Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
�Poudre aux yeux�


Par Hassane Zerrouky George Corm, l�historien libanais, n�y est pas all� avec le dos de la cuill�re lorsqu�il a qualifi�, dans un entretien � L�Humanit�, les divergences entre Paris et Washington au sujet du Liban de �poudre aux yeux�, et de �d�sinformation� les articles paraissant dans les m�dias occidentaux r�duisant la guerre du Liban � un conflit entre Isra�l et le Hezbollah.
La cr�ation de ce dernier, qui, selon l�historien libanais a fait sa mue politique au cours des derni�res ann�es, en se transformant en un parti politique, s�est produite dans des conditions socio-historiques auxquelles Isra�l n�est pas tout � fait �tranger. Quand l�Etat h�breu a envahi le Liban en 1982 � �poque o� le Hezbollah n�existait pas � il a fait �le vide en d�capitant les partis la�ques et de la gauche libanaise� dans le Sud- Liban, d�portant 1600 cadres et militants apr�s avoir liquid� le reste. Les Isra�liens, indique-t-il, �ont fait le vide et laiss� s�implanter le Hezbollah en pensant qu�un parti affichant une banni�re religieuse serait plus pratique pour eux�. En fait, Isra�l a r��dit� au Liban le m�me sc�nario que celui r�alis� � Ghaza dans les ann�es 70 quand il avait d�capit� physiquement le FPLP de George Habache et le FDPLP de Hawatmah, encourageant ouvertement la branche palestinienne des Fr�res musulmans, qui allait donner naissance au Hamas, � se d�velopper. En ces ann�es 70/80, les Etats-Unis jouaient la carte islamiste contre les r�gimes arabes dits �progressistes �, alli�s � leurs yeux � l�ex-URSS, pour contrer la menace �communiste� sur la r�gion. Oussama Ben Laden avant qu�il ne se retourne contre ses ma�tres am�ricains, n��tait-il pas � cette p�riode un pion de la CIA contre le r�gime pro-sovi�tique de Najibullah en Afghanistan ? Qa�da, Hezbollah et autres mouvements islamistes ne pr�sentent-ils pas aussi l�avantage d��tre des �repoussoirs� et de justifier par avance �la guerre contre le terrorisme� de Bush et Blair ! En bref, on ne le r�p�tera jamais assez, l�islamisme dans sa version chiite ou salafiste ne serait pas ce qu�il est aujourd�hui sans l�appui apport� par les Etats-Unis entre 1960 et 90, et sans l�existence des conditions propices � son essor que sont, en premier lieu, l�autoritarisme des r�gimes arabes dits �progressistes�, la corruption et le n�potisme, lesquels de surcro�t n�ont pas h�sit� � l�instrumentaliser contre les organisations d�mocratiques et de gauche. Ces derni�res, qui devraient se livrer � un examen de conscience, ne sont pas exemptes non plus d�erreurs ayant permis son expansion ! Revenons au Liban. Apr�s avoir �chou� � provoquer une guerre interconfessionnelle � c��tait l�un des objectifs de l�offensive isra�lienne �, Isra�l a finalement obtenu l�effet inverse du but recherch�. Loin d��tre d�capit�, le Hezbollah est devenu par la force des faits le symbole de la r�sistance libanaise. Dans le monde arabomusulman, il appara�t comme le mouvement tenant t�te � la plus puissante arm�e du Proche- Orient, alors que par ailleurs les r�gimes arabes assistent presqu�en spectateurs impuissants � la destruction du Liban. Bien qu�on ne soit pas en mesure d��valuer les cons�quences � venir de cette situation, notons seulement que les pays arabes ne paraissent pas press�s de voler au secours du Liban, se contentant du �service minimum �. Les larmes � il n�avait sans doute que �a pour plaider la cause de son pays � du Premier ministre libanais Fouad Siniora, n�ont eu pour seul et unique r�sultat que l�envoi d�une d�l�gation de la Ligue arabe � New York pour convaincre le Conseil de s�curit� de l�ONU d�accepter les amendements de Beyrouth � la r�solution franco-am�ricaine en trompe-l��il sur le Liban. Reste � savoir si Washington, qui d�tient les cl�s de la situation, va y donner suite. Une chose est s�re, en d�cr�tant un embargo p�trolier en 1973, les pays arabes avaient su montrer leur force et leur d�termination. C��tait alors une autre �poque !
H. Z.

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