Actualit�s : Zarqaoui, fin du parcours classique d�un djihadiste

Apr�s des d�buts contre les Sovi�tiques en Afghanistan, l'islamiste radical Abou Mossab Al Zarqaoui s'est fix� sur de nombreux foyers de guerre, jusqu'en Irak. Son nom est devenu c�l�bre quand le chef du d�partement d'Etat, Colin Powell, l'a nomm�ment cit� au Conseil de s�curit� en 2003 pour justifier les liens entre la mouvance islamiste transnationale et le r�gime de Saddam Hussein.
Depuis lors, sa t�te, mise � prix � 25 millions de dollars, orne les murs des villes irakiennes, notamment celles des villes chiites de Nadjaf, Kufa, Kerbala et les quartiers chiites de Baghdad. M�me dans la mosqu�e d'Ali � Kufa, dans le bureau de Riad Ennouri, l'un des bras droits de Moqtada Sadr, l'imam chiite radical, sa t�te est expos�e avec une inscription demandant aux habitants de cette ville d'aider � le capturer. Car Al Zarqaoui est derri�re la s�rie d'attentats suicides commis entre 2003 et 2005 contre les villes saintes chiites, choisissant particuli�rement le jour de la f�te de l'Achoura, comm�morant le martyre de l'imam Hussein au VIIe si�cle, pour frapper. Il avait �galement revendiqu� les attentats perp�tr�s contre l'ambassade de Jordanie � Baghdad et contre les bureaux de l'ONU en ao�t 2003, qui a co�t� la vie � Sergio Vieira de Mello, l'�missaire sp�cial de Kofi Annan en Irak. De son vrai nom, Fadel Nazel Khalylah, Abou Mossab Al Zarqaoui est n� il y a trente-sept ans � Zarqa, � 25 kilom�tres d'Amman, en Jordanie. Son parcours est celui d'un djihadiste classique, comme l'ont �t� avant lui Mourad Al Afghani et Cherif Gousmi, les chefs du GIA alg�rien. Dans les ann�es quatre-vingt, il part en Afghanistan via Peshawar (Pakistan) pour combattre les Sovi�tiques. A-t-il pris part � cette guerre ? Sans doute. Toujours est-il qu'� l'issue de la chute de Kaboul, il restera en Afghanistan jusqu'en 1995, puis regagne la Jordanie o� il milite dans les rangs de la mouvance islamiste radicale, avant de cr�er un petit mouvement, Jounoud Al Cham (les soldats du Levant), d'ob�dience wahhabite. Apr�s le d�mant�lement d'une cellule islamiste pr�parant des attentats � l'occasion du passage au troisi�me mill�naire, Zarqaoui �chappe � la police jordanienne. Il est condamn� par d�faut � quinze ans de prison, en octobre 2000 au terme du proc�s des 28 membres de cette cellule. Il retourne alors en Afghanistan. Apr�s les attentats du 11 septembre 2001 et l'intervention am�ricaine dans ce pays, Zarqaoui, bless�, dit-on, � la jambe lors des bombardements des grottes de Tora-Bora, quitte � nouveau l'Afghanistan. Via l'Iran, il regagne sous une fausse identit� la Jordanie o� il r�active les cellules islamistes locales. Il organise l'assassinat de Laurence Folley, responsable de l'Agence internationale de d�veloppement (USAID) en octobre 2002, crime pour lequel il est condamn� � mort par contumace le 6 avril 2003. Quand �clate la guerre en Irak, il se rend dans ce pays via le Kurdistan irakien o� l'organisation islamiste kurde, Ansar Al Islam, lui accorde le g�te et le couvert, et ce, avant de s'installer dans le triangle sunnite o� il se met rapidement � l'�uvre. C'est l� qu'il cr�e en mai 2003 Tawhid wal djihad (Unification et guerre sainte), qui dispose d'un site Internet, par le biais duquel sont diffus�s ses �crits politico-th�ocratiques, des films vid�o montrant des attaques contre les forces am�ricaines et irakiennes et, surtout, ces ex�cutions par d�capitation de personnes de toutes nationalit�s et de toutes confessions religieuses qui constituent sa �marque de fabrique�. Disposant de quelques centaines de combattants, dirig�s par neuf �mirs Tawhid wal djihad, qui se transforme en 2004 en branche irakienne de la Qa�da, est d'une efficacit� redoutable, tr�s bien renseign�e sur les mouvements des forces am�ricaines et irakiennes, y compris les personnalit�s gouvernementales. Cette organisation est derri�re l'attentat suicide qui a co�t� la vie en mai 2004 au pr�sident du Conseil int�rimaire du gouvernement irakien, Izzedine Salim. Les multiples offensives am�ricaines contre Fallouja et Ramadi n'ont pas eu raison de son mouvement. Zarqaoui avait quitt� les lieux avant que Fallouja soit occup�e, laissant les nationalistes seuls face aux Marines. Une bataille, notamment celle de novembred�cembre 2004, qui s'est sold�e par la mort d'une centaine de Marines et de GI�s dans le triangle sunnite. Zarqaoui aurait �t� trahi par l�un des membres de son organisation. Mais toujours est-il que par ses m�faits, il s�est isol� de l�aile nationaliste irakienne. Sa derni�re vid�o diffus�e en avril 2006, la seule o� on le voit se posant comme chef de l�insurrection irakienne, n�avait d�autre but que de montrer qu�il gardait la main. Car l�aile nationaliste de l�insurrection irakienne n�avait pas h�sit� � le combattre, le contraignant � quitter la r�gion d�Al Anbar pour aller se r�fugier vers Baqouba. C�est donc un homme isol� qui a �t� tu�. Et sa mort ne signifie nullement un d�but de sortie de crise en Irak, tout comme on ne peut r�duire l�insurrection irakienne aux seuls islamistes radicaux. C�est ce qu�a reconnu jeudi matin le commandement en chef des forces am�ricaines, le g�n�ral George Casey. En effet, tant que durera l�occupation am�ricaine, la guerre continuera.
Hassane Zerrouky

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