�Double victoire, titrait Le Monde, celle de la d�mocratie sur elle-m�me ; et contre les extr�mes� ! Allons donc ! L�amer souvenir de l��lection pr�sidentielle de 2002, qui a vu le candidat de l�extr�me-droite au second tour, a donn� lieu en 2007 � une exceptionnelle mobilisation de l��lectorat fran�ais avec un taux de participation de 85%. Du jamais vu depuis 1965, premi�re �lection pr�sidentielle au suffrage universel : en effet, ant�rieurement, les chefs d�Etat fran�ais, n�ayant qu�une fonction honorifique, �taient �lus par le Parlement.
Ce scrutin pr�sidentiel, qui annonce un duel gauche-droite au second tour, signifie-t-il la fin du Front national de Jean-Marie Le Pen et un recul des id�es de l�extr�me droite ? Certes non. Ayant recycl� les th�ses id�ologiques de l�extr�me droite, force est de constater que Nicolas Sarkozy a b�n�fici� de voix qui traditionnellement se portaient sur Jean-Marie Le Pen. Il a ainsi focalis� le d�bat sur des th�mes comme l�immigration porteuse d�ins�curit� et pr�sent�e comme contradictoire avec l�identit� nationale, caress� dans le sens du poil les nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise, en d�clarant qu�il ne signerait pas le trait� d�amiti� entre la France et l�Alg�rie, et en affirmant � propos des crimes coloniaux que �la mode de la repentance est une mode ex�crable�, stigmatisant �cette bonne conscience moralisatrice qui r��crit l�histoire dans le seul but de mettre la nation en accusation�. Il ne faut pas perdre de vue qu�en tant que pr�sident de l�UMP, il a �t� l�un de ceux qui ont appuy� l�adoption de la loi de f�vrier 2005 sur les bienfaits du colonialisme. Outre le fait de vouloir nettoyer au Karcher la banlieue pour la d�barrasser de la �racaille�, il a �galement repris � son compte l�un des th�mes favoris de Le Pen, d�clarant : �La France, aimez-la ou quittez-la�, usant en direct sur TF1, de mensonges grossiers, parlant de ces immigr�s qui ��gorgent le mouton dans leur salle de bain� afin de souligner l��chec de l�int�gration ! Nul doute que dans le duel qui va l�opposer � S�gol�ne Royal, ces th�mes-l� feront encore partie de son arsenal de propagande, les trois millions de voix de Le Pen lui �tant n�cessaires pour battre la candidate de gauche. En passant le cap du premier tour, S�gol�ne Royal a, certes, effac� l�affront du 21 avril 2002. Mais � quel prix ? Au prix du vote utile. Tout au long de sa campagne, les dirigeants socialistes et elle ont jou� sur la peur d�un �ventuel duel entre Sarkozy et Le Pen. Au point o� ceux qui votaient traditionnellement � gauche de la gauche, � savoir communiste et Vert, d�pit�s par l�absence d�une candidature commune anti-lib�rale, ont choisi de ne prendre aucun risque et de voter pour S�gol�ne d�s le premier tour. D�ailleurs, le total des voix qu�elle a r�colt� n�exc�de que faiblement le total des voix obtenu en 2002 par Lionel Jospin, Jean-Pierre Chev�nement et Christiane Taubira, qui lors du scrutin actuel ont ralli� le staff de la candidate socialiste. De fait, les voix r�colt�es par la candidate socialiste ajout�es � celles des candidats de la gauche de la gauche lui donnent au total moins de 40%. Autrement dit, cette �lection a montr� une France droitis�e car le rapport de force gauche-droite est pour l�heure favorable � Nicolas Sarkozy. Tout d�pendra donc de Fran�ois Bayrou avec son score de 18% de voix (6,6 millions de voix), plac� en position d�arbitre du second tour et dont l��lectorat va �tre fortement sollicit� pour voter en faveur de Sarkozy ou de Royal. En attendant, Nicolas Sarkozy sera amen� � faire des choix : il ne peut � la fois obtenir les voix de l�extr�me droite et celles de ceux qui ont vot� pour Fran�ois Bayrou parce qu�une partie de ces derniers refuse une France trop marqu�e � droite. Une chose encore : contrairement aux pr�c�dentes, cette �lection pr�sidentielle a �t� marqu�e par l�absence de d�bats contradictoires. D�s le d�part, elle a �t� verrouill�e quand les grands m�dias ont d�cid� de ne s�int�resser qu�� quatre candidats, orientant ainsi le vote des �lecteurs.
H. Z.

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