Panorama : KIOSQUE ARABE
L�adieu � Pluton et au jeudi
Par Ahmed HALLI
halliahmed@hotmail.com


Pendant que les groupes d�sarm�s de la la�cit� r�siduelle attendent l'improbable retour au week-end universel comme d'aucuns attendent le Mehdi, d'autres avancent. Les Emirats arabes unis et Bahre�n ont adopt� le repos hebdomadaire du samedi. Ce n'est pas tout � fait �a mais c'est mieux que les espoirs insens�s formul�s de-ci de-l�.
Les �mirs ont donc donn� le signal de ce qui pourrait �tre un mouvement de remise en cause des acquis. Certes, la sacro-sainte journ�e du vendredi n'est pas remise en cause mais elle perd le jeudi, ce qui n'est pas rien. Mais il faudra compter avec les autres acquis plus irr�versibles que ceux du socialisme, comme le droit au bruit et au franchissement des lignes continues (1). Nous qui avons adopt� le week-end islamiste par volont� de suivre les autres, ferons-nous le m�me chemin cette fois-ci ? Aurons-nous enfin un jour de repos moins lugubre et moins ennuyeux ? Nous avons h�las une trop forte r�sistance aux changements salvateurs. D'accord pour la prolongation du permis de tuer � points, d'accord pour �touffer les protestations des victimes du terrorisme mais pour le reste. Comment se r�soudre � sacrifier le jeudi qui est apr�s tout la veille du vendredi et donc son passage oblig� ? C'est d'ailleurs ainsi que l'a compris cet imam du vendredi qui a �t� le seul � manifester publiquement son opposition � la suppression du jeudi. C'est du moins ce qu'avance le quotidien Al-Khalidj qui a salu� l'�v�nement samedi dernier. "D�sormais, le samedi est une journ�e sympathique et ch�re � nos c�urs, contrairement � l'opinion que nous en avions." A en croire notre confr�re, tout le monde est content dans les Emirats � l'exception de cet imam grognon de Bahre�n confin� dans l'anonymat par le quotidien. Pour expliquer son hostilit� au nouveau week-end qui coupe la poire en deux, il n'a pas invoqu� le Coran ou des Hadiths oubli�s. Il a us� simplement d'une logique, disons cart�sienne, en avan�ant cette explication limpide : il est contre la suppression du jeudi parce que c'est devenu une journ�e de travail ordinaire. Or, c'est ce jour-l� qu'il pr�pare son sermon du vendredi. Nous ne mettrons pas cet imam dans la g�ne en lui demandant ce qu'il fabrique durant ses journ�es de travail. Quant aux autres cat�gories professionnelles, il semble que l'opposition au changement ait �t� assez forte chez les fonctionnaires des Emirats, rapporte Al-Khalidj. Une consultation organis�e par le gouvernement il y a quelque temps a montr� une majorit� favorable au maintien du week-end arabo-islamique. Certains ont vu dans le projet de changement un r�sultat de l'accord de libre-�change entre les Etats-Unis et Bahre�n. D'autres sont all�s beaucoup plus loin en d�non�ant le "complot contre l'Islam" qui vise � supprimer le vendredi. En d�pit de ces consid�rations, le gouvernement a opt� pour le passage en force et a d�cid� de mettre en application le nouveau week-end d�s le 1er septembre. Ce qui fait dire au quotidien des Emirats que les autorit�s ont agi suivant le principe cher aux gouvernants arabes : "Dites ce que vous voulez, nous ferons ce que nous voudrons." Et notre confr�re de noter que la d�cision est sans doute mieux pass�e parce que tout le monde a eu droit � un week-end de trois jours avec le dernier jeudi du mois d'ao�t. Alors, � vos agendas, messieurs les d�cideurs ! La suppression du jeudi, jour de repos, dans les Emirats suit d'ailleurs de pr�s la disparition de Pluton du syst�me des plan�tes. L'�viction de Pluton met Zaghloul Nadjar dans une position intenable en battant en br�che ses th�ories fumeuses sur le cosmos et l'univers. Pour les non-initi�s, Zaghloul Nadjar se pr�sente comme astrophysicien et d�fend la th�orie du Coran, livre de recettes scientifiques. Il pr�voit notamment, sur la base de sa lecture personnelle du Coran, que les d�serts du Moyen- Orient reverdiront un jour. Ces "v�rit�s scientifiques" du Coran, dites par Nadjar, sont fortement contest�es par le journaliste et �crivain �gyptien Khaled Mountassar. Ironisant sur les r�cents d�boires t�l�visuels du pseudo-scientifique, notre confr�re note que Zaghloul Nadjar a essuy� un premier �chec avec son pseudoenregistrement du son produit par l'�toile du matin (Tarek en arabe). Il affirme, en effet, avoir �t� le seul �tre au monde � r�ussir un enregistrement du bruit occasionn� par le passage de cette �toile. Ces �lucubrations ont �t� r�fut�es par des scientifiques renomm�s qui ont oppos� � Nadjar l'impossibilit� d'entendre de pareils sons dans l'espace et, a fortiori, de les enregistrer. Impitoyable, Khaled Mountassar, ajoute: "Comme si cet �chec ne suffisait pas pour l'abattre, un coll�ge de scientifiques mondiaux lui a donn� le coup de gr�ce. Il a exclu Pluton de notre syst�me plan�taire pour "d�linquance" (2). Or, Zaghloul Nadjar a �tay� sa th�orie des "Onze plan�tes" par la Sourate de Joseph (3)." "Or, rappelle Khaled Mountassar dans le magazine Elaph, il y a � peine trois mois, et suivant les m�mes th�ories, Zaghloul Nadjar affirmait dans Al- Ahramque le syst�me des plan�tes �tait immuable et qu'on ne pouvait ni y ajouter ni en retrancher. Or, les scientifiques de Pragues ont prouv� le contraire : on peut ajouter des plan�tes et on en ajoutera." "Il reste, souligne encore Mountassar, que le Dr Zaghloul Nadjar nous met dans une f�cheuse posture avec ses "th�ories miraculeuses". Il �tablit un lien forc� entre la religion qui ne conna�t que des r�ponses et la science qui pose sans cesse des questions. La religion est conviction et la science est doute et rien ne sert de m�langer les deux. Sinon, nous risquons de tomber dans le doute religieux avec les bouleversements que causent Zaghloul Nadjar et les tenants du "miracle scientifique". Le miracle du Coran tient dans ses id�es r�volutionnaires qui vivront et non pas dans ses th�ories scientifiques qui changeront n�cessairement. "Les tenants du miracle scientifique se servent de la religion et l'exploitent dans les supermarch�s et les congr�s du "miracle". Ils vendent l'illusion selon laquelle nous sommes les meilleurs et les plus forts, que l'avanc�e de l'Occident n'est que le r�sultat de nos d�couvertes contenues dans nos livres. C'est une vraie trag�die que les marchands de religion soient trait�s comme des stars et que les vrais d�fenseurs de la religion soient montr�s du doigt et deviennent sujets � anath�mes, conclut Khaled Mountassar. Effectivement, les sp�cialistes du "business" religieux imposent leur domination aux m�dias et exercent une influence n�faste sur des masses de plus en plus subjugu�es par le mensonge et la flagornerie. Ce n'est toutefois pas un hasard si les charlatans et les flatteurs de m�moires prosp�rent un peu partout sur les cha�nes satellitaires et dans les journaux. Pour notre cons�ur �gyptienne Le�la Latr�che, les vrais responsables sont les gouvernants arabes. Ce sont eux qui encouragent syst�matiquement l'implantation et la propagation des id�es fondamentalistes.
A. H.
(1) Pour vous donner une id�e, voici un fait v�cu : un jeune brandit une cam�ra � l'int�rieur d'un mausol�e. Le gardien l'interpelle en lui disant qu'il est interdit de filmer. C'est interdit, r�p�te-t-il, en arabe et, doutant du peu d'effet de son intervention, il ajoute: "C'est Haram". Le jeune obtemp�re illico. Qui oserait enfreindre un tel �dit ?
(2) En attendant que Zaghloul Nadjar soit exclu du monde scientifique pour charlatanisme et pratique ill�gale du commerce de la religion.
(3) "J'ai vu onze �toiles, le Soleil et la Lune; oui, je les ai vus se prosterner devant moi" (Sourate XII).

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