Actualit�s : Contribution
LA REPUBLIQUE DU TROU OU
Les sept p�ch�s capitaux de la r�publique couscoussi�re
Par Mohamed ABASSA
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Prologue: plantons le d�cor. Quel rapport entre un couscoussier, l�ustensile le mieux partag� des Alg�riens, et son �ponyme politique, la r�publique couscoussi�re ? Aucun ; sauf les trous, oui les trous et rien d�autre. La R�publique alg�rienne d�mocratique et populaire est, par analogie d�risoire, la cousine germaine de l'ustensile le plus utilis� des Alg�riens, le keskes, superbe invention de tous les temps, cribl� de trous, une base bouillonnante, un sommet fumeux et fumant, un enjeu semoulier, que M. Tou conna�t si bien, contraint par la chaude pression � la cuisson oblig�e.
La r�publique alg�rienne d�mocratique et populaire fonctionne � peu pr�s de la m�me mani�re : mettez un peuple dans un keskes � trou unique, le FLN, serrez le contour ventral, plein feu, laissez mijoter pendant 44 ans, confiez la cuisine politique � tous les chefs successifs du FLN depuis 1962 et vous aurez ceci: des trous, des trous, partout des trous et � perte de vue. Des millions, des milliards de trous. Sahara for� cribl� de trous, trous dans les deniers publics, dans les cimeti�res ; deux cents mille nouveaux trous, dans les budgets, dans les consciences, m�moires, histoire, routes, corps, urnes, culture et patrimoine, dans les banques, le foncier, et j�en passe, partout o� porte le regard pour d�cliner au plus droit, au plus vrai, il tombe toujours sur ou dans un trou. C'est la r�publique du trou, par�e des vertus trop souvent affirm�es de ses propres d�ficits; de ses propres atrophies : d�mocratique et populaire, affirme- t-on sans honte; �pigraphe ind�cemment pompeuse mais la plus r�p�t�e et la plus mensong�re que l�Alg�rie officielle ait jamais produite. Ce qui me conduit naturellement � �noncer le tout premier p�ch� capital, le premier gros trou, un gouffre.
P�ch� capital N�1: tous les pays cr�ent des richesses, l�Alg�rie mange les siennes.
Des richesses mat�rielles :
Tous les pays du monde produisent des richesses, l�Alg�rie, elle, mange les siennes. Le tout petit Maroc transforme sa fum�e (kif) en richesses souvent d�origine alg�rienne (tracteurs, camions, carburant, cheptel, caf�, semoule, p�tes, m�dicaments, etc. etc. partent au Maroc et en Tunisie). L�Alg�rie, elle, gr�ce aux g�nies et g�nisses qui la gouvernent comme nous le savons, transforme ses richesses en fum�e. Question � un trou : o� finissent donc les milliards des trous p�troliers ? J�avance une estimation construite sur la base des chiffres des troueurs officiels de la R�publique : 40% dans les trous buccaux donc dans les trous d��gouts (la bouffe), 40 % pour maintenir en place les ronds de cuir du r�gime et les trous noirs du syst�me, 20 % retournent �videmment en divers trous de chippate, c�est-�-dire dans les banques �trang�res en r�tribution des loyaux services des g�nies et g�nisses qui vendent et bradent tous les jours ce pays qui est le n�tre. La grande Alg�rie offre gracieusement, par la contrebande connue, � ses petits voisins tunisiens et marocains plus de cinq milliards de dollars d�invisibles par an en contrepartie de rien du tout ; tout au plus de la fum�e et autres produits d�riv�s qui inondent nos bazars, nos trottoirs et nos bars. Que font nos douaniers ? nos policiers ? nos militaires ? notre Etat ? notre joli FLN qui dit toujours si bien nous d�fendre ? Rien. Personne ne voit rien ; la grande sieste qui porte et pr�pare � manger tranquillement la chose, la rente frontali�re qui fait si mal au pays. Par ailleurs, ces petites gens qui nous gouvernent nous disent toujours et souvent combien de dollars ces beaux et tr�s beaux �trangers investissent en Alg�rie. Mais, nous disent-ils, combien de dollars ces m�mes �trangers prennent et exportent d�Alg�rie ? L�honorable et distingu� ministre Chakib Khelil peut-il nous dire en particulier combien ses amis texans gagnent et exportent de dollars pill�s du p�trole alg�rien ? Dites-le-nous, Monsieur le Ministre, combien Dick Cheney, Rumsfeld, Haliburton, Bush, gagnent en Alg�rie sans nous faire de guerre, sans envoyer leur armada ? Dites-le-nous, Monsieur Khelil, juste pour savoir. Parce que, quand il n�y aura plus de p�trole, plus rien � manger pour nos petits enfants, ces grands pr�dateurs retrouveront leur Am�rique, leur Texas, leur ranch et leur Banque mondiale ; le malheur de l�humanit�. Y-a-t-il quelqu�un, au nombre et au d�bit de ceux qui ont dirig� ou dirigent encore ce pays, qui peut nous dire, nous renseigner sur l�usage qui a �t� fait des mille milliards de dollars de 40 ans de recettes p�troli�res ? Vous qui vocif�rez et mentez chaque jour davantage dans vos discours r�p�titifs de r�ussites et d�apoth�oses diverses, parlez, r�pondez, dites ce que vous avez fait de l�Alg�rie avec ces mille milliards de dollars ? Un gros trou que tout le monde ou presque cherche � quitter, � fuir � tout prix. Du ministre qui r�ve de devenir ambassadeur (alors que partout ailleurs un ambassadeur r�ve de devenir ministre) au harrag d�muni qui risque sa vie, aux �lites d�class�es ; tous veulent quitter ce pays que mille milliards de dollars ont d�figur�, vid�, sali, d�voy�, saign�. Messieurs les gestionnaires de ce pays, s�il vous reste un seul petit gramme d�honneur, r�pondez � cette question. Aucun gestionnaire de ce pactole de mille milliards de dollars ne parlera, ne r�pondra, parce que l�Alg�rie a produit un syst�me unique au monde que r�sume parfaitement ce slogan �ce n�est pas moi, c�est l�autre�. Partout dans le monde, la droiture est la r�gle ; la corruption est l�exception. En Alg�rie, c�est l�exact contraire, la corruption est la r�gle, une culture de gouvernance bien �tablie. Vous souvenez- vous ? Le pr�sident Bouteflika, de New York, a trait� le gouverneur d�Alger de voleur ; un mois apr�s, il en fera son ministre. Allez comprendre ces curiosit�s alg�riennes. On garde en m�moire ce ministre qui s��tait rendu incognito � P�kin pour empocher sa chippa, un autre l�avait d�j� prise.
Des richesses humaines :
Dans tous les pays normaux, la premi�re richesse est l�homme. Car c�est bien lui qui cr�e la richesse, toutes les richesses. C�est pourquoi, dans tous les pays normaux, �lites, cadres et cerveaux exil�s cherchent � rejoindre � tout prix leur pays. En Alg�rie, c�est l�exact contraire qui s�y passe. Durant les 30 derni�res ann�es, on �value � cent mille cadres et chercheurs qui ont quitt� le pays. Durant la seule derni�re d�cennie, ce sont 45 000 Alg�riens de niveau sup�rieur qui se sont expatri�s. A l�oppos�, durant la m�me p�riode, le Maroc et la Tunisie ont enregistr� respectivement 1200 et 2300 d�parts contre 20 000 retours, soit un gain de 16 500 cadres de haut niveau. Chaque ann�e, ils sont cent mille Alg�riens � demander � devenir Fran�ais, soit 500 000 individus si on devait inclure les membres de leurs familles. A ce rythme, dans 20 ans, c�est toute l�Alg�rie qui serait fran�aise. Moralit� : quand des cancres g�rent et dirigent un pays, il est irr�versible que s�appliquent et se potentialisent mutuellement les lois de Gresham et de Peter �la mauvaise monnaie chasse la bonne et les cancres r�gnant chassent les �lites�. C�est exactement ce qui arrive � l�Alg�rie. Quel ministre alg�rien, quel DG ou Pdg, quel cadre sup�rieur de la Fonction publique, quel cadre dirigeant est choisi sur la base de ses comp�tences, de son exp�rience, de son talent ? AUCUN, sauf rares exceptions. Et il y en a. C�est g�n�ralement le clan, la r�gion, la tribu, la ville, le quartier, le village, la chippaet d�une mani�re g�n�rale le principe de Sarrouy & Karoui qui pr�sident au choix des cancres qui g�rent le pays. Quand un pays aussi riche que l�Alg�rie perd ses hommes et ses �lites, il devient in�vitable que les fermiers texans et fran�ais produisent notre pain � aux si�cles derniers, le fellah alg�rien nourrissait 5 familles : la sienne, 2 en ville et 2 �trang�res, aujourd�hui le fellah alg�rien n�arrive pas � se nourrir � il devient in�vitable aussi que des Chinois venus de si loin construisent nos maisons (l�oiseau qui ne sait plus faire son nid est appel� � mourir) que des Egyptiens nous apprennent � t�l�phoner, que des petits Cor�ens nous apprennent � manier un tournevis, que des Russes nous apprennent � nous d�fendre, que des khemmassa marocains produisent nos past�ques et oignons, que, que, que� L�Alg�rie des traceurs de routes, de poseurs de rails, de perceurs de tunnels, de couleurs de b�ton, d�acier et de fer, de penseurs, de grands �crivains, de grands journalistes, de grands sportifs, de Madjer et de Belloumi, cette Alg�rie-l�, comme l�Atlantide, a disparu. L�Alg�rie actuelle, l�Alg�rie officielle de 2006, revient au syst�me esclavagiste de la concession p�troli�re, offre des bases militaires et fait des man�uvres avec ceux qui massacrent tous les jours nos fr�res irakiens. Ce p�ch�-l� est impardonnable.
P�ch� capital N�2 : le pouvoir donne la richesse :
Dans les pays normaux, c�est la richesse (mat�rielle, intellectuelle) qui conduit au pouvoir. En Alg�rie, c�est le pouvoir qui donne la richesse. Regardez tous ces va-nus-pieds que le pouvoir a rendus milliardaires. Dans les pays normaux, le Vietnam, les USA, la France, Cuba, le Japon, le devoir accompli ne donne droit � aucun privil�ge, aucune rente, aucune promotion. Regardez autour de vous, tous ces malfrats que la pratique du pouvoir a rendus riches et puissants.
P�ch� capital N�3 : le pouvoir d�abord, les �lections apr�s :
Dans tous les pays normaux, on fait des �lections et apr�s on prend le pouvoir. En Alg�rie, on prend d�abord le pouvoir et apr�s, bien apr�s, on bricole des �lections. Le cas Bouteflika n�est pas une exception. Pour ses deux �lections, le pouvoir �tait d�j� pris et bien pris par lui et par ceux qui l�appuient.
P�ch� capital N�4 : On donne des secteurs aux hommes comme nagu�re on distribuait des duch�s :
Dans tous les pays normaux, quel qu�en soit le r�gime, ce sont des grands hommes et des grandes dames qui sont vers�s dans les secteurs qu�ils sont appel�s � diriger. La comp�tence est le premier crit�re pour le choix des hauts responsables d�Etat. En Alg�rie, comme toujours, c�est l�exact contraire qui se pratique. On donne des secteurs aux hommes comme nagu�re on distribuait des duch�s et des comt�s � des marquis et marquises. Voyez qui dirigent nos grands minist�res ? En Papouasie et en Mongolie ext�rieure on fait moins pire.
P�ch� capital N�5 : l�arm�e garante de la permanence du r�gime r�publicain :
Dans tous les pays normaux du monde, c�est l�Etat qui garantit le caract�re r�publicain de l�arm�e. En Alg�rie, c�est l�arm�e qui garantit le caract�re r�publicain de l�Etat et de ses institutions ; � sa fa�on, bien s�r.
P�ch� capital N�6 : le peuple travaille pour les �lus :
Tous les �lus des pays normaux du monde travaillent pour leur peuple. En Alg�rie, c�est le peuple qui travaillent � l�enrichissement de ses ��lus�. Regardez autour de vous, tous ces gueux et divers aventuriers que l�urne a enrichis. Souvenez-vous comment notre belle et propre APN a r�agi sur la loi anti-corruption. Naturellement, il ne faudrait pas g�n�raliser le ph�nom�ne. On rencontre parfois de braves et honn�tes �lus.
P�ch� capital N�7 : le taxi :
Ce p�ch�-l� est plut�t mignon. Jugez-en. Dans tous les pays du monde y compris en Papouasie et en Mongolie ext�rieure, le taxi vous conduit l� o� vous voulez. En Alg�rie, le taxi vous conduit l� o� il veut lui. Le taxieur alg�rien ne fait donc pas pire que l�Etat qui le contr�le.
M. A.



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/22/article.php?sid=40116&cid=2