P�riscoop : BAZOOKA
Ahmed, Rabah, Anissa
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Aujourd�hui, � 9h00 du matin, des hommes et des femmes se r�unissent � l�Ecole sup�rieure des beaux-arts. Ils se rencontrent pour laisser vivante la m�moire de Ahmed et de Rabah, son fils unique, assassin�s il y a treize ans. De cette trag�die, il restera un symbole. Rabah utilisera son cartable pour d�fendre son p�re. Ils mourront tous les deux. Un cartable contre une arme � feu, des livres et des cahiers contre des balles, des notes et des dessins contre la mort. Rabah, Boubah pour ses amis, sortait � peine de l�adolescence.
Il est mort dans cette Ecole sup�rieure des beaux-arts pour laquelle son p�re avait men� un long combat aux c�t�s des �l�ves, des professeurs et des artistes. Une Ecole sup�rieure signifiait que l�Alg�rie coupait, enfin, avec l�h�ritage colonial que nous avions perp�tu� par la reconduction de textes, de programmes, de visions contre lesquels, rappelons- le, profs et artistes se battaient pour faire pi�ce au classicisme qui n�avait m�me plus cours chez l�ex-puissance occupante. L�enjeu �tait de taille et l��cole s�ouvrait aux nouveaux domaines artistiques, aux nouveaux outils de la cr�ation, sortait de l�artisanat pour acc�der aux nouveaux horizons du si�cle. Aux fondements invisibles de cette �uvre se trouvait non seulement un profond patriotisme mais �galement une philosophie, une conception, une vision de l�art et du monde que Ahmed portait et partageait avec d�autres compagnons de Khadda � Issiakhem en passant par tous les autres, c�l�bres ou moins connus. L�assassin et ses ma�tres s�attaquaient � tout cela, � tout cet id�al d�une Alg�rie capable de se penser, de se voir, de d�velopper ses propres esth�tiques, ses propres chemins vers les libert�s. Il n�est pas s�r que cette philosophie et ces id�aux aient �t� compris par ceux que le hasard a mis � la t�te du secteur de la culture ou de l��cole. Vivant, il n�aurait jamais permis qu�on sanctionne des �l�ves pour une amourette au nom� de la m�me morale que celle de ses assassins. Anissa, l��pouse et la m�re, perdait tout, d�un coup, son fils et son mari, toute sa famille. Elle se leva de toute sa hauteur de femme bless�e pour se battre, maintenir vivant l�h�ritage philosophique de son mari et perp�tuer son message esth�tique. Ce message qu�il �tait essentiel de rappeler.
M. B.

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