Panorama : LETTRE DE PROVINCE
Les path�tiques pantalonnades de H. H. C. and Co
Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr


� Mais enfin, ces messieurs de la t�l�vision sont-ils un seul instant s�rieux dans leurs propos quand ils affirment avoir fait ce qu�il fallait pour assurer la retransmission du Mondial et qu�ils sont victimes d�un embargo ? De plus, sont-ils les mieux qualifi�s pour stigmatiser les monopoles transnationaux sur l�image, quand eux-m�mes ne vivent localement que de cette exclusivit� politiquement octroy�e ? Allons donc, cette histoire est vraiment �abracadabrantesque�, comme disait, sur d�autres sujets, un chef d�Etat �tranger mais de vieille fr�quentation avec nos dirigeants.
Le sieur H. H. C. et son directeur des sports racontent, depuis dix jours, des sornettes afin de maquiller une incomp�tence crasse et gommer les torts qu�ils occasionnent aux t�l�spectateurs alg�riens et � la notori�t� ext�rieure du pays. Qu�un cheikh levantin ait r�ussi � acqu�rir des droits sur une comp�tition sportive de cette taille n�est pas un fait r�cent jusqu�� contraindre une t�l� nationale � n�gocier dans l�urgence. ART a, comme on le sait, acc�d� au �packaging� t�l�visuel du football mondial en 2002 ; et depuis cette date, ce bouquet leader est le vis-�-vis incontournable dans tout l�espace arabe. Par ailleurs, notre in�narrable ENTV ne fait-elle pas des affaires avec lui, en lui conc�dant hebdomadairement des droits sur notre m�diocre Championnat de football moyennant quelques milliers de dollars ? Par voie de cons�quence, les managers alg�riens n�ont jamais �t� dans l�ignorance des r�gles, qui r�gissent tous les droits et les proc�dures pour y acc�der. Il est dans les bons usages commerciaux qu�une ann�e au moins avant l��v�nement, les t�l�visions hertziennes concern�es par tel ou tel sous-traitant de la FIFA dans la r�gion (le monde arabe) prennent langue avec lui, examinent toutes les possibilit�s et concluent selon les int�r�ts r�ciproques. A l��vidence, cela n�a pas �t� le calendrier de l�ENTV qui, en derni�re minute, criera � la spoliation et abusera l�opinion sportive en usant de toutes les ficelles mensong�res. Econduits pour d�loyaut� ancienne (souvenons-nous de la scabreuse gestion de la Can 2004 en Tunisie et des ridicules commentaires en fran�ais r�alis�s par des reporters arabophones) - ces m�mes managers multiplient aujourd�hui les explications sp�cieuses et surtout les inepties �pistolaires. La correspondance du responsable du service des sports adress�e � Blatter, le pr�sident de la FIFA, est un chef-d��uvre d�incongruit� et de ridicule. Le sieur Hafid Derradji a m�me rendu publique cette missive avec une c�l�rit� inhabituelle, lui qui travaille dans une �maison � o� la r�gle d�or est la lenteur conjugu�e au secret. Et que ditelle cette lettre alibi ? Elle sollicite un fantasmatique arbitrage de cette institution sportive en se pr�valant d�un certain article 5 des r�glements g�n�raux ! Voil� un argument renversant qui confond tout, les r�gles organiques et les strat�gies de marketing. Dans le jargon des p�dagogues, cela s�appelle ��tre hors sujet�, sauf qu�une telle copie risque de produire un lamentable effet � Zurich aupr�s des juristes de la FIFA. Au lieu de s�abstenir plut�t deux fois qu�une de s�agiter avec une mauvaise foi �vidente, ce duo, qui g�re m�diocrement cet organisme dit public, discr�dite d�finitivement l�Etat qui le contr�le et met � nu sa propre imp�ritie. L�affolement qui s�est empar� de l�ensemble de l�appareil d�Etat � la perspective d�une col�re sociale d�un autre genre (n�a-t-on pas d�j� entendu : pas de Mondial pas de soins au Val-de-gr�ce) indique � son tour que m�me les tartarinades les plus r�currentes finissent toujours par confondre leurs auteurs. C�est-�-dire que l�on voit mal o� r�side la rigueur de l�Etat dont ils se gargarisaient d�s lors qu�ils n�h�sitent pas � faire appel aux piteux rafistolages et � la mesquinerie du rattrapage. Ces cartes ART, que l�on importe dans l�urgence comme au temps des programmes anti-p�nurie qui permirent � toute une g�n�ration de red�couvrir les frites ou les rago�ts, �voquent les m�mes r�flexes d�improvisation. Celui d�un Etat inapte � anticiper et � administrer dans l�ordre. Nous sommes � nouveau dans le populisme qui se nourrit de la crainte des mouvements sociaux et op�re par la charit� de la peur et non dans la juste �quit� des droits. Encore que cette histoire de disponibilit� miraculeuse des abonnements n�est pas sans soulever quelques questions. Se brancher sur le Mondial pour 2000 DA ressemble d�j� � une escroquerie. A la fois financi�re et politique, elle d�pouille le porte-monnaie du smicard et en m�me temps recharge les accus de la d�magogie rituelle. Le quotidien El-Moudjahid y a d�j� fait sa manchette en insistant lourdement sur la bienveillance du pr�sident qui aurait donn� des directives en ce sens. Au m�me moment, quelques ministres parmi les plus z�l�s des courtisans se consacrent joyeusement � diffuser la bonne nouvelle. Cependant, m�me si elle est provisoirement disqualifi�e, la t�l�vision d�Etat ne peut pas et ne doit pas �tre lav�e de toute responsabilit� dans ce pr�judice social. En effet, quelle que soit la mani�re dont ils voudront �vendre� l�op�ration, c�est � l�esbroufe de la �subvention� qu�il faut s�arr�ter. Tous les sp�cialistes affirment le contraire et n��cartent pas le fait qu�il y aurait m�me des marges b�n�ficiaires. Dans le meilleur des cas, ils admettent que les Alg�riens payeront le prix co�tant du fournisseur. Or, le t�l�spectateur est parfaitement dans son droit d�exiger du secteur audiovisuel qu�il prenne � son compte les effets induits par cet ��cran noir�, au pr�texte qu�� travers la redevance qu�il paye r�guli�rement (les factures de Sonelgaz), il a le droit � une prestation au moins identique � ce qui se fait sous d�autres latitudes. Qu�est ce � dire, si ce n�est qu�� d�faut d�un signal lib�r� par ART au profit de l�ENTV et qui lui aurait assur� la gratuit� des matches, c�est � la t�l�vision nationale de financer le d�cryptage personnalis� en puisant dans ses fonds propres le co�t du million de cartes et en les distribuant gratuitement � travers les canaux administratifs du pays. Les cha�nes g�n�ralistes et hertziennes obtemp�rent toutes � un cahier des charges rigoureux. Quelles soient publiques et donc financ�es en grande partie par la redevance, ou bien priv�es tirant leurs profits de la publicit�, toutes ont d�abord le souci de fid�liser le t�l�spectateur. Il est m�me un devoir plus contraignant qui encadre le service public, celui de l�obliger � la totale transparence. L�ENTV ignore cette �thique et se r�v�le peu pr�occup�e du confort de ceux qui la financent. Le feuilleton de ce Mondial n�est-il pas r�v�lateur de l�amateurisme de ses dirigeants ? D�j� qu�elle n�a pas bonne presse dans les foyers, les jours ordinaires, la voici d�finitivement zapp�e par les derniers carr�s de t�l�spectateurs qui n�avaient que le football pour rendre aimables des existences mornes. Et puisqu�il faut aux Alg�riens �payer pour voir� un Mondial, ils le feront mais en d�couvrant en m�me temps la lente clochardisation d�un Etat dans lequel ils se reconnaissent de moins en moins.
B. H.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable