Panorama : LETTRE D�ESPOIR
Adieu La Havane, ce n��tait qu�un r�ve�
Par Ma�mar FARAH
farahmaamar@yahoo.fr


Face � la terreur et au chantage imp�rialistes, le silence et les courbettes sont le meilleur moyen de sauver sa peau et celle de son r�gime. Cela, les directions des pays arabes � qui n�ont g�n�ralement aucune assise populaire et ne se maintiennent que par une f�roce r�pression �, l�ont tr�s bien compris. La derni�re preuve, s�il fallait encore en fournir, est le comportement indigne des dirigeants arabes lors de l�agression isra�lienne contre le Liban.
Face � la d�ferlante de feu qui embrasait tout un pays, provoquant d�importantes pertes humaines et des destructions massives dans l�infrastructure et l��conomie, peu de responsables en poste ont os� d�signer le v�ritable coupable, l�ordonnateur de ces massacres, celui qui, apr�s l�Afghanistan et l�Irak, a d�cid� de poursuivre sa politique de liquidation des r�sistances qui s��l�vent, �a et l� dans le monde arabo-musulman, pour faire obstacle � ses plans machiav�liques ! L�attaque du Liban est un �pisode � certainement pas le denier � dans la mise en place de ce nouveau Moyen-Orient qui doit devenir un ensemble de petits pays � base communautaire ou religieuse, sans force r�elle, sans �paisseur civilisationnelle ; proie facile pour l�Am�rique et son gendarme local : Isra�l. Le seul homme d�Etat ayant parl� clairement jusque-l� �tait Bachar El Assad qui n�a pas m�ch� ses mots pour d�signer le v�ritable auteur de ce g�nocide et �clairer l�opinion nationale et internationale sur l�ampleur du plan mis en place. Alors que certains �amis� de Washington se sont empress�s de d�signer le Hezbollah comme l�agresseur et de montrer du doigt la Syrie et l�Iran, Bachar rappelait � tous que ce sont ni l�aviation syrienne, ni l�aviation iranienne qui ont tu� plus d�un millier de civils ! Pourtant, dans cette p�riode de flou qui a suivi les premi�res escarmouches entre le Hezbollah et Isra�l et le d�luge de feu qui en d�coula, le pr�sident Abdelaziz Bouteflika avait exprim� des id�es qui, sans �tre r�volutionnaires, tranchaient avec le discours officiel arabe. Sa position vis-�-vis de la r�sistance �tait on ne peut plus claire. Il lui rendait un hommage appuy� que l�on ne retrouvait que chez les Syriens et les Iraniens. Bien s�r, quand l�issue du conflit tourna au profit de la r�sistance libanaise, les voix saluant le courage et l�h�ro�sme des miliciens du Hezbollah furent plus nombreuses ! Ces positions alg�riennes claires et sans ambages, contenues dans une interview donn�e par M. Bouteflika � deux revues libanaises, n�eurent pas l��cho qu�elles auraient d� avoir pour deux raisons au moins : l�absence physique du pr�sident en r�duisait l�impact. En outre, aucune critique directe n��tait formul�e contre les Etats-Unis. Il semblait difficile au pr�sident Bouteflika, devenu un alli� s�r et m�me un �ami� des Am�ricains, de les d�signer comme les v�ritables d�cideurs de cette guerre barbare. Depuis le 11 septembre 2001, de nouvelles relations ont �t� �tablies entre les deux pays, sur la base d�un engagement commun de mener la guerre contre le terrorisme, devenue la principale pr�occupation du pr�sident Bush. Une coop�ration multiforme allait voir le jour, coop�ration qui s��largit au domaine �conomique, social et culturel et m�me militaire. Ce qui �tait impensable une trentaine d�ann�es plus t�t. La nouvelle loi sur les hydrocarbures dont on dit qu�elle a �t� pr�par�e par M. Chakib Khelil, ministre de l�Energie et grand ami des Am�ricains, a fini par planter le d�cor. Peu de voix s��taient �lev�es � l��poque pour d�noncer ces textes qui allaient r�duire consid�rablement le champ d�action des d�cideurs nationaux et offrir sur un plateau d�or nos richesses aux compagnies de l�Oncle Sam ! Sur un autre plan, et sous couvert de lutte antiterroriste, des troupes am�ricaines ont sillonn� certaines parties de notre Sahara. Des man�uvres communes avec les arm�es des pays maghr�bins et du Sahel ont m�me eu lieu et certaines sources avancent que l�Alg�rie est pr�te � donner une base � l�arm�e am�ricaine dans la r�gion de Tamanrasset. Information qui n�a jamais �t� confirm�e par des sources officielles. Pour les Etats-Unis, l�Alg�rie fait partie, d�sormais, des pays �amis�. Mais, sur la question du Sahara Occidental qui reste une �preuve de v�rit� pour Alger, les Am�ricains ont montr� plut�t une pr�f�rence pour leur alli� traditionnel dans la r�gion : le Maroc. En outre, des informations ont circul� r�cemment sur la volont� des Am�ricains d�emp�cher la conclusion de l�accord militaire conclu entre l�Alg�rie et l�URSS, afin de ne pas �d�s�quilibrer le rapport de force au Maghreb�. En fait, les Am�ricains, et m�me s�ils ne le disent pas, ont peur que cet arsenal impressionnant command� par notre pays ne tombe entre les mains des islamistes qui sont devenus les grands amis du pouvoir alg�rien. Peu avant sa longue absence, le pr�sident Bouteflika avait �tonn� tout le monde par un revirement spectaculaire quant au contenu de la loi sur les hydrocarbures dont il venait de r�aliser qu�il n��tait pas conforme au souci de pr�server la souverainet� nationale. Premier tir contre les int�r�ts am�ricains. Le second viendra quand il attaquera, dans une violente diatribe inexpliqu�e jusqu�� pr�sent, son staff de binationaux qui m�ne la politique �conomique du pays. La principale cible �tait Chakib Khelil, connu comme �tant l�ami le plus s�r des Am�ricains� Et puis, il y eut ce silence radio prolong� d�un mois et demi. Mais, � la premi�re grande apparition internationale, Bouteflika en surprend plus d�un. D�abord, en prenant la d�cision d�aller � La Havane , capitale d�un pays honni par les Etats-Unis et o� l�ensemble des chefs d�Etat arabes ont refus� de se rendre. Certainement, pour faire plaisir � Bush et consorts. Ensuite, en donnant de chaleureuses accolades � des leaders justement consid�r�s par Washington comme ses principaux ennemis : Fidel Castro, Hugo Chavez, Mahmoud Ahmadinejad ! Excusez du peu� Et la cerise sur le g�teau, ce fut cette interview donn�e � l�APS o� Bouteflika d�signa, enfin et comme l�avait fait � et seulement lui sur la sc�ne arabe � Bachar El Assad, les Etats-Unis comme les instigateurs de la guerre du Liban dont Isra�l n�a �t� que l�ex�cuteur. A ce niveau de responsabilit�, c�est une v�ritable bombe dont l�ampleur a quelque peu �chapp� aux observateurs politiques. Dans un monde arabe courb� devant le seigneur Bush, on n�entend plus de telles v�rit�s dans la bouche des dirigeants de la r�gion. Dire ces v�rit�s est un acte de courage politique. S�engager � �tre aux c�t�s de l�Iran dans son combat pour b�n�ficier de la technologie nucl�aire civile est un autre acte de courage par les temps qui courent. Manifester sa solidarit� avec Castro et Hugo Chavez est �galement une preuve d�ind�pendance de la d�cision politique d�un pays qui a renou�, le temps d�un sommet, avec ses grandes traditions r�volutionnaires et anti-imp�rialistes. Dire que de tels �v�nements ne nous ont pas r�jouis serait mentir et se mentir � soi-m�me. Mais, loin des vents de La Havane qui ont eu le don de r�veiller la jeunesse du remuant ministre des Affaires �trang�res alg�rien des ann�es soixante-dix, et sous les lambris du palais d�El Mouradia, l�homme qui a engag� le pays dans la voie ultralib�rale, qui a r�duit au silence les partis d�opposition et ferm� le champ politique, risque de redevenir ce qu�il a �t� ces derni�res ann�es : un tenant de l�ordre lib�ral qui abandonne son peuple � l�app�tit f�roce d�un secteur priv� ignorant tous les droits l�gitimes des travailleurs ! Ce matin, nous nous r�veillons avec le go�t amer d�un cauchemar qui continue en plein jour : l��cart se creuse davantage entre les pauvres et les riches, la paup�risation s�accentue, l�investissement �conomique peine, la consommation stagne, les privatisations sont men�es contre toute logique �conomique et l�on assiste � un v�ritable bradage des unit�s publiques, la corruption augmente, les islamistes prennent possession de la p�riph�rie du pouvoir� Adieu La Havane , ce n��tait qu�un r�ve�
M. F.

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