Actualit�s : "INDIGENES" DE RACHID BOUCHAREB EN OUVERTURE DU 21e FESTIVAL DU FILM FRANCOPHONE DE NAMUR
Monte-Cassino, Cannes, Namur, Guelma, Kherrata, S�tif...
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari


Le 21e Festival international du film francophone de Namur a ouvert, avant-hier, par Indig�nesdu r�alisateur alg�rien Rachid Bouchareb. Palme d�or � Cannes et pr�c�d� d�une campagne m�diatico-politique exceptionnelle, ce long m�trage est, relevons-le, d�embl�e une �uvre cin�matographique de qualit� et justifie les �loges qui l�entourent. Sa�d (Jamel Debbouze), Abdelkader (Sami Boualdjia), Messaoud (Roshdy Zem), Yassir (Samy Naceri), ou le sergent Martinez (Bernard Blancan) ont pu reconstituer une partie de la vie des 130 000 tirailleurs alg�riens, marocains et s�n�galais qui ont, grandement, contribu� � lib�rer un pays, la France, en ne recevant en contre-partie que d�dain, m�pris, humiliations, brimades ou indiff�rence.
Le film met en lumi�re cette... zone d�ombre (encore une !) de la coloniale et �voque l�histoire de ces hommes. A l��poque, il faut tout de m�me le rappeler, ils n�avaient pas ce statut. Ni en droit � c��taient des indig�nes �, ni dans la psychologie ambiante, ni m�me dans le conscient ou l�imaginaire des Fran�ais de souche. Les tirailleurs, bataillons h�ro�ques � Monte-Cassino, Sedan ou dans les Ardennes, chair � canon mise en premi�res lignes pour �tre les premiers sacrifi�s, n��taient, pourtant, consid�r�s que comme des sous-hommes, � mi-chemin entre l�animal et l��tre humain accompli, le Fran�ais, l�Europ�en, le civilisateur... Rachid Bouchareb, et c�est l� un autre de ses m�rites, tente sans nuire au sc�nario initial de le sugg�rer en ne tombant pas dans la facilit� ou la d�magogie de la harangue politique. Des s�quences du film invitant le spectateur � explorer l�univers des tirailleurs. La romance violemment avort�e par l�id�ologie pied-noir dominante, alors, entre Abdelkader et une fran�aise bien-n�e, prouve, si besoin en est, l�impossibilit� de la pens�e coloniale d�absorber ou d�int�grer ces amours infid�les � l�ordre �tabli, � la morale du colon : Abdelkader le �bougnoul� n�enl�vera donc pas la belle Europ�enne et sera, d�s lors, un r�volt�, un incompris, un paria. Indig�nes ce n�est certes pas Nedjma, pourquoi, d�ailleurs doit-il l��tre, mais cela reste un film fondateur, un moment de cin�ma fort, intense, troublant. Non seulement les tirailleurs ont �t� froidement et cyniquement l�ch�s et abandonn�s par la France, mais pour beaucoup d�entre eux, les Alg�riens notamment, � leur retour des maquis hivernaux des rudes hivers europ�ens, des barricades meurtri�res de Monte-Cassino ou des fronts de combats � ciel ouvert o� seul le sang r�pondait au sang, ils se firent tirer comme des lapins avec les leurs � Guelma, Kherrata et S�tif. La coloniale a envers eux deux dettes. Une dette d�honneur, celle des indemnit�s � payer, cela sera fait, et une dette de sang : la reconnaissance officielle et sans ambages que le colonialisme fut et reste une �uvre de destruction massive. Rachid Bouchareb, le r�alisateur de Indig�nes, a dit et promis que son prochain film traitera, pr�cis�ment, du 8 Mai 1945... Rappelons qu�hier, c��tait la �Journ�e Alg�rie � Namur�. C�est le film de Ameur Za�m�che Bled Number One qui sera visionn� et couronn� par le �Bayard d�or�, la distinction supr�me du Festival de Namur.
A. M.

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