sur pressions de la Maison-Blanche, Newsweek �tait contraint de se r�tracter et de retirer piteusement son article. A cette �poque, hormis ces manifestations de col�re, on n�a pas assist� � la m�me lev�e de boucliers que celle provoqu�e dans le monde arabe et musulman par les caricatures publi�es par un petit journal conservateur danois. Pas un seul gouvernement arabe n�avait d�nonc� publiquement un tel acte. Pas un seul de ces mouvements islamistes n�avait appel� � manifester publiquement et � exiger le boycott des produits am�ricains et �la rupture des relations diplomatiques� avec Washington. Pas un seul n�avait exig� que les Etats-Unis fassent des �excuses publiques�. Or, contrairement au Danemark, dans ce cas de profanation du Livre Saint, c�est une institution, l�arm�e am�ricaine, donc l�Etat am�ricain, qui �tait impliqu�e et non un journal local. Et malgr� cette affaire de Coran profan�, les dirigeants am�ricains continuaient d��tre re�us avec tous les �gards dans le monde arabe et musulman, � la seule exception de la Syrie et de l�Iran, pays consid�r�s comme faisant partie de �l�axe du mal� et avec lesquels Washington n�entretient aucune relation. Moralit� : le Danemark est un petit pays de 5 millions d�habitants, les USA sont la premi�re puissance du monde.
H. Z.

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