Actualit�s : VIANDE HALLAL
IRLANDE, FRANCE, ALLEMAGNE, BELGIQUE,... PAYS MUSULMANS
Faux hallal : l�Alg�rie concern�e ?
Par Amine Marouane Boulanouar


Qu�est-ce qui prouve que les viandes d�importation mises en vente sur le march� alg�rien sont saines ? Ce sont les nombreux documents exig�s par les services v�t�rinaires alg�riens aux importateurs publics et priv�s, mais surtout le fait et l�assurance que ces certificats (sanitaires, microbiologiques, analyses,�) sont d�livr�s sous le sceau de l�officiel par des institutions ou organismes officiels.

En d�autres termes, lorsque nous consommons une viande, au plan sanitaire c�est la responsabilit� des services officiels du pays exportateur qui est engag�e en m�me temps que celle du pays importateur. Qu�en est-il du hallal ? Ou bien qu�est-ce qui prouve que les viandes d�importation mises en vente sur le march� alg�rien sont hallal ou licites � la consommation ? Un seul document : le certificat de viande hallal, objet de tant de convoitises. Dans toute l�Europe, il n�existe pas un organisme, une institution officielle ou habilit�e � fournir un tel certificat. Aucune r�glementation, aucun d�cret, aucune loi n�autorise les pouvoirs publics � s�immiscer dans le domaine religieux. Cette restriction oblige l�importateur (soci�t� ou pays) � faire appel plut�t � acheter des services d�un certificateur. Celui-ci peut �tre une association culturelle, cultuelle, une soci�t�, c�est-�-dire tout un chacun qui s�investit contr�leur de viande hallal. Le cr�neau est porteur et rapporte des sommes consid�rables. Une mine d�or ; une manne c�leste selon certains. Un statut, une estampille, des �certificats, de viande hallal, et le tour est jou�. Fraude, tromperie, escroquerie, qu�importe. C�est donc ce �certificat� qui pose probl�me. S�agit-il de vrais ? Ou de faux-vrais certificats hallal comme il en existe � la pelle dans les abattoirs europ�ens et particuli�rement dans les pays exportateurs en direction de l�Alg�rie. La question reste pos�e d�autant plus que nul n�est � l�abri d�un abus de confiance. Les propos de M. Rachid Bouguedour, directeur des services v�t�rinaires au minist�re de l�Agriculture, ainsi que les investigations permettent d�affirmer que l�Alg�rie � en Alg�rie � s�est pr�munie contre la fraude. Mais, � l��tranger � c�est-�-dire l� o� sont d�livr�s ces �certificats� � cela ne rel�ve pas des comp�tences et des pr�rogatives de ces services v�t�rinaires lesquels jouissent d�une couverture en ce certificat dont la v�racit� ou l�authenticit� est douteuse, rien ne prouve qu�effectivement l��metteur de ce �certificat� �tait pr�sent physiquement lors de l�abattage rituel. Le sacrificateur ? Il n�est pas neutre, puisqu�il est employ� de l�abattoir auquel il est oblig� de se soumettre sous peine de licenciement, puisqu�il est juge et partie� �90% des viandes import�es d�Europe ne sont pas hallal�, confie, sous le sceau de la confidentialit�, un importateur qui poursuit ainsi : �C�est la seule fois que je vous permets d�assister � l�abattage, m�a d�clar� mon fournisseur allemand�� Certains estiment que la responsabilit� du contr�le incombe aux mosqu�es. Mais que pensent-elles sans moyens, lorsque elles-m�mes d�l�guent leur certification � des contr�leurs qui profitent de l�occasion inou�e d�user de la r�putation, du logo de telle ou telle mosqu�e. Ne sont-elles pas abus�es par ces �contr�leurs� ? L�un d�eux affirmait r�cemment � un entrepreneur en viandes : �Il faut vite bouger, l�Alg�rie a besoin de 40 000 tonnes de viandes. Il y a du business � faire l�-bas.� C�est d�j� tout dire en ce qui concerne les motivations de ces individus� (A suivre)
* Lire �ditions des 18, 19 et 21 f�vrier

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M. RACHID BOUGUEDOUR, DIRECTEUR DES SERVICES VETERINAIRES
�Nous sommes vigilants et rigoureux�

Clairs, nets et pr�cis. Les propos de M. Bouguedour, directeur des services v�t�rinaires, permettent de constater que l�Alg�rie a pris toutes les dispositions n�cessaires pour que les viandes d�importation soient de qualit� et provenant de b�tes abattues selon le rite musulman dit hallal. Un certificat de viande hallal accompagne la marchandise import�e. Mais sachant que l�abattage rituel religieux n�est pas du ressort des autorit�s europ�ennes et sachant �galement que des individus sans scrupules se sont autoproclam�s contr�leurs de viande hallal, usant de la fraude, de l�escroquerie et de la tromperie pour s�enrichir, l�on ne peut que se demander si nos importateurs publics et priv�s ne sont pas les premiers abus�s. Le contr�le de l�abattage rituel au niveau des abattoirs europ�ens n��tant du ressort ni des autorit�s locales ou alg�riennes, c�est pr�cis�ment � ce niveau que les fili�res, les r�seaux et les connexions du faux hallal agissent. Volet sanitaire, les services v�t�rinaires alg�riens ont mis en �uvre un syst�me de protection quasi impossible � violer : certificat de contr�le de dioxine, certificat sanitaire, certificat d�analyses microbiologiques, etc. Sans omettre de signaler l�existence de coordination avec les services officiels v�t�rinaires du pays exportateur. Toutes ces dispositions concernent l�aspect sanitaire pour lequel l�Alg�rie est �blind�e�.

Le Soir d�Alg�rie : Pouvez-vous nous pr�ciser d�o� l�Alg�rie importe les viandes ovine et bovine ainsi que les produits �labor�s ?
Rachid Bouguedour :
De tradition, l�Alg�rie importe les viandes dans l��crasante majorit� � partir des pays d�Am�rique du Sud (Argentine, Br�sil, Uruguay) et de Nouvelle-Z�lande. Depuis plus d�un an, le march� europ�en a �t� rouvert apr�s sa fermeture � la suite de la crise de la vache folle. Pour l�instant et dans l�ordre d�croissant, l�Alg�rie, par le biais de ses importateurs publics et priv�s, importe des viandes d�Allemagne, d�Irlande et de France. Dans l�avenir, d�autres pays tels que l�Italie et l�Espagne seront concern�s par des importations. En 2005, l�Alg�rie a import� 96 000 tonnes de viandes dont 3700 tonnes d�Europe, ce qui repr�sente moins de 5% des importations.
L. S. : Ces importations font-elles l�objet d�un contr�le ?
R. B. :
Toutes les importations de viandes, quel que soit le type de viandes, passent obligatoirement par notre contr�le. Il faut savoir que s�il s�agit d�une mati�re crue, fra�che ou vivante, elle est soumise � la d�rogation sanitaire � l�importation. Cette d�rogation est un pr�alable � l�importation. S�il s�agit d�un produit transform�, il fait l�objet d�un contr�le � l�arriv�e avec un dossier sanitaire � fournir selon les termes de la loi.
L. S. : Quelles sont les dispositions prises pour v�rifier si l�abattage est hallal ?
R. B. :
Pour ce qui concerne les viandes hallal, le dossier est trait� � l�arriv�e de la marchandise. Il faut cependant savoir que les services officiels du pays d�importation nous informent de l�existence de l�abattage hallal, des institutions qui le certifient. Des exemplaires de proforma de certificats hallal sont adress�s � nos services pour qu�ils puissent contr�ler aux postes fronti�res.
L. S. : Mais les certificats de viande hallal sont �tablis par des associations ou des groupuscules d�associations qui ne sont pas concern�s par la r�glementation. En Hollande, en Belgique, en Europe en g�n�ral, des certificats sont �tablis par des associations qui n�ont aucun lien, aucun contact avec les autorit�s locales�
R. B. :
Tout � fait. De toutes les mani�res, pour ce qui est du hallal, je r�p�te qu�il faut distinguer le sanitaire du hallal. Les certificats sanitaires sont n�goci�s par nos services. Pour ce qui est du hallal, il est fait obligation � ceux qui vendent des viandes � l�Alg�rie d�avoir une certification hallal et un abattage rituel respect�.
L. S. : Par exemple, pour ce qui concerne les viandes en provenance de France ?
R. B. :
En ce qui concerne la France, la Mosqu�e de Paris a �t� officiellement d�sign�e pour certifier les viandes hallal en direction de l�Alg�rie.
L S. : Est-ce que vos services effectuent eux-m�mes des d�placements en direction des pays d�importation pour v�rifier s�il s�agit effectivement d�abattage rituel hallal ?
R. B. :
Nous n�avons pas cette mission, ni cette vocation.
L. S. : A quelles conditions doit souscrire un importateur pour importer des viandes ?
R. B. :
L�importateur doit avoir un registre de commerce, un lieu agr�� par nos services en mati�re sanitaire et de stockage en froid.
L. S. : Selon le recteur de la mosqu�e de Lyon, des certificats dits de viande hallal sont d�livr�s au port d�Alger au m�pris de la r�glementation�
R. B. :
Cela est impossible du fait que le certificat de viande hallal accompagne les documents sanitaires dans un pli-cartable lequel est classiquement transmis par les autorit�s qui l�exp�dient. Il est impossible d�avoir des certificats hallal d�livr�s de mani�re occulte au niveau du port. Cela ne tient pas la route.
L. S. : Avez-vous d�j� observ� ou sanctionn� des cas de viande dite hallal alors qu�elle ne l��tait pas ?
R. B. :
Depuis la r�ouverture du march� europ�en et � l�heure actuelle, nous n�avons observ� ou sanctionn� aucun cas.
L. S. : Qu�en est-il des autres march�s ?
R. B. :
Cela se passe tr�s bien puisque les organismes certificateurs dans les pays d�Am�rique du Sud sont tr�s peu nombreux. Ils sont agr��s par les services officiels.
L. S. : Pensez-vous que l�Alg�rie soit � l�abri d�un trafic en mati�re de viande dite hallal, d�un abus de confiance ?
R. B. :
Nul ne peut �tre � l�abri d�un trafic ou d�un abus de confiance et ce dans n�importe quel domaine. Dans cette perspective, nous sommes vigilants et rigoureux.
Propos recueillis par A. M. B.

M. KAMEL KABTANE (RECTEUR DE LA MOSQUEE DE LYON)
�Tout et n�importe quoi�

L�homme est connu et par son franc-parler et par le m�ticuleux choix auquel il proc�de pour s�entourer de collaborateurs tant rigoureux qu�int�gres. On n�entre pas � la mosqu�e de Lyon comme dans un moulin... Pour �viter d��tre �clabouss� par des affaires scabreuses, lui et ses collaborateurs avaient d�cid� de cr�er une association de contr�le de la viande hallal (c�est la seule mosqu�e � l�avoir fait et on peut se demander pourquoi les autres mosqu�es n�ont pas agi de la sorte) qui attribue le label hallal au sein m�me des abattoirs sans recourir aux sacrificateurs (dont la mission ne consiste pas � agr�er la viande hallal) ou � d�autres interm�diaires qui ont trouv� l� le filon pour s�en mettre plein les poches. En contrepartie du contr�le, l�association b�n�ficie d�une taxe vers�e dans son compte bancaire. Tout est fait dans la transparence.

Le Soir d�Alg�rie : Quel constat �tablissez-vous en ce qui concerne le march� de la viande dite hallal ?
Kamel Kabtane :
Il est vrai que le march� de la viande hallal repr�sente un potentiel �conomique important, il est en constante �volution. Les industriels de l�agroalimentaire l�ont compris depuis fort longtemps. Nous assistons depuis une dizaine d�ann�es � un d�veloppement important de ce march�. Il est vrai que le consommateur musulman consomme pr�s de 147 kg de viande par an, alors que le consommateur autre, consomme trois fois moins. Cette situation a amen� bon nombre d�industriels � se diversifier pour conqu�rir des parts de march� dans le hallal. Pour conqu�rir ce march�, les professionnels de la viande ont d� recourir � de nombreux subterfuges pour attirer le consommateur musulman. Il est vrai aussi que si le musulman est un grand consommateur, il n�est pas si exigeant qu�il devrait l��tre ; sa seule pr�occupation, est le prix. A partir de ce postulat, les professionnels de la viande s�ing�nient � fournir le produit le moins cher et g�n�ralement ils ne s�embarrassent pas de principes religieux. Cependant, il ne faut pas g�n�raliser, il y a des professionnels qui essaient de faire leur m�tier le plus honn�tement, mais ils subissent une concurrence effr�n�e de la part des professionnels qui ne jouent pas le jeu.
L. S. A. : Comment la mosqu�e de Lyon g�re-t-elle le dossier de la viande hallal ?
K. K. :
La mosqu�e de Lyon par l�interm�diaire de l�association rituelle de la Grande Mosqu�e de Lyon a �t� autoris�e avec les mosqu�es de Paris et d�Evry, par un arr�t� interminist�riel d�agr�er les sacrificateurs qui exercent leurs activit�s dans les abattoirs. Parall�lement � ces agr�ments, la mosqu�e de Lyon a �dict� une charte de la viande hallal. Dans cette charte, elle a d�velopp� les conditions que doivent satisfaire les abattoirs pour la production de la viande hallal. A partir de l� avec les abattoirs qui lui ont fait appel, elle a sign� des conventions de partenariat, dans lesquelles les abattoirs s�engagent � respecter cette charte sous le contr�le du personnel de la Grande Mosqu�e de Lyon. Chaque fois qu�une convention est sign�e, un contr�leur salari� de l�ARGML est nomm� aupr�s de cette soci�t�, pour suivre l�application du rituel dans son int�gralit�. Ce qui veut dire que nous ne sous-traitons pas cette responsabilit� � d�autres, car nous estimons que c�est une responsabilit� morale que nous avons vis-�-vis du Cr�ateur et du consommateur musulman et que par cons�quent nous ne pouvons d�l�guer.
L. S. A. : Combien de sacrificateurs sont agr��s ?
K. K. :
L�ARGML ne d�livre des cartes de sacrificateur qu�aux abattoirs dont elle contr�le l�activit� dans ce domaine. Car nous avons pu nous rendre compte que beaucoup d�abattoirs lorsqu�ils n��taient pas contr�l�s utilisaient ces cartes pour faire tout et n�importe quoi. Nous d�livrons annuellement une trentaine de cartes de sacrificateur.
L. S. A. : Que voulez-vous dire par �tout et n�importe quoi� ?
K. K. :
Il est exact que des abattoirs estiment que par le fait qu�ils ont des sacrificateurs agr��s par une mosqu�e cela les dispensait de se confirmer aux r�gles de certification telles que nous les �dictons. On a vu un abattoir avoir un sacrificateur turc, un autre un sacrificateur alg�rien, un autre encore un sacrificateur marocain, un quatri�me un sacrificateur tunisien, il vous suffisait de dire que vous �tes de telle ou telle nationalit� pour que l�on vous exhibe la carte d�un sacrificateur ayant la m�me nationalit� que l�acheteur. Les sacrificateurs �tant des salari�s de l�entreprise ne pouvaient que confirmer la licit� des viandes et en aucun cas ils ne pouvaient aller contre leurs employeurs. Les responsables des abattoirs omettaient toujours de dire que le r�le des sacrificateurs se limitait � l�abattage et qu�ils n�avaient aucun pouvoir ou autorit� sur le reste et notamment sur les produits utilis�s dans la fabrication des produits transform�s.
L. S. A. : Quelles sont les conditions d�habilitation d�un sacrificateur ?
K. K. :
Ces conditions sont �num�r�es sur notre site mosqueedelyon. org o� nous donnons toutes les conditions requises d�habilitation d�un sacrificateur. Il faut dire aussi que tous nos sacrificateurs font l�objet d�un certain nombre de conditions, notamment celles d��tre un bon musulman pratiquant, ayant des comp�tences en la mati�re. Tous nos contr�leurs sont soumis � des tests pour v�rifier leurs aptitudes professionnelles.
L. S. A. : Avez-vous sanctionn� des sacrificateurs pour manquement ?
K. K. :
Effectivement, il nous est arriv� de retirer les cartes � des sacrificateurs qui n�avaient pas observ� et respect� notre cahier des charges. Notamment en mati�re de manque d�application dans le geste sacrificiel, nous avons jug� alors que ces sacrificateurs n��taient plus aptes � exercer cette fonction. Cela est arriv� aussi lorsque sciemment des sacrificateurs avaient introduit dans le lot de b�tes qu�ils savaient illicites � la consommation des musulmans des b�tes mortes avant leur �gorgement, ou m�me les b�tes qu�ils savaient malades.
L. S. A. : Pourquoi la mosqu�e de Lyon a d�cid� de s�investir aussi dans la certification ?
K. K. :
D�s son inauguration en 1994, la mosqu�e de Lyon a estim� qu�il �tait dans sa responsabilit� de se consacrer � cette t�che qui naturellement �tait de sa comp�tence. D�autant qu�� l��poque un certain nombre d�opportunistes avaient compris l�int�r�t que repr�sentait ce secteur et avaient tent� de l�investir pour faire des affaires.
L. S. A. : Comment contr�lez-vous ?
K. K. :
Comme je vous l�expliquais auparavant, le contr�le des viandes est une responsabilit� que nous voulons assumer totalement et en aucun cas elle ne peut s�exercer � la l�g�re. C�est pourquoi lorsque nous apposons notre tampon sur une viande, c�est que r�ellement nous sommes conscients de l�importance de la responsabilit� qui p�se sur nos �paules et en aucun cas nous ne voulons transgresser ces r�gles. D�ailleurs les m�thodes de contr�le et de certification de la mosqu�e de Lyon ont fait l�objet d�un audit tr�s pointu de la part de certains Etats comme la Malaisie et les Emirats arabes unis. Ces audits ont reconnu le travail fait par la mosqu�e de Lyon qui de ce fait se trouve �tre un des principaux r�f�rents pour l�exportation des produits alimentaires dans ces pays.
L. S. A. : Quel est le nombre de contr�leurs ?
K. K. :
L�ARGML emploie une dizaine de contr�leurs r�partis dans les diff�rents abattoirs qu�elle contr�le. Nous contr�lons en tout et pour tout quatre abattoirs et une usine de transformation et de d�coupe qui travaille essentiellement avec des hypermarch�s.
L. S. A. : Au niveau de quels abattoirs intervenez- vous ?
K. K. :
Nous intervenons essentiellement dans la r�gion Rh�ne-Alpes, car nous estimons que si nous devons faire correctement notre travail, il faut rester dans notre r�gion pour agir efficacement. Aujourd�hui nous g�rons deux abattoirs de volailles et deux abattoirs de viandes rouges. L�un des deux, l�abattoir de Corbas est le plus grand abattoir de viande bovines de la grande r�gion sud-est qui produit pr�s de 40% de viande hallal.
L. S. A. : A quel moment contr�lez-vous ? Avant, apr�s, ou au moment de l�abattage ?
K. K. :
Notre contr�le est permanent, il se situe avant l�abattage pour nous rendre compte que la b�te est conforme � nos principes religieux, il se situe au niveau du sacrificateur pour savoir si la b�te est bien positionn�e en direction de La Mecque et si son couteau est bien aiguis�. Au moment de l�abattage notre contr�leur est toujours pr�sent pour attester que le geste est conforme au rituel, c�est-�-dire qu�il faut que le couteau ne passe qu�une fois. D�ailleurs il nous arrive quelques fois de refuser d�apposer notre tampon si notre contr�leur a jug� que le geste n�a pas �t� conforme � notre cahier des charges. Dans ce domaine nos contr�leurs sont seuls responsables de d�clarer licite ou pas une b�te qui a �t� abattue devant eux.
L. S. A. : Des voix s��l�vent pour d�noncer les tromperies, les fraudes et l�abus de confiance ? Quel est votre commentaire ?
K. K. :
Il est vrai comme je vous l�expliquais par ailleurs que le march� est tr�s important et tous les professionnels voudraient l�investir. Il y a une concurrence folle, notamment lors de la transformation des viandes. Nous avons vu encore r�cemment comment certains professionnels peu respectueux des musulmans s�adonnaient � des trafics �hont�s. On a vu encore r�cemment des producteurs de viandes destin�es � la fabrication de kebabs, m�langer ces viandes avec de la graisse de porc, on a vu des bouchers peu scrupuleux fabriquer des merguez � partir de viande avari�e compos�e essentiellement de d�tritus de boucheries. On a vu telle soci�t� vendre du saucisson hallal fabriqu� � partir de viandes malax�es avec du sang de porc. Ce sont l� des exemples que la justice a eu � conna�tre, mais combien d�autres cas sont pass�s inaper�us. Nous ne parlerons pas de ces bouchers qui ach�tent de la viande � bas prix g�n�ralement produite � l��tranger et jurent par leurs grands dieux � leur client que cette viande est hallal, ou bien de ces bouchers qui pour se donner bonne conscience ach�tent deux ou trois b�tes estampill�es par un organisme de contr�le qu�ils mettent � la vue de leur client�le alors que le reste de leur stock est illicite � la consommation. Il est vrai �galement que nous avons depuis fort longtemps attir� l�attention des pouvoirs publics sur ces situations, il est vrai �galement que le mot hallal est galvaud� et qu�en aucun cas il ne peut faire l�objet d�une protection des services des fraudes, qui sont plac�s devant un dilemme, � savoir faut-il d�fendre l�aspect religieux du produit, ou bien d�fendre l�aspect sanitaire r�glementaire des choses ? G�n�ralement, c�est ce dernier aspect que les services de contr�le privil�gient. Il y a cependant quelques exceptions comme celles dont nous vous avons entretenues par ailleurs, l� les services de r�pression des fraudes ont agi.
L. S. A. : D�autres voix parlent de vaste trafic en France, comment selon vous est organis� ce trafic ?
K. K. :
C�est vrai qu�il y a des fili�res bien organis�es qui agissent dans l�ombre et notamment pour l�importation de viandes de l��tranger, notamment de Belgique et d�Allemagne, o� il y a une production importante de viande de volailles. Lorsque l�on constate les prix pratiqu�s pour leur revente en France, et notamment lorsqu�elles sont accompagn�es du logo hallal, on est en droit de se poser la question de savoir r�ellement comment ces b�tes ont �t� sacrifi�es.
Certains soutiennent que les mosqu�es et les abattoirs pratiquent un racket. Quel est votre commentaire ?

Estimer que les mosqu�es pratiquent le racket, c�est donner raison � tous ces aventuriers qui agissent depuis des ann�es et qui s�activent � �carter les mosqu�es de la certification des viandes hallal afin d�avoir le champ libre pour fructifier leurs affaires. En ce qui concerne la mosqu�e de Lyon, l�argent que nous d�gageons sert essentiellement au fonctionnement de la mosqu�e, pr�s de 75% du chiffre d�affaires r�alis� par l�ARGML est essentiellement destin� au paiement des salaires et des charges.
Ne pensez-vous pas que la communaut� musulmane est prise en otage ?

Le consommateur musulman devrait surtout �tre plus exigeant et �tre � m�me d��tre tr�s regardant sur les viandes qu�il consomme et ne pas rechercher essentiellement le plus bas prix. Quand on veut respecter les principes d�une alimentation hallal il faut savoir �tre exigeant et aussi payer le prix. Nombreux sont ceux qui font des fixations sur les redevances que paient les abattoirs aux mosqu�es pour permettre le certification des viandes, alors qu�en r�alit� la redevance est tr�s minime compar�e � celle que paie la communaut� juive pour manger cascher.
Qu�avez-vous observ� vous-m�me en mati�re de trafic et de tromperies ?
Il est vrai que certaines grandes entreprises qui exportent dans les pays musulmans dont l�Alg�rie ne se pr�occupent pas de r�pondre aux exigences rituelles des musulmans. Pour baisser leur co�t de revient, elles ne s�attachent pas les services des contr�leurs du rituel islamique et se contentent g�n�ralement d�une attestation d�livr�e par une association islamique g�n�ralement cr��e pour la circonstance. Il appartient �galement aux pays musulmans d��tre soucieux du respect du rituel islamique et d�imposer aux soci�t�s avec lesquelles ils commercent de respecter ces r�gles.
Le Conseil fran�ais du culte musulman (CFCM) a-t-il r�agi � cet �tat de faits ?
Non. Pour l�instant le CFCM est pr�occup� par les probl�mes internes et sa seule pr�occupation � l�heure actuelle consiste � trouver des solutions � ces probl�mes.
Le CFCM a-t-il r�ussi � instaurer une proc�dure de certification ?

Il est vrai que le CFCM ne s�est pas encore pench� de fa�on laborieuse sur cette situation du fait qu�il est endu� dans des difficult�s internes. Une commission hallal avait �t� mise en place lors du pr�c�dent mandat mais malheureusement les personnes qui pr�sidaient � son destin �taient plus pr�occup�es � faire des affaires qu�� r�gler ces probl�mes. On a vu un de ses copr�sidents se servir de son titre pour conforter ses propres affaires.
Selon des sources s�rieuses, la viande ovine, bovine, ou de volaille provenant de Hollande et de Belgique est en majorit� du faux hallal, comment comptez-vous agir pour prot�ger la communaut� musulmane contre la fraude et la tromperie ?

Il est vrai que des doutes importants subsistent dans les viandes import�es de ces pays avec la complicit� d�interm�diaires, pour certains de notre communaut�. Il est vrai qu�il faut savoir �galement que l�abattage rituel des b�tes est interdit en Hollande o� toutes les b�tes sont assomm�es avant d��tre sacrifi�es, ce qui rend la b�te illicite � la consommation des musulmans.
Des grandes surfaces proposent des �produits �labor�s� (steak hach�) avec le label hallal. Pensez-vous que cela est suffisant pour se pr�server ?
Je pense que les grandes surfaces ont compris l�int�r�t qu�elles pouvaient tirer de se conformer au respect des r�gles. Cependant, elles devront �tre elles aussi un peu plus exigeantes en mati�re de certification et ne plus accepter simplement la mention du produit hallal qu�elles vendent.
Des faux certificats hallal existent au niveau des abattoirs belges, des certificats vierges et cachet�s sont remis � des abattoirs contre des sommes importantes. Ne pensez-vous pas que les organismes de contr�le sont � la source de la fraude ? Comment y rem�dier ?
Ce n�est pas seulement au niveau des abattoirs belges que cette m�thode a cours, elle est �galement usit�e au port d�Alger o� des exportateurs d�ment reconnus par les autorit�s agissent de la sorte et d�livrent sur place les certificats exig�s par les administrations alg�riennes. Pour y rem�dier, il faut que les musulmans arr�tent de faire la politique de l�autruche et qu�ils soient plus exigeants en mati�re de tra�abilit� des produits qu�ils consomment ou qu�ils importent. Ils contribueraient ainsi au respect des principes alimentaires musulmans. Certains pays le font d�j� telle la Malaisie. Pourquoi ne pas leur embo�ter le pas ?
Propos recueillis par A. B.

NDLR : Confront�s � la r�alit� du terrain, l�affirmation de M. Kabtane selon laquelle des faux certificats hallal sont d�livr�s �sur place, au port d�Alger�, ne r�siste pas � la v�rit�. L�enqu�te que nous avons poursuivie �sur place� permet de souligner que le certificat de viande hallal (qu�il soit vrai ou faux) provient du port d�embarquement de la marchandise. Plus m�me, M. Bouguedour, directeur des services v�t�rinaires est cat�gorique : �Cela est impossible du fait que le certificat de viande hallal accompagne les documents sanitaires dans un pli-cartable lequel est classiquement transmis par les autorit�s qui exp�dient. Il est impossible d�avoir des certificats hallal d�livr�s de mani�re occulte au niveau du port. Cela ne tient pas la route.

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