Culture : FESTIVAL NATIONAL DU THEATRE PROFESSIONNEL
Pr�sentation de "Nora" mise en sc�ne par Ahmed Khoudi
La place de la femme dans la soci�t�


Le Th��tre national alg�rien entre en comp�tition dans le Festival national du th��tre professionnel avec la pi�ce Nora. Mise en sc�ne par Ahmed Khoudi, d�apr�s La maison de poup�e du dramaturge norv�gien Henrik Ibsen, la pi�ce pose la probl�matique de la place de la femme dans la soci�t�. Helmer et sa femme Nora forment un couple id�al. Ils ont tout pour �tre heureux. N�anmoins, comme le futur se construit sur les cendres du pass�, ce couple court implacablement vers la ruine.

Le mobile de cette d�confiture est une erreur commise dans le pass� par Nora alors que Helmer �tait gravement malade. Lorsque le mari apprend la b�tise de sa femme, il entre dans une col�re noire. Face � la r�action inattendue de son mari, Nora tombe des nues. Elle qui lui vouait un amour sans bornes, qui a tout fait pour lui sauver la vie, se retrouve subitement dans un tourbillon inextricable. L�ingratitude de Helmer lui provoque un de ces traumatismes dont on ne se rel�ve que difficilement. Cependant, la haine n�e subitement chez Helmer se dissipera lentement ; car l�amour que celui-ci voue � sa femme s�est profond�ment enracin� en lui pour qu�il soit enterr� aussi facilement. La maison de poup�e a �t� jou�e pour la premi�re fois en 1879. Elle a provoqu� � l��poque un scandale qui a terriblement secou� les foules ayant assist� � sa repr�sentation. Notons que la pi�ce sera repr�sent�e ce soir, � 20h au Th��tre national alg�rien. Rendez-vous � ne pas rater.

 

AHMED KHOUDI AU SOIR D�ALG�RIE
�LA TACHE N�A PAS ETE FACILE�

Le Soir d�Alg�rie : Vous faites votre entr�e au festival avec un classique du th��tre universel, La maison de poup�e, pouvez-vous nous en parler ?
Ahmed Khoudi :
Cette pi�ce est en fait l�une des �uvres les plus connues de l�auteur norv�gien, Henrik Ibsen. Elle a �t� �crite en 1879, �a fait quand m�me un si�cle un quart. Aujourd�hui, elle est r�pertori�e parmi les meilleures �uvres th��trales classiques du monde. C�est une pi�ce qui a r�volutionn�, voire boulevers�, le th��tre aussi bien de par la rigueur de sa construction que par le th�me trait�. Lequel th�me est relatif au v�cu de la femme. C�est une tr�s belle histoire qui est un peu compliqu�e � raconter. Je peux toutefois vous la r�sumer en quelques mots. C�est donc l�histoire d�une femme au foyer qui d�pend �norm�ment de son mari. Un jour, elle se retrouve contrainte de prendre une d�cision d�autant plus difficile qu�elle est irr�versible, celle de quitter foyer, mari et enfants. Parce que, � son avis, elle a un devoir sacr� � ex�cuter, celui de se prendre elle-m�me en charge. Et comme elle le dit dans une r�plique : � Pour voir qui de nous deux a raison, si c�est lui (son mari, ndlr) ou moi.� Lors de sa repr�sentation, la pi�ce a provoqu� un v�ritable scandale. Car l�ordre social �tait patriarcal et les suffragettes ne se manifestaient pas encore.
La pi�ce est jou�e en arabe classique, une t�che qui n�est nullement ais�e, que ce soit pour vous qui l�avez adapt�e ou pour les com�diens qui doivent fournir un peu plus d�effort. Qu�est-ce qui a motiv� donc ce choix ?

Effectivement, le choix �tait difficile. N�anmoins, cela est justifi� essentiellement par deux raisons. La premi�re, pour la force du texte. Chez Ibsen, les dialogues sont parfaitement ficel�s et par-dessus le march�, leur construction est compliqu�e. Quant � ce qui est des personnages, ils sont dot�s d�une force extraordinaire pour ne pas dire titanesque. La deuxi�me raison est relative au facteur temps. Transposer la pi�ce en arabe dialectal n�est pas chose impossible mais cela aurait pris beaucoup de temps, sans pour autant atteindre le but d�sir�.
Et pour ce qui est de l�adaptation�

L�adaptation de la pi�ce �tait d�une extr�me difficult�. Nous avons travaill� sur la base d�un texte �crit en arabe classique par un auteur jordanien. On a n�anmoins �t� contraint de le revoir. L�auteur, aussi jordanien qu�il est, n�a pas r�ussi � donner au texte la v�ritable �me qu�il m�rite. Au plan des dialogues, nous �tions dans l�obligation de revoir la moiti� du texte. On a perdu �norm�ment de temps dans sa r��criture.
Et c�t� du public, comment pensez-vous qu�elle sera accueillie ?

Je ne sais pas quelle sera sa r�action. De toutes les mani�res, il y a une politique d�arabisation men�e en Alg�rie depuis plus de trente ans. N�anmoins, je dois souligner que le recours � l�arabe classique est venu apr�s de longues concertations avec les cadres du Th��tre national alg�rien. Nous sommes en une p�riode o� le public alg�rien est pr�t � accueillir ce genre de travail. Je cite un petit exemple pour �clairer la question, c�est la presse en Alg�rie o� les journaux arabophones ont un plus de lectorat que ceux de la presse francophone. Par ailleurs, une probl�matique s�impose d�elle-m�me : devrait-on faire ce que veut le public ou avons-nous le devoir de lui faire d�couvrir des �uvres universelles dont la valeur th��trale est ind�niable. Et puis nous avons le choix de diversifier. Et pendant ce festival, il y aura la pr�sentation des pi�ces �crites aussi bien en arabe classique qu�en arabe dialectal. A mon sens, le but vis� ici est de faire d�couvrir au public alg�rien, une �uvre de renomm�e universelle. En Alg�rie, la probl�matique de la langue est l��l�ment qui bloque l��mergence de v�ritables auteurs dramatiques. Aussi, �crire en arabe dialectal, les dialogues seront tr�s pauvres et perdent �norm�ment de leur forces, voire de leur essence.
De par votre parcours, on a remarqu� que vous travaillez notamment sur des pi�ces acad�miques, tir�es du r�pertoire universel�

En tant que metteur en sc�ne, je crois qu�il vaut mieux travailler sur des textes o� il y a une mati�re th��trale. Peut-�tre ce qui explique mon choix, d�une part. De l�autre, je crois qu�il est du droit du public alg�rien de d�couvrir des pi�ces qui appartiennent au patrimoine du th��tral universel.
Concernant le d�cor, pouvez- vous nous en parler ?
Il a �t� confectionn� par un sc�nographe avec qui j�ai l�habitude de travailler, Abderrahmane Za�boubi. C�est lui qui a confectionn� les d�cors des pi�ces que j�ai mises en sc�nes telles que Electre, Ubu roi, Alg�rie du po�te� Cette fois-ci, le pari est tr�s d�licat parce que la pi�ce se d�roule dans un appartement. Et pour un sc�nographe, c�est le pire casse-t�te. J�ai voulu cr�er un espace un peu magique et mental. Je crois qu�on a quand m�me r�ussi � cr�er un espace qui r�pond � cela.
Entretien r�alis� par H. C.

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