Actualit�s : QUATORZIEME JOUR DU PROCES KHALIFA
Les filiales de Khalifa cr��es � partir de cr�dits octroy�s par Khalifa Bank


L��empire� Khalifa a �t� fond� gr�ce � des cr�dits que Abdelmoumen s�octroyait � partir d�El Khalifa Bank. Un cr�dit de 74 milliards de dinars a �t� d�bloqu� pour la cr�ation de Khalifa Rent Car et Khalifa construction. Ce n�est l� qu�un exemple parmi tant d�autres puisque la banque ne d�clarait jamais les cr�dits qu�elle octroyait � ses cadres dirigeants qui, selon la loi, ne peuvent b�n�ficier de cr�dit d�passant 20 % des fonds propres de l��tablissement financier.

L�audition de Amar Boulkraoui, responsable de la direction g�n�rale des risques a r�v�l� que la banque priv�e faisait des d�clarations contradictoires. C�est ainsi qu�en f�vrier 2003, El Khalifa Bank avait d�clar� avoir octroy� 10 milliards de dinars de cr�dits, avant de revoir ce chiffre � la baisse et d��voquer la somme de 6 milliards. Entendu en qualit� de t�moin, M. Boulkraoui a expliqu� que la direction dont il �tait � la t�te avait pour mission de constituer une base de donn�es sur l�ensemble des cr�dits octroy�s par les banques et qui d�passent les 2 millions de dinars. Tous les deux mois, les banques sont tenues de transmettre des informations � la direction des risques qui ne dispose pas de moyens pour v�rifier leur v�racit�. El Khalifa Bank avait donc toute latitude de dissimuler les cr�dits qu�elle octroyait sans risque de poursuites.
Les membres de la commission bancaire incapables de r�agir

Quel est le degr� de responsabilit� de la commission bancaire ? Ses membres auraient-ils pu intervenir � temps pour stopper la banqueroute de Khalifa ? L�ancien gouverneur de la banque d�Alg�rie a-t-il dissimul� des informations capitales aux membres de ladite commission ? C�est � ces questions qu�a tent� de r�pondre la pr�sidente de la cour de Blida en auditionnant hier matin trois membres de la commission. Hadj Sadok, Benziada et Namous ont � l�unanimit� tent� de disculper la commission, expliquant que cette derni�re n�avait pas �t� destinataire des rapports �tablis d�s 1998 par la direction g�n�rale de l�inspection et qui faisaient �tat de graves violations de la loi sur la monnaie et le cr�dit. Appel� � t�moigner en premier, M. Hadj Sadok a expliqu� l�inertie de la commission bancaire par le fait que les mandats de plusieurs membres avaient expir� et qu�ils n�avaient pas encore �t� renouvel�s. A la question de savoir �comment expliquer que des op�rations de transfert d�argent se poursuivaient alors qu�El Khalifa Bank �tait sous le coup de l�interdiction des transferts vers l�ext�rieur�, le t�moin a d�clar� qu��aucune op�ration de ce type n�avait �t� faite par le biais de la Banque d�Alg�rie. Ce qui se faisait, ce sont des op�rations clandestines �. Autre question de la pr�sidente : �Est-il normal que la Banque d�Alg�rie octroie � une banque un d�lai pour redresser la situation�. �Non, pas � ma connaissance �, r�pond Hadj Sadok. - �Pourquoi n�avez-vous pas r�agi ?� -�Lorsqu�il s�agit d�actes de gestion, la commission n�a aucune pr�rogative, nous ne sommes pas la tutelle de la banque. Il faut comprendre que beaucoup d�actes ont �t� faits dans la clandestinit�.� -�D�apr�s vous, pourquoi le gouverneur d�Alg�rie recevait Khalifa pour lui demander verbalement de redresser la situation ?� Silence du t�moin. C�est la pr�sidente qui reprend la parole. �Je ne vous apprends rien en vous disant qu�entre Keramane et la m�re de Moumen Khalifa, il existe un lien de parent�. C�est au tour du procureur g�n�ral de prendre la parole. -�Pourquoi n�y a-t-il eu aucune sanction ?� -�Ce sont les circonstances qui ont fait que la commission �tait incapable de faire son travail.�
Le premier rapport n�a jamais �t� transmis � la commission
Il quitte la salle pour laisser place � M. Benziada Ibrahim, �galement membre de la commission bancaire. C�est en 2002 qu�il a �t� mandat� par le ministre des Finances. Il a eu � s�expliquer sur la p�riode post- Keramane puisqu�il n�a rejoint la Banque d�Alg�rie qu�apr�s le d�part de ce dernier. Il expliquera comment la commission s��tait r�unie le 2 d�cembre pour confirmer la d�cision de geler les op�rations du commerce ext�rieur de la banque priv�e. �Les infractions de la banque �taient r�currentes et devenaient dangereuses� Saisissant la perche, la pr�sidente dira : �Si les infractions �taient si dangereuses, comment expliquer que la Banque d�Alg�rie ait donn� � Khalifa le temps de redresser la situation ?� R�ponse du t�moin �Je pense que les d�lais d�pendent du degr� de gravit�. Lorsque les violations sont trop graves, je pense qu�aucun d�lai ne peut �tre accord�. A la question de savoir par quel miracle les op�rations de transfert se sont poursuivies alors que des inspecteurs se trouvaient au niveau de la banque, il dira : �Je pense que l�argent sortait par un autre canal.� C�est au moment o� la d�fense a pris la parole que le t�moin a adopt� une attitude qualifi�e d�ironique par la pr�sidente qui ne s�est pas retenue de le rappeler � l�ordre. M. Benziada, qui r�pondait � presque toutes les questions, ne comprenait soudainement plus celles qui parvenaient des avocats. Les explications qu�il a fournies au sujet du taux de change pratiqu� par la banque priv�e ont �t� tellement contradictoires qu�il a fallu l�intervention de Bradsi, le liquidateur d�El Khalifa Bank. Plus prolixe, le troisi�me t�moin, Omar Namous, pr�sentait l�avantage d�avoir travaill� aussi bien sous Keramane que sous Leksaci, actuel gouverneur de la Banque d�Alg�rie. C�est lui qui avouera que jamais la commission dont il est membre n�a �t� destinataire d�un quelconque rapport �voquant des irr�gularit�s avant 2000. Une r�v�lation qui a �tonn� la pr�sidente. Le t�moin insiste : �C�est en mars 2000 que la commission a re�u un premier rapport qui d�ailleurs ne concernait pas qu�El Kalifa Bank mais plusieurs autres. Dans ce rapport, certaines irr�gularit�s �taient notifi�es. Par la suite, nous avons re�u un second rapport dans lequel figurait un PV faisant �tat de rencontres entre Moumen et Keramane. C�est �galement dans ce rapport que les inspecteurs estiment que Khalifa est loin d��tre un groupe.� Dans une tentative de cerner la responsabilit� de l�ancien gouverneur, actuellement en fuite, la pr�sidente de la cour dira : �Est-ce que vous pensez que M. Keramane peut filtrer des informations ?� Silence du t�moin qui ne veut visiblement pas enfoncer Keramane. �Est-ce que la commission se r�unissait une fois par mois lorsque c�est Keramane qui �tait � sa t�te.� Le t�moin a des trous de m�moire. �Et aujourd�hui sous Leksaci� R�ponse : �Oui, on se r�unit une fois par mois.� Mme Brahimi insiste : �Est-ce que le gouverneur pouvait garder des rapports � son niveau et ne pas informer la commission ?� R�ponse : �Je ne sais pas.� Tous les membres de la commission se sont content�s de rappeler que leurs pr�rogatives �taient limit�es. Ce � quoi la pr�sidente a r�pondu qu�au contraire, la loi leur donnait beaucoup de libert� d�action mais qu�ils ne l�ont jamais fait�
Nawal Im�s

L'ANCIEN LIQUIDATEUR DE KHALIFA BANK
"Impossible de dissocier l'�conomique de la politique"

Intervenant pour resituer le d�bat, M. Bradsi, le liquidateur d�El Khalifa Bank a tenu � rappeler que dans l�affaire Khalifa, il y avait un volet politique qui ne pouvait �tre occult�. �J�estime que lorsqu�une banque intervient sur un march�, elle doit rester rationnelle et s�inscrire dans la logique du march�. Elle ne peut se permettre des actes sauvages. Une banque ne peut entreprendre des actes extr�mistes qui menacent la stabilit� de l��conomie.� Et d�ajouter : �Au-del� des aspects techniques, il existe une grande part du politique. Beaucoup de personnes ont profit� du chevauchement des deux.�
N. I.

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