Panorama : DECODAGES
L��conomie a besoin de r�formes sociales
Par Abdelmadjid Bouzidi
AbdelmadjidBouzidi@yahoo.fr


L�ann�e 2005, plus que l�ann�e 2004, a connu des mouvements de gr�ve et des d�brayages dans de nombreux secteurs (�ducation, enseignement sup�rieur, transports). Ces protestations �taient organis�es par des travailleurs en col�re, imit�s d�ailleurs, chaque jour, par des citoyens en qu�te de logements ou d�infrastructures de base (routes, eau, gaz, �lectricit�) dans le m�me temps, les assur�s sociaux ne savent plus � quel saint se vouer : l�acc�s aux soins leur est de plus en plus difficile, les remboursements de leurs ordonnances de plus en plus minces, les prestations de service des caisses d�assurances maladie de qualit� de plus en plus mauvaise.
Les retrait�s enfin, ne cessent de crier leurs inqui�tudes devant les incertitudes qui p�sent sur leur caisse. On voit bien qu�il y a l� des signes forts de dysfonctionnement, dans la sph�re sociale. Le syst�me d��conomie de march� autonomise la sph�re �conomique et la soumet � la rigueur financi�re, � la performance et � la comp�titivit�. Du m�me coup, il d�classe les anciennes approches globalisantes qui refusent la dichotomie �conomique/social et qui organisent la gestion de la sph�re sociale � partir et autour de la sph�re �conomique. Dans le cas de notre pays, c�est bien dans l��conomie qu��tait pris en charge le �social� et � aucun moment ce dernier n�a connu de gestion qui lui soit propre. Rappelons-nous : toutes les entreprises publiques (les �soci�t�s nationales� mais aussi certaines entreprises locales) assuraient aux travailleurs et � leurs familles les soins m�dicaux (centres m�dico-sociaux) les coop�ratives de consommation, les loisirs (centres et colonies de vacances) et participaient m�me au financement du sport. Tout cela, en plus bien �videmment de la garantie d�un emploi permanent pour tous ceux qui travaillaient dans quelque secteur que ce soit. Aujourd�hui, sous le r�gne de l��conomie de march� ouverte et concurrentielle qui domine le monde, sous le r�gne de l�orthodoxie financi�re, les Alg�riens d�couvrent la crise de l�Etat-providence et se montrent totalement d�sarm�s pour y faire face. Plus de dix ans d�ajustement structurel n�ont pas fait beaucoup progresser la mutation du syst�me �conomique. Les r�sistances sont fortes et les d�nonciations par les �r�formateurs� des �barons de la rente� n�y ont rien chang�. Le probl�me est beaucoup plus s�rieux. En l�absence d�une nouvelle strat�gie de gestion du champ social plus conforme aux nouvelles exigences �conomiques et financi�res, mais aussi aux aspirations et aux attentes des Alg�riens, les r�formes �conomiques n�avanceront pas beaucoup. Il faut bien que nos �policy-makers� comprennent que la r�ussite de l�ajustement structurel en cours se joue dans la politique sociale. Le dossier de la r�forme du code du travail qui doit rendre le march� du travail plus fluide, doit introduire � la fois de la flexibilit� pour les entreprises mais aussi de la s�curit� pour les travailleurs, le dossier de la Protection sociale notamment dans ses volets s�curit� sociale et retraite qui commencent d�j� � se heurter � d�importants probl�mes de financement, le dossier du pouvoir d�achat � toutes ces questions doivent �tre d�battues avec les partenaires sociaux et des mesures de r�forme trouv�es et appliqu�es. A d�faut, il faudra se r�signer � voir le processus de transition �conomique tra�ner en longueur et en� conflits r�p�t�s. Il est connu que les r�formes �conomiques g�n�rent des co�ts sociaux lourds et ne peuvent progresser que si l�Etat est en capacit� de financer le filet social n�cessaire � l�att�nuation des d�g�ts que ne manquera pas d�occasionner le processus de restructuration de l��conomie. Les r�formes �conomiques n�cessitent donc de l�argent. En cons�quence, il est pr�f�rable de les mener vigoureusement en contexte financier favorable plut�t qu�en situation de contrainte de ressources. Malheureusement, chez nous, l�Etat redevient jacobin, centralisateur et t�tillon chaque fois que la situation financi�re du pays s�am�liore. Le penchant quasi naturel au contr�le de la rente l�emporte sur l�imp�ratif de renforcement de la r�gulation indirecte et de l�allocation des ressources dans le respect des exigences de l��conomie de march�. L�arbitrage du march� n�est mis en avant par les pouvoirs publics que lorsqu�il n�y a rien � distribuer! La situation que nous vivons actuellement illustre parfaitement cet �tat de fait, nous enregistrons un niveau record de r�serves de change, une diminution encourageante de la dette publique interne et externe, des perspectives int�ressantes dans le secteur des hydrocarbures et c�est le moment que choisit l�Etat pour mettre un b�mol aux r�formes �conomiques qui doivent introduire des contraintes d�efficacit�, obliger les entreprises � �tre performantes, pousser les travailleurs � am�liorer leur productivit�, g�rer, sous contrainte, la politique sociale. Nous l�avons maintes fois �crit : les �plans de soutien et autre consolidation de la relance �conomique� sont certes n�cessaires mais ils ne suffisent pas � �sortir d�affaire� notre �conomie. La marge de man�uvre financi�re int�ressante dont dispose l�Etat aujourd�hui doit �tre utilis�e � lancer avec d�termination les r�formes n�cessaires tant dans le domaine du �climat des affaires� que dans celui de la protection sociale que le gouvernement semble avoir compl�tement oubli�. Comment pr�server les syst�mes de S�curit� sociale et de retraite par r�partition en contexte de ch�mage encore bien important et d�informatisation �tendue de l��conomie ? Comment d�poussi�rer le code du travail et rendre plus fluide le march� du travail pour y absorber le maximum de jeunes demandeurs d�emploi ? Comment prendre en charge l�enfance compl�tement d�laiss�e chez nous ? Reconstruire la coh�sion sociale et gagner l�adh�sion des forces vives de l��conomie facilitera, � n�en pas douter, une grande avanc�e dans les r�formes �conomiques. Le d�fi � relever est bien celui de concilier exigences �conomiques et imp�ratifs sociaux. Difficile mais passionnant d�fi.
A.B.

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