Actualit�s : VIANDE HALLAL IRLANDE, FRANCE, ALLEMAGNE, HOLLANDE... PAYS MUSULMANS Vrai label et faux hallal Par Amine-Marouane BOULANOUAR
�Nous pourrions encourager la mise en place d�un organisme de contr�le de
viande hallal compos� des producteurs qui proposent de payer une taxe
forfaitaire, et compos� aussi de repr�sentants du Conseil fran�ais du culte
musulman � titre consultatif. Les producteurs sont r�ticents d�accepter le
regard d�une institution religieuse��
Ces propos de M. Bernard Godard, haut
fonctionnaire au minist�re fran�ais de l�Int�rieur qui a bien accept� de
nous recevoir contrairement � certains du minist�re de l�Agriculture qui ont
pr�f�r� se d�biner derri�re Sophie Geng (responsable du service presse,
laquelle malgr� plusieurs appels est demeur�e incapable tant de r�pondre que
de trouver un interlocuteur. A ce niveau de l�entourage du ministre de
l�Agriculture, il se trouve un haut fonctionnaire ou plusieurs qui
intervient en faveur d�une entreprise fran�aise �clabouss�e par la fraude et
la tromperie. Nous y reviendrons avec d�tails dans la troisi�me partie de
cette enqu�te). Revenons � ces moutons de hallal pour relever donc que les
propos de M. Godard r�v�lent que : Primo, les services du minist�re fran�ais
de l�Int�rieur sont bel et bien au fait des magouilles, tromperies et
trafics qui ont cours dans le march� de la viande dite hallal sinon pourquoi
�encourager la mise en place d�un organisme de contr�le�, donc, aujourd�hui,
inexistant au plan officiel. Deuxio, les producteurs (abattoirs, industriels
de la viande�) sont dispos�s � payer une taxe hallal mais forfaitaire.
Pourquoi donc forfaitaire ? Tertio, que le CFCM ou autre institution
religieuse ne sont pas les bienvenus � sauf � titre consultatif � dans cet
organisme de contr�le qui brasserait des millions d�euros. Pourquoi donc
cette attitude � l��gard de ce qui repr�senterait les consommateurs
musulmans ? Des questions sans r�ponses mais il est �vident que les pouvoirs
publics fran�ais (et � leur suite europ�ens) envisagent de r�glementer le
hallal dans le march� des viandes.
Brahim, l�artiste sacrificateur
Ce n�est pas encore l�aube que d�j� l�abattoir Socopa de Le Neubourg est
ouvert. Il est presque 7 heures. Sans pr�venir de notre venue, nous
demandons � visiter les lieux. Quelques instants apr�s, Anne Bruna nous
re�oit, carte de presse, �change de propos, puis elle convient ainsi : �OK.
Vous pouvez visiter notre abattoir. M. Abdelmadjid Benhachim vous
accompagnera. Mais ni photo, ni cigarettes� Il faudra porter la tenue
sp�ciale de protection�� On offrira m�me le caf� Aucune r�ticence, aucun
refus d�guis� tant au niveau du personnel d�encadrement que des employ�s de
cet abattoir situ� � quelque 150 km de Paris, dans la banlieue de Rouen.
Socopa, une soci�t� fran�aise qui dispose de plusieurs abattoirs en France,
est l�un des plus grands exportateurs fran�ais de viandes en direction des
pays musulmans. Direction : Le site d�abattage. Le long du couloir une
trentaine de carcasses de veau en attente de d�coupe. Comme dans une usine
de fabrication d�automobiles, le travail se fait � la cha�ne. Premier
employ� rencontr� : Brahim� C�est le sacrificateur marocain, trente ann�es
d�exp�rience, un couteau bien aiguis� � une main, et l�estampille dans
l�autre. Il ne faut pas beaucoup de temps pour comprendre que Brahim est le
ma�tre � bord ici : il est partout : au d�but de la cha�ne pour �gorger ; �
la d�coupe pour apposer sur les diff�rentes parties des carcasses le sceau
hallal ; en fin de cha�ne pour cacheter �hallal� les bo�tes d�abats, de
frissures, etc. A le voir � l�ouvrage, Brahim accomplit les gestes d�un
contr�leur. Il l�est comme le sont Abdelmadjid pour les agneaux et Mohamed
pour les frissures et les abats. Brahim, c�est le sp�cialiste du veau. En un
clin d��il, d�un seul geste, il tranche le cou du veau. �Trente veaux en 1
heure�, affirme Abdelmadjid qui pr�cise qu��avec le matador (pistolet
pneumatique), en une heure, entre 60 et 80 veaux sont abattus�. Un artiste
de la boucherie, lorsqu�il approche le veau pour l��gorger, on croirait que
c�est pour le caresser. Ni la b�te, ni personne ne voit le couteau. Comme un
prestidigitateur qui fait voler de ses mains un pigeon, Brahim �sort� la
lame qui n�appara�t qu�une fois sur le cou offert, malgr� elle, par la b�te.
Malgr� elle ? Parce que la b�te ne se rend m�me pas compte de ce qui lui
arrive ; en quelques secondes, le veau, le b�uf ou l�agneau est introduit
dans une cuve, une sorte de pi�ge, d�o� il sort sa t�te ; puis soudain la
cuve pivote sur elle-m�me, et la b�te offre son cou au sacrificateur qui le
caresse de sa lame en semblant lui murmurer �Bismi Allah, Allahou Akbar�. Le
sang gicle puis s��coule de plus en plus lentement jusqu�� ce que la b�te se
vide. Puis elle est tir�e de la cuve, la t�te pendante ; ensuite accroch�e
par ses pattes ant�rieures pour �tre dirig�e sur la cha�ne� Deux minutes
apr�s, un autre veau est introduit � son tour. Le temps de faire 4 ou 5
veaux et Brahim est au milieu de la cha�ne pour estampiller les parties de
veau d�coup�es. Abdelmadjid explique : �Chaque carcasse est estampill�e en
plusieurs parties. Il y a des bouchers qui ach�tent des cuisses, d�autres la
poitrine ou les c�tes, alors il faut mettre partout le cachet CQH (Certifi�
Qualit� Hallal). C�est la certification hallal�� Une certification qui
rapporte beaucoup, lui demandons-nous. Notre guide appelle, de ses mains,
d�autres employ�s et lance : �La certification hallal ne nous rapporte aucun
sou. Nous sommes des b�n�voles. Nous appartenons � l�association Errissala
qui �uvre pour la promotion de la viande hallal. Nous sommes des
sacrificateurs employ�s et des contr�leurs b�n�voles. Lisez les factures,
aucune taxe hallal. Quel que soit le mode d�abattage, le prix est identique.
Je vais surprendre en disant que tous les veaux et tous les agneaux sont
abattus selon le rite musulman, c'est-�-dire �gorg�s. Pourquoi ? A cause de
la grande demande d�abats et de frissures hallal�� Comment est organis�
l�abattage hallal dans cet abattoir ? Abdelmadjid a la r�ponse sur le bout
des l�vres : �Chaque matin nous commen�ons par l�abattage hallal afin
d�assurer une meilleure tra�abilit�. D�abord, les jeunes bovins �g�s entre
16 et 24 mois qui sont tr�s demand�s par les consommateurs musulmans. C�est
une viande de qualit�, non grasse. D�ailleurs, tous les veaux et les agneaux
sont soumis � l�abattage rituel. Pour les b�ufs, certains sont abattus au
matador, ils ne sont pas licites pour les musulmans et sont destin�s aux
autres boucheries mais le prix est le m�me��. Davantage plus volubile,
Abdelmadjid l�est lorsqu�il �voque le hallal : �Pour tout dire, le hallal
c�est seulement lorsque l�animal se d�bat, alors il expulse son sang. La
viande devient saine pour la consommation. Lorsque la b�te est assomm�e ou
�tourdie lorsqu�elle est soumise � l��lectronarcose, elle ne se d�bat pas
donc le sang n�est pas expuls� ; elle n�est pas hallal. Le contr�le et la
certification se font au moment m�me de l�abattage, c�est un t�moignage
oculaire�� Dans le frigo, il joint le geste � la parole en montrant les
centaines de frissures dispos�es comme des pi�ces dans un mus�e : �Ici,
c�est 100 % hallal. Nous livrons des bouchers � Paris, � Marseille��
Quelques heures plus tard, Omar Hachelef, un Oranais propri�taire d�une
boucherie � El Beuf, une localit� voisine, confirme en soulignant avoir
assist� � plusieurs abattages rituels dans l�abattoir Socopa : �C�est 100 %
hallal, il n�y a rien � redire. M�me que des consommateurs musulmans am�nent
leurs enfants assister aux abattoirs. C�est tr�s s�rieux gr�ce �
l�association Errissala qui contr�le tout le processus�� Aux march�s
d�Amsterdam, de Courtrai, Lille ou Paris, les bouchers �islamiques� ou
�musulmans� qui savent r�ellement ce qu�ils vendent � leurs clients
musulmans sont tr�s rares. Ils ne savent que produire des �certificats de
viande hallal� sign�s par d�illustres inconnus qui ont d�nich� au nom de la
religion un fabuleux moyen de s�enrichir. Ils constituent le maillon le plus
fid�le aux r�seaux et fili�res du faux hallal sur lesquels nous reviendrons
prochainement.
A. M. B.
(*) Lire �ditions des 18, 19, 21, 22 et 23 f�vrier
"ZAKI" (BOUCHER A BARBES)
�Nous vendons du faux hallal�
�Zaki� est boucher depuis 15 ans. Il est employ� dans une boucherie de
Barb�s. Il a accept� de faire part des pratiques frauduleuses de tromperies
� condition de ne pas r�v�ler sa v�ritable identit� pour des raisons de
s�curit�.
Le Soir d�Alg�rie : D�o� vous ravitaillez-vous en viandes ?
Z. : Eventuellement du march� de gros de Rungis.
L. S. A. : Vous �tes une boucherie hallal et vous vous ravitaillez � Rungis
o� para�til il n�y a pas de viandes hallal...
Z. : Il ne s�agit pas de �para�t-il�. A Rungis, il n�existe pas de
viandes hallal. Moi, je suis employ�. Je ne suis pas responsable de
l�attitude du patron.
L. S. A. : Vous y participez...
Z. : A Rungis, il n�y a pas de viandes hallal, elle co�te plus cher...
Les consommateurs musulmans veulent acheter au plus bas prix, ils se moquent
du hallal.
L. S. A. : Justement pas, puisqu�ils viennent acheter chez vous qui avez
l�inscription �boucherie hallal�...
Z : Ce n�est pas mon probl�me, je suis un simple employ�.
L. S. A. : Comment faites-vous � Rungis?
Z. : Il m�arrive d�accompagner le patron... Il fait une tourn�e chez les
grossistes avec lesquels il n�gocie les prix. Il n�ach�te que la viande en
provenance de Hollande, c�est la moins ch�re.
L. S. A. : Est-elle Hallal?
Z. : Non. Il n�y a aucun cachet sur les carcasses.
L. S. A. : Mais comment faites-vous pour vendre �hallal�?
Z. : Cela d�pend. Des fois, un homme que je ne connais pas vient mettre
le cachet hallal sur les carcasses au moment o� nous les mettons dans notre
camionnette de transport. Des fois, le patron pr�sente un certificat d�livr�
par un contr�leur affili� � une mosqu�e. Souvent il utilise le certificat
hallal de poulet qu�il montre aux clients qui ne prennent pas le soin de
v�rifier. D�s que les carcasses sont d�coup�es, il n�est plus possible de
v�rifier... La vraie viande hallal co�te plus cher alors les bouchers
ach�tent chez les grossistes des viandes non fran�aises � bas prix sur
lesquelles ils mettent des estampilles hallal contre de l�argent, cela
devient du vrai faux hallal qui revient encore moins cher. Les consommateurs
ach�tent. Cela se fait aussi gr�ce aux frissures.
L. S. A. : Comment gr�ce aux frissures ?
Z. : Les consommateurs musulmans consomment beaucoup les frissures. Le
patron ach�te deux ou trois carcasses vrai hallal sur lesquelles il y a le
label hallal, ils les exposent en face des clients mais il ach�te des
frissures en gros o� � l�abattoir sans qu�elles soient hallal. Le certificat
lui permet de tromper tout le monde. C�est le cas aussi pour le poulet que
nous achetons en gros � Rungis, c�est du poulet en provenance de Belgique.
Tous les bouchers savent qu�il n�est pas hallal, ils le vendent en utilisant
un certificat hallal d�livr� par une soci�t� fran�aise de contr�le qui s�est
arrang�e avec les abattoirs belges. Avec l�argent, on peut tout avoir. Si je
trouve un emploi dans une autre boucherie, je ne reste plus dans cette
boucherie... nous vendons du faux hallal.
L. S. A. : Existe-t-il un contr�le?
Z. : Oui. Mais uniquement en ce qui concerne l�aspect sanitaire. Des
inspecteurs de la r�pression des fraudes viennent contr�ler si la viande est
de bonne qualit�; ils prennent des �chantillons. Ils ne s�occupent pas du
hallal. S�ils voient des carcasses portant l�estampille �hallal�, ils
exigent le certificat �hallal�. Mais ils ne savent pas que ce certificat est
faux. Tout le monde peut avoir un certificat hallal... Pour les produits de
charcuterie, c�est pire. Les fabricants mettent dans la charcuterie des
abats non hallal, de la viande moisie. Pour enlever le mauvais go�t, ils les
placent dans des bacs remplis de chlore... c�est la jungle, les entreprises
fran�aises sont devenues des sp�cialistes du faux hallal. Par exemple Isla
Delire qui a eu affaire � la brigade de la r�pression des fraudes pour avoir
tromp� la client�le musulmane en lui vendant de la fausse charcuterie de
volaille. Il y a aussi la soci�t� Corico qui a m�me cr�� une marque hallal
dite M�dine Hallal et qui met du veau hollandais non hallal dans ses
produits. Un scandale dans lequel le boucher, le grossiste, le certificateur
trouvent leurs comptes... Rendez visite � Busnel � Rungis, sa client�le
c�est les boucheries hallal, pourtant dans ses frigos, il n�a aucune
carcasse hallal. Ses clients bouchers ont tous un certificat de viande
hallal...
Propos recueillis par A. M. B.
MAHIEDDINE RABIA (BOUCHER A BARBES)
�100% hallal mais plus cher...�
Le Soir d�Alg�rie : Comment expliquez-vous le fait qu�� ce
moment pr�cis vous n�avez aucun client alors que votre voisin, boucher
aussi, est assailli par les clients ?
Mahieddine Rabia : (Rires) C�est �videmment une question de prix.
L. S. A. : Pourtant, tous deux vous vendez de la viande hallal, pourquoi
la v�tre est plus ch�re ?
C�est le c�ur du probl�me. En ce qui me concerne, je peux prouver que ma
viande est effectivement hallal. Je sais exactement d�o� elle provient, de
l�abattoir Socopa de Rouen. Moi et d�autres bouchers avons assist� �
l�abattage qui est 100 % hallal. Je peux m�me vous y amener. Je connais les
contr�leurs qui appartiennent � l�association Errissala et qui ne prennent
aucun sou pour le contr�le. Ce n�est pas le cas de mon voisin qui ach�te en
gros au march� de Rungis o� les carcasses sont ramen�es de l��tranger. Ces
viandes co�tent beaucoup moins cher. Mon voisin n�a pas assist� � l�abattage
pour dire si c�est hallal. Avant m�me de parler de hallal, il faut savoir
que les viandes en provenance d�Allemagne, de Hollande, de Belgique co�tent
beaucoup moins cher que celles de France. Le hallal c�est autre chose
puisque chacun peut se d�brouiller un certificat hallal s�il glisse de
l�argent. Personnellement, je ne suis pas comp�titif parce que les
consommateurs sont attir�s par les prix bas. Actuellement, chez moi, le
kilogramme de gigot est � 8,90 euros, chez mon voisin, il est � 6 euros.
Mais si vous lui demandez si sa viande est hallal, il vous produira un
certificat sign� � Paris alors que la viande vient d�Amsterdam. Si vous
insistez, il vous dira qu�il n�a pas assist� � l�abattage. Le hallal est une
responsabilit� morale, je ne d�sire pas tromper les musulmans au nom
d�Allah. Ma conscience est tranquille en achetant sous l��gide de
l�association Errissala.
Propos recueillis par A. M. B.
HOCINE BENHACHIM (PRESIDENT D'ERRISSALA)
�Les services v�t�rinaires doivent contr�ler�
Seul le constat oculaire permet de contr�ler si la viande est
hallal,
c�est-�-dire si elle provient d�un animal abattu rituellement, c�est-�-dire
�gorg� dans un �tat physique naturel, par un musulman ou un croyant... Mais
des individus sans scrupules, qui n�accordant aucune consid�ration aux
convictions religieuses des consommateurs, certifient des viandes hallal �
partir de leur bureau loin des abattoirs. Cela dure depuis des ann�es, des
milliards ont ainsi �t� amass�s au vu au su des pouvoirs publics ligot�s par
la loi et la r�glementation. �C�est une affaire qui concerne les autorit�s
religieuses musulmanes�, affirme-t-on au minist�re fran�ais de l�Agriculture
et � la Direction de la concurrence et de la r�pression des fraudes. Pour
mettre fin � la tromperie, � la fraude et au trafic, M. Benhachim estime que
les services v�t�rinaires doivent �tre habilit�s � contr�ler le
hallal...
Le Soir d�Alg�rie : Quel constat faites-vous � propos du
march� de la viande dite hallal ?
Hocine Benhachim : Vous faites bien de dire �dite hallal� car en v�rit�
il existe depuis des ann�es une grande tromperie qui a permis aux fraudeurs
de solidifier leurs racines. Dans les ann�es 1970 lorsque je me battais pour
pouvoir �gorger mes b�tes, le probl�me de l�abattage rituel n��tait connu
que de quelques professionnels musulmans tr�s initi�s. Pour la majorit� des
musulmans, il n�existait pas de probl�me en mati�re de consommation des
viandes car ils croyaient que les viandes hallal �taient partout disponibles
soit dans les boucheries dites musulmanes soit chez les bouchers fran�ais ou
europ�ens. Les musulmans se suffisaient � demander aux bouchers fran�ais de
ne pas couper les viandes qu�elles croyaient hallal avec le m�me couteau
avec lequel ils d�coupaient la viande porcine. Les musulmans estimaient
qu�ils pouvaient consommer les viandes provenant des bouchers europ�ens
parce que selon ces musulmans, ces bouchers europ�ens faisaient partie des
gens du Livre. Il a fallu de la pers�v�rance pour leur expliquer qu�ils
avaient tort. Pourquoi ? Il est exact qu�Allah nous permet de consommer des
viandes issues d�animaux �gorg�s tant par les musulmans que par les gens du
Livre. Les gens du Livre sont des croyants qui �gorgent les b�tes autoris�es
� la consommation. Mais en Europe et en France, les b�tes sont assomm�es au
lieu d��tre �gorg�es. L��gorgement est interdit sauf d�rogation.
Aujourd�hui, les gens du Livre ne le sont plus puisque l�abattage ne se fait
pas par �gorgement. Sauf pour les juifs qui observent leur religion en
exigeant l��gorgement, on ne peut pas dire que les autres bouchers observent
les recommandations de la Bible pour affirmer qu�ils sont des gens du Livre.
Face � de telles situations, nous avons sollicit� les avis des savants tels
que Abdelbari Azemzami et Ouail Zinati lesquels ont fourni des explications
juridiques et scientifiques � la communaut� musulmane. Nous avons donc
particip� � l�explication de la d�finition du hallal avant d�apporter le
moyen d�identifier les viandes hallal et une m�thode de contr�le pour
assurer la tra�abilit� des viandes dans les abattoirs. De nombreuses
associations se sont inspir�es de notre d�marche que tout un chacun peut
consulter sur note site www.arrissala.org. Nous agissons b�n�volement dans
l�aide aux abattoirs qui souhaitent adapter leurs cha�nes � l�abattage
rituel musulman qui permet l�int�gration � un march� de plus en plus
important. Notre d�marche est tout � fait b�n�vole, note seule exigence
consiste en le recrutement de deux sacrificateurs musulmans que nous
agr�erons. Notre objectif vise � permettre � la communaut� musulmane de
consommer des viandes hallal et non � nous enrichir sur son dos. La preuve
en est qu�il n�existe pas un abattoir en France ou � l��tranger qui puisse
pr�tendre nous avoir r�mun�r�s. Nous avons ainsi �t� � l�origine de
l�abattage rituel dans des abattoirs fran�ais, irlandais et espagnols. En
2004, nous sommes fiers d�avoir contribu� en Angleterre � l�ouverture du
premier abattoir cent pour cent hallal. L�Angleterre, la Hollande, le
Danemark, par manque d�informations n�ont jamais accept� l��gorgement sans
au pr�alable �lectrocuter volailles et ovins, et assommer les bovins, ce qui
ne conf�re pas le caract�re hallal aux viandes. Assommer un animal n�est
rien moins que le tuer car aucun animal ne survit lorsque son cr�ne et sa
cervelle sont perfor�es par balle ou par tige d�acier effil� provenant de
pistolets pneumatiques. L�animal assomm� ou tu� perd la r�action de ses
mouvements qui contribuent � l��vacuation du sang, c�est-�-dire que l�animal
ne se d�bat pas. Or, le fait que l�animal se d�batte est pr�cis�ment
recherch� par l�abattage rituel afin de purifier la viande. L�abattage
rituel, c�est-�-dire l��gorgement, permet d�anesth�sier naturellement, je
dis bien naturellement l�animal en arr�tant l�irrigation de son cerveau.
Allah nous demande de manger le licite et le pur.
L. S. A. : Mais vous n�avez pas r�pondu � la question du constat que vous
faites...
H. B. : Le constat est amer et d�solant. C�est une vaste tromperie. Des
abattoirs �lectrocutent des agneaux ou assomment des veaux dont les
carcasses sont authentifi�es hallal par des associations ou des soci�t�s de
contr�le tr�s connues, des contr�leurs qui se dirigent directement dans des
chambres froides pour apposer le cachet hallal sur les carcasses sans avoir
constat� ou v�rifi� si les animaux ont �t� �gorg�s rituellement ; des
associations ou des soci�t�s qui collent des �cussons �hallal� pour garantir
la lici�t� de plats cuisin�s qui sont loin de l��tre ; et j�en passe... A
quoi bon de surveiller la cuisson si la viande n�est pas hallal ? C�est la
fraude et l�abus de confiance du consommateur musulman. Tenez-vous bien, un
contr�leur qui assiste � la cuisson, � l��tiquetage, ... sauf � l�essentiel,
� l�indispensable qu�est l�abattage rituel des animaux et la tra�abilit� des
viandes, cela signifie quoi ? Tromperie, complicit� et escroquerie... Un
grand nombre de boucheries se d�clarent boucheries musulmanes, boucheries
hallal, boucheries islamiques et affichent sans scrupules �viandes hallal�,
en r�alit� elles commercialisent toutes sortes de viandes illicites, des
saucissons de veau ou de b�uf, des p�t�s qui contiennent plus de 80% de
viandes s�par�es m�caniquement provenant de carcasses de volailles non
hallal... Il existe des situations intol�rables telle celle pratiqu�e par
des individus qui ont trouv� le moyen de s�enrichir sans aucun effort en
certifiant des viandes hallal et des volailles par... fax.
L. S. A. : Selon de nombreuses sources, les viandes ovine, bovine ou de
volailles provenant de Belgique et de Hollande sont en majorit� du faux
hallal. Comment r�agissez-vous pour prot�ger la communaut� musulmane contre
la fraude et la tromperie ?
H. B. : Nous d�non�ons le mode d�abattage dans les abattoirs hollandais,
danois etc. Cependant, ils nous font remarquer que leurs plus gros clients
sont les pays musulmans du Moyen-Orient. Nous avons signal� aux importateurs
leurs d�faillances et leur fuite de responsabilit�s. H�las... Que
pouvons-nous faire de plus ?
L. S. A. : Des certificats de viande hallal vierges, sign�s et cachet�s
sont disponibles dans des abattoirs. Ne pensez-vous pas que les organismes
dits de contr�le sont � la source de la fraude ? Comment y rem�dier ? H. B.
: Partout en Europe, des abattoirs disposent de tels faux certificats
destin�s au march� europ�en ou � l�exportation. La question est de savoir
pourquoi acheter et s�approvisionner chez ceux qui ne respectent pas nos
convictions religieuses, notre religion et qui nous trompent. Si la
condition hallal �tait contenue dans les transactions, je suis persuad� que
la fraude sera moins r�pandue.
L. S. A. : Comment proc�dez-vous au contr�le hallal ?
H. B. : Nous contr�lons selon le syst�me qualit� hallal contr�l�e,
brevet�e et mise � la disposition de la communaut�. Nous intervenons dans
les abattoirs Socopa Normandie � Neubourg et � Grac� o� il existe six
sacrificateurs musulmans employ�s, ainsi qu�� P�rigod o� deux sacrificateurs
ont �t� recrut�s.
L. S. A. : Quelle est l�attitude des autorit�s fran�aises ? Des mosqu�es ?
Sont-elles complices ou abus�es ?
H. B. : Les mosqu�es sont des �difices qui doivent leur renomm�e
spirituelle aux degr� de pi�t� et de connaissances prodigu�es par les imams.
Elles n�ont pas vocation � contr�ler la viande. D�ailleurs rares sont les
imams � disposer de temps entre les cinq pri�res pour se rendre dans les
abattoirs. Leur vocation consiste � indiquer le droit chemin, � d�noncer la
tricherie et � informer les fid�les de l�abus de confiance dont ils sont
victimes. Cependant, le droit de regard appartient � toutes les mosqu�es,
seules trois mosqu�es sont agr��es par les autorit�s pour habiliter des
sacrificateurs. Le contr�le de viande hallal est soumis aux m�mes r�gles que
l�abattage rituel et doit �tre conforme aux exigences de la religion. Le
contr�le est un t�moignage qui ne peut �tre apport� que par des musulmans
pratiquants, int�gres, pr�sents au moment de l��gorgement et durant toutes
les op�rations de transformation. Allah, dans Sa Grandeur, �nonce dans le
verset 81 de sourate Youssouf : �Et Nous n�attestons que ce que nous savons
et Nous n��tions nullement au courant de l�inconnu.� L�authentification
comme la certification ne doivent �tre ex�cut�es que par des musulmans pieux
qui ont accompli le travail et qui font un constat oculaire. La viande
constitue un m�tier tr�s difficile qui exige professionnalisme et
savoir-faire. Sans cela, nous n�aurions pas pu solutionner les probl�mes
techniques tel celui de l��lectrocution, de la tra�abilit�, du purpura, etc.
Ceux qui connaissent le mieux le licite et l�illicite, qui savent o� m�nent
la tricherie et le mensonge ce sont les imams. Donc, il faut associer le
c�t� technique des professionnels musulmans de la viande au c�t� th�ologique
du hallal. Qui d�autre est mieux plac� que l�association des imams de France
compos�e de tant de comp�tences th�ologiques pour v�rifier l�int�grit� des
sacrificateurs, des professionnels et le s�rieux de la tra�abilit� des
viandes hallal. Ainsi les imams contr�leront GMS, fabricants et boucheries
hallal moyennant une taxe dont le taux sera d�fini et payable par les
acheteurs directement � l�association �des imams v�rificateurs�. L�argent
recueilli sera distribu� � toutes les mosqu�es de France au prorata de
l�importance et des besoins.
L. S. A. : Quel est votre commentaire en ce qui concerne le contr�le des
viandes hallal ?
H. B. : Le contr�le des viandes hallal doit �tre effectu�
syst�matiquement par les services v�t�rinaires dans les abattoirs, dans les
boucheries et chez les fabricants de charcuteries et plats cuisin�s.
Malheureusement, ce n�est pas le cas car les lois ne le permettent pas. Les
services v�t�rinaires se contentent de contr�ler la validit� des cartes de
sacrificateurs comme s�ils agissaient au service des mosqu�es pour leur
rappeler qu�ils doivent s�acquitter de la taxe annuelle de renouvellement.
Il existe trop de tromperies. Nous ne manquons pas de les signaler, par
�crit, aux services de la r�pression des fraudes afin qu�ils interviennent.
Mais ces services n�ont pas de connaissances th�ologiques. Il faut bien
expliquer les choses dans la r�glementation.
L. S. A. : O� va l�argent de la fraude selon vous ?
H. B. : Je ne sais pas. Je sais que la fraude est une r�alit� qu�il faut
combattre.
Propos recueillis par A. M. B.
ABDELMADJID BENHACHIM (CONTROLEUR)
�L��lectronarcose n�est pas hallal�
Soudoy�s par des �pseudo-contr�leurs� ou par de grandes entreprises de
production de volailles (95 000 poulets abattus par jour), des imams
autoproclam�s adeptes du wahhabisme ont sign� des d�crets religieux
(fetwas)
selon lesquels les viandes provenant d�animaux abattus par �lectronarcose
sont licites � la consommation par des musulmans. L��lectronarcose
consistant en l��lectrocution de l�animal (m�me � faible amp�rage), celui-ci
paralys�, �tourdi ou assomm� n�est plus en son �tat NATUREL au moment de
l��gorgement et donc ne se d�bat pas afin d�expulser son sang. Che�kh Abou
Abdeslam (lire nos pr�c�dentes �ditions) est formel : �Dans ce cas, la
viande n�est pas hallal.� M. Abdelmadjid Benhachim, contr�leur et membre de
l�association Errissala en parle.
Le Soir d�Alg�rie : Quel constat �tablissez-vous en ce qui concerne
les viandes dites hallal en Europe ?
Abdelmadjid Benhachim : C�est un constat amer, notamment en ce qui
concerne les musulmans qui doivent assurer � la communaut� musulmane de la
viande hallal. Les abattoirs europ�ens ne sont pas r�ticents au hallal, je
parle de ceux que je connais. Mais ils ne sont pas inform�s sur ce qu�est le
hallal. Certains croient que le hallal consiste � ne pas mettre c�te � c�te
des carcasses de porc et des carcasses d�agneau ou de veau. D�autres pensent
qu�il faut placer les animaux en direction de La Mecque. Il existe de
nombreuses interpr�tations erron�es. En Irlande, 40% des abattoirs
sacrifient les agneaux sans �lectronarcose et 60% continuent � �lectrocuter
les agneaux et � les �gorger ensuite. Ce n�est pas de l��gorgement, c�est
une d�coupe de l�animal d�j� mort. En Angleterre, 95% des abattoirs
pratiquent l��lectronarcose.
L. S. A. : Pouvez-vous �tre plus explicite en ce qui concerne
l��lectronarcose ?
A. B. : L��lectronarcose est un proc�d� consistant � �tourdir, �
paralyser l�animal par �lectrocution avant de le tuer. Je dis bien tuer car
le mot �gorgement s�applique lorsque l�animal est dans son �tat naturel et
vivant. Il faut savoir qu�un animal �lectrocut� ne se d�bat plus. D�s que
l��lectronarcose est appliqu�e, le c�ur des agneaux et des volailles
s�arr�te de battre, de plus, le sang n�est plus expuls� de la carcasse parce
que l�animal ne se d�bat plus naturellement. Le sang reste dans la carcasse.
Alors il n�y a plus de caract�re hallal. Pour que la viande soit hallal, il
faut qu�elle provienne d�un animal �gorg� dans son �tat naturel,
c�est-�-dire sans qu�il soit assomm� ou �lectrocut�.
L. S. A. : Comment fonctionne un abattoir lorsqu�il s�agit d�un abattage
hallal ?
A. B. : Dans notre abattoir, t�t le matin nous commen�ons par l�abattage
hallal en ce qui concerne les veaux et le b�ufs. L�apr�s-midi est consacr�e
aux agneaux. Nous commen�ons toujours par l�abattage hallal, c�est-�-dire
par les animaux � �gorger pour �viter le m�lange avec les animaux tu�s apr�s
�assommage�, destin�s aux boucheries traditionnelles non hallal. Cela permet
d��viter le m�lange des carcasses et des abats, c�est une double s�curit�
que de commencer par le hallal.
L. S. A. : Comment appliquez-vous la taxe hallal ?
A. B. : Nous n�exigeons aucune taxe hallal car nous sommes une
association non lucrative compos�e de b�n�voles. La loi interdit ce genre de
pratiques. Certains abattoirs appliquent une taxe hallal qu�ils inscrivent
sur les factures. Nous sommes des employ�s qui travaillons tous les jours �
l�abattoir. Nous faisons le contr�le � titre b�n�vole. Nous estimons que la
viande hallal ne doit pas �tre vendue plus cher. Tout est inclus dans le
prix de la viande vendue, nous ne rajoutons aucune taxe. Notre association
est compos�e de citoyens, de consommateurs musulmans, de bouchers, de
commer�ants, de sacrificateurs et de contr�leurs qui travaillent dans les
abattoirs. Pour nous, le contr�le est un acte naturel.
L. S. A. : Comment, selon vous, mettre un terme au trafic de viandes dites
hallal ?
A. B. : Ce trafic dure depuis des ann�es. Des bouchers mettent des
�tiquettes �hallal� sur des carcasses en provenance de pays europ�ens dont
ils n�ont aucune id�e sur l�abattage. A mon avis, la seule solution est que
tous les abattoirs proc�dent � l��gorgement.
Propos recueillis par A. M. B.
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