Actualit�s : DETOURNEMENT DES 9,2 MILLIARDS DE LA POSTE DE CHELGHOUM-LAID
Que cache l'affaire du marabout ?


Le renvoi pour la troisi�me fois cons�cutive du proc�s des principaux accus�s dans l�affaire dite �du marabout de Oued-Segu�ne� par le tribunal criminel pr�s la cour de Constantine suscite autant que les nouvelles r�v�lations intervenues, s�ance tenante, ce lundi, des interrogations qui d�noteraient que le proc�s en question est loin d��tre ordinaire.
Et pour cause, les volte-face des accus�s n�ont, en fin de compte, m�nag� ni l�int�grit� du procureur g�n�ral pr�s la cour de Constantine qui aurait re�u en son bureau l�un des concern�s alors qu�il �tait sous le coup d�un mandat d�arr�t ni la probit� d�un commissaire de police qui aurait, selon l�un des pr�venus, us� de pressions et autres tortures afin d�impliquer le cheikh de la zaou�a par vengeance. Le receveur de la poste du 1er Novembre-1954 de Chelghoum- La�d M. T. et son int�rimaire K. B. poursuivis pour le d�tournement de 9,2 milliards de centimes en 2003 ainsi que quatre autres pr�venus accus�s de complicit� dont le marabout de la zaou�a de Sidi- Ma�mar de Oued-Segu�ne dans la wilaya de Mila �taient au box des accus�s. D�embl�e, la lecture de l�arr�t de renvoi suscitera un doute chez le pr�sident de l�audience qui fera remarquer que le document qu�il avait sous la main n�est pas conforme � celui de la chambre d�accusation. Il ordonna alors au greffier de lire la copie qui �tait en sa possession. Au terme de la lecture de l�ordonnance en question, les avocats de la d�fense protesteront, accusant le tribunal �d�avoir tranch� partiellement dans l�affaire �tant donn� que l�ordonnance de renvoi n�inclut pas la conclusion de l�instruction compl�mentaire d�cid�e par le tribunal suite � l�apparition du marabout qui �tait suppos� en fuite � la date du 14 novembre 2006�. Le juge a vite rassur� les robes noires en ordonnant la lecture des diff�rents proc�s-verbaux de l�enqu�te compl�mentaire. Selon le PV d�audience du marabout, Khalifa Achouri, r�dig� le 22 novembre 2006, ce dernier avoue avoir fait la connaissance du receveur, Messaoud Titi, quand celui-ci a commenc� � fr�quenter la zaou�a en 1999 pour faire traiter sa femme par le rituel de l�exorcisme. Il a ni� toutes les accusations port�es � son encontre par le receveur lors de l�enqu�te pr�liminaire, lequel l�accusait d�avoir engrang� la somme de 4 milliards de centimes du montant d�tourn�. Et de pr�ciser qu�il n�a jamais �t� en fuite. Le marabout, qui ne s�est rendu � la justice qu�� la veille de l�audience du 15 novembre 2006, a indiqu� qu�il n�a pris connaissance du mandat d�arr�t d�livr� � son encontre par le magistrat instructeur en date du 2 novembre 2003 qu�apr�s son retour de France le 12 d�cembre de la m�me ann�e. C�est alors qu�il accablera le procureur g�n�ral pr�s la cour de Constantine en r�v�lant qu�il a �t� re�u par ce responsable puis rel�ch� et ce, en pr�sence de son avocat, Me Mohamed Benheddane qui l�attendait � l�ext�rieur. �On ne m�a plus convoqu� depuis ce jour�, a-t-il ajout�. Appel� � la barre, le receveur n�a pas voulu, au d�part, r�pondre aux questions du juge qui a �t� oblig� d�appeler son adjoint, Kamel Boussiadi, pour les confronter. Il contredira par la suite ses d�clarations � l�instruction en r�v�lant qu�il n�a donn� aucun sou � Khalifa Achouri et que l�histoire de son implication est un sc�nario foment� par le commissaire de police F. K. de Chelghoum-La�d qui aurait exerc� sur lui des pressions pour citer le nom du marabout. �Les policiers m�ont tabass� et le commissaire m�a pouss� � impliquer Khalifa Achouri parce que ce marabout, selon les dires de cet officier de police, aurait abus� de sa femme�, a-t-il dit. L�adjoint au receveur, Kamel Boussiadi, qui a pr�cis� que la passation de consignes n�a jamais �t� faite avant le cong� annuel de Titi, a ni� lui aussi avoir touch� � l�argent consign� dans la chambre forte de la poste pendant les 55 jours de l�absence de son sup�rieur en argumentant sa th�se par le fait que le receveur ne lui a pas laiss� les cl�s et n�a pas proc�d�, comme il est d�usage, au changement du code de la serrure du coffre. Le juge rappellera de nouveau le receveur pour lui poser d�autres questions. Titi divulguera dans la foul�e qu�il a �t� contact� en prison par le marabout et son fils pour jeter la charge de ce d�tournement de deniers publics sur son adjoint. Et le juge d�estimer que ses r�ponses sont confuses et que la cl� de cette affaire est entre les mains du receveur et de son int�rimaire. Le repr�sentant du minist�re public et les avocats de la d�fense ont pour leur part ax� leurs interventions, et ce, pendant deux heurs environ, sur l�histoire de l�achat de bijoux d�un montant de 104 millions de centimes par Titi et Liamine Achouri, fils du marabout, aupr�s de Boukoursi Abdelhafid, lui aussi accus� de complicit�. Le pr�sident d�audience exhortera ces derniers � se pencher sur des questions qui peuvent apporter des �claircissements dans cette affaire. Il rappellera Titi pour lui demander s�il avait oui ou non donn� la somme colossale de 4 milliards de centimes � Khalifa Achouri. Le receveur niera de nouveau et le juge de commenter : �Bien s�r qu�il dise �a.� Un commentaire qui sera mal per�u par les avocats de la d�fense qui y ont d�cel� une mani�re d�influencer le cours du proc�s. De concert, les avocats de la d�fense d�cident de quitter l�audience sans plus revenir. Le juge d�cidera finalement de reporter le proc�s vers la fin de la session criminelle apr�s avoir maintes fois observ� un niet cat�gorique � la demande y aff�rente des robes noires. Pour rappel, l�affaire remonte au mois d�octobre 2003 quand l�inspection r�gionale des P et T � Constantine a charg� un expert comptable pour l�audit des finances de la poste en question. Il a d�couvert un �trou�, de l�ordre de 9,2 milliards de centimes dans la comptabilit� de l�agence. Son rapport a d�clench� des poursuites judiciaires � l�encontre du receveur de cette poste (T. M.) et son adjoint (B. K.) pour d�tournement de deniers publics. Si T. M. a r�v�l� qu�il a donn� de l�argent � son adjoint B. K. pour financer des projets commerciaux, et ce, depuis 2001 et que cet adjoint, assurant l�int�rim durant ses cong�s, a profit� de son absence pour toucher au coffre-fort de l�agence, il a cit� �galement les noms de certaines connaissances de la zaou�a de Oued-Segu�ne, envoy�s par A. K. pour r�cup�rer des sommes d�argent dans le but de r�gler des difficult�s financi�res dont son fils (AL.), un entrepreneur qui habite le quartier de Sidi-Mabrouk. Par ailleurs, le receveur, originaire de Jijel, a indiqu� qu�il a de bonnes relations avec le marabout depuis que ce dernier a trait� sa femme par le rituel d�exorcisme �rokia� et qu�il fr�quentait souvent la zaou�a apr�s cette histoire de conjuration. Des aveux qu�il a fini par nier lors de l�audience de lundi dernier.
Lyas Hallas

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