Actualit�s : CIN�MA
Alger au centre du festival �Rennes M�tropole�
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed


Du 4 au 14 mars, la ville fran�aise de Rennes (en Bretagne) donnera � voir Alger � travers une r�trospective de son cin�ma, son �volution, mais pas seulement. Rennes vivra aussi, durant ces dix jours, l�Alg�rie par sa musique, par des ateliers d��ducation par l�image, par des expositions diverses, par des d�bats sur ce qu�a v�cu notre pays et les r�sistances � l�horreur (� la colonisation, au terrorisme, � l��touffement l�galis� de la femme), ce qu�il continue de vivre aussi.

Rennes r�unira ceux qui ont marqu� le cin�ma alg�rien, ceux qui l�ont fait �voluer et leur rendra hommage. Un programme extr�mement riche qu�a pr�sent� � la presse, vendredi � Rennes, l��quipe d�animation et de coordination de ce festival. Chaque ann�e, ce festival travelling qui en est � sa 17�me �dition c�l�bre une ville du monde � travers son cin�ma. Si les projecteurs sont mis cette ann�e sur Alger, apr�s avoir les ann�es pr�c�dentes mis en lumi�re T�h�ran, puis Marseille et Helsinki l�ann�e derni�re, c�est parce que, expliquent ses organisateurs, �ce choix s�articule avec une pr�sence directe ou indirecte tr�s forte de l�Alg�rie avec l�actualit�. Cette proximit� et celle avec l�Hexagone suscitent le d�sir de red�couvrir une histoire complexe et de s�immerger dans la r�alit� quotidienne, deux th�mes fortement ancr�s dans le cin�ma alg�rien�. Impossible de rendre compte de la diversit� et de la multitude d��uvres � l�affiche et d�auteurs qui seront l� pour d�battre de leurs cr�ations, il nous suffit de dire que ce voyage dans notre pays par le cin�ma, le n�tre ou celui de l�autre sur l�Alg�rie, est pr�sent dans cette �dition. La section Cit� Cin� Alger mettra la ville d��Alger sous les feux de la rampe�. L��vocation commence d�abord par une vision occidentale de la ville, par la projection des fr�res Lumi�res et Pepe le Mokode Julien Duvivier (1937). La v�ritable naissance du cin�ma alg�rien et le lieu de r�sistance qu�a constitu� alors Alger �lieu de construction de l�identit� nationale� seront illustr�s par un certain nombre de films du genre chronique sociale. On y verra entre autres Tahia ya Didou de Zinet ; Omar Gatlatou de Allouache� Un hommage particulier sera rendu � Allouache dont en reverra Salut Cousin, Bab El Oued City et l�Autre monde. Autre temps fort : �C��tait la guerre�. Cette section donnera naturellement � voir la naissance d�un cin�ma alg�rien (fiction et documentaires) enfant� pour lutter contre l�occupation. De nombreuses �uvres sur cette occupation, produites par des Alg�riens mais aussi de ce c�t�-ci (m�me s�il y en a eu tr�s peu) seront projet�es dans cette section. Ainsi, nous pourrions revoir ou voir, pour ceux qui ne l�ont pas encore fait, Sakiet Sidi Youcef de Pierre Cl�ment et Ren� Vautier. La guerre sans nom de Bertrand Tavernier, ou encore la Question de Laurent Heyneman en passant par Nuit noire 17 octobre 1961 d�Alain Tasma. Lakhdar Hamina et Ren� Vautier seront mis � l�honneur dans cette section, qui leur rendra hommage par la projection du Vent des Aur�s, Hassen Terro, Chronique des ann�es de braise et D�cembre, pour Hamina. Pour Ren� Vautier, Un peuple en marche (1963), les Ajoncs (1969), Avoir 20 ans dans les Aur�s (1971) et Les trois cousins (1969). Un troisi�me cin�aste sera aussi r�compens� pour son r�le d�acteur au cin�ma et au th��tre et sa reconversion r�ussie dans l��criture de sc�narios et la r�alisation. Seront projet�s, entre autres films de Mohamed Chouikh, puisque c�est de lui qu�il s�agit, Youcef ou la l�gende du 7�me dormant, Le douar des femmes (2005). Le 8 mars correspondant � la Journ�e internationale de la femme, les organisateurs ont consacr� une section au �Cin�ma au f�minin�. Des r�alisateurs, expliquent les organisateurs, ont mis tr�s t�t en sc�ne (d�buts des ann�es 70) des femmes ind�pendantes, r�clamant les m�mes droits ou refusant le diktat des hommes�. Une lumi�re sera projet�e sur ces combats avec notamment Elles r�alis� en 1966 par Ahmed Lallem, Rachida que Yamina Chouikh a r�alis� en 2002, Yamina Benguigui et tous ses documentaires qui rendent hommage � l�Alg�rienne �migr�e d�hier et d�aujourd�hui. De son c�t�, notre cons�ur de Beur FM, Samia Messaoudi, animera un d�bat sur le code de la famille. Le cin�ma alg�rien vit-il son printemps ? C�est la derni�re section consacr�e � notre cin�ma. Par le contenu des films qu�ils consacrent � cette section, les organisateurs r�pondent oui et pour illustrer le fr�missement d�un renouveau du 7�me art alg�rien, ils donnent carte blanche aux rencontres cin�matographiques de B�ja�a qui, �au pays de la parabole, donnent go�t des salles obscures�. Des �uvres de Amar Bouras d�une part et de Malek Bensma�n d�autre part seront convoqu�es pour illustrer ce printemps et ce renouveau. Alg�rie Plurielle, une section qui diffusera des �uvres d�auteurs alg�riens vivant en France ou des cin�astes d�origine pied-noir et europ�enne nous permettra de revisiter Alg�rie mes fant�mes de Jean-Pierre Lledo ou encore Ali au pays des mirages de Ali Rachedi. Ce ne sont l� que quelques aspects de ce festival qui en comporte beaucoup et qui feront sans aucun doute le d�lice des cin�astes mais aussi des curieux de l�Alg�rie, de sa culture et de ses combats.
K. B.-A.

 

La friperie a remplac� la po�sie

La conf�rence de presse de pr�sentation du programme du 17�me festival de cin�ma de Rennes M�tropole a �t� ouverte par la projection en avant-premi�re d�un documentaire intitul� L�Alg�rie, son cin�ma et moi. R�alis� tr�s r�cemment (2006) par Larbi Benchiha (un journaliste alg�rien de France 3 Ouest, vivant � Rennes), le documentaire est d�une justesse de ton r�jouissante. En 52�, l�auteur, qui a fait le d�placement � Alger, apr�s dix ans d�absence, raconte ce retour dans son village, Sidi- Dahou, un ancien camp d�internement pr�s de Sidi-Bel-Abb�s. Qu�est devenu ce camp d�enfermement des Alg�riens ? Il s�y prom�ne et fait parler sa famille, ses anciens camarades de classe. Tr�s sobrement, sans discours inutiles et en ayant recours aux images d�archives juxtapos�es aux images actuelles prises par l�auteur, il sugg�re l�absurdit� de ce qui a �t� scandaleusement appel� ici �les bienfaits de la colonisation� pour montrer la mis�re dans laquelle �taient confin�s �les indig�nes�. Mais l� n�est pas le seul pr�texte au film. Cet auteur passionn� de cin�ma fait ce retour dans son village et � Alger, pour interroger ses acteurs et voir comment cet art et les autres formes d�expression ont �volu� dans ce pays. Et le constat est amer : des salles de cin�ma dans un �tat d�plorable, des fauteuils �ventr�s, dans le meilleur des cas, et, dans le pire, des exploitants qui n�utilisent plus que les cassettes vid�o (plus rentables, le 35 mm �tant trop cher), des bobines archiv�es (lorsqu�elles le sont) dans des conditions lamentables, des jeunes interrog�s par l�auteur sur le dernier film qu�ils ont vu au cin�ma et qui semblent n�avoir jamais mis les pieds dans une salle de cin� et qui parlent de leur dernier film TV et, enfin, pour couronner le tout �la friperie qui a supplant� la po�sie� des conteurs et autres saltimbanques qui animaient alors les places de certaines villes. Il en va du cin�ma comme de tout le reste. Mais, malgr� tout, nous dira l�auteur, l�Alg�rie revit et l�espoir est l�, loin des clich�s v�hicul�s ici. J�ai eu, dit-il, un plaisir fou � travailler � Alger, avec des �quipes techniques alg�riennes pour la premi�re fois et sans escorte militaire et c��tait fantastique.
K. B.-A.





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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/02/19/article.php?sid=34617&cid=2