Monde : La Corne de l'Afrique promise � une extension des troubles

La Corne de l'Afrique, min�e par la d�gradation du conflit somalien et les relations ex�crables entre l'Ethiopie et l'Erythr�e, va vraisemblablement �tre confront�e � une augmentation des attentats et des attaques des r�bellions r�gionales, pr�viennent des experts. Cette r�gion d�j� tr�s troubl�e a connu ces derniers mois une nouvelle descente aux enfers, avec les pires combats dans la capitale somalienne Mogadiscio depuis 15 ans selon le Comit� international de la Croix- Rouge (CICR) et des attaques de r�bellions et prises d'otages en Ethiopie.
Soixante-huit Ethiopiens et neuf Chinois ont �t� tu�s mardi dans l'attaque d'un site p�trolier en Ethiopie revendiqu�e par le Front national de lib�ration de l'Ogaden (ONLF), qui en outre retient en otages sept ouvriers chinois. L'Erythr�e et l'Ethiopie se sont mutuellement accus�es d'�tre derri�re tous ces troubles. Si un embrasement total de la Corne n'est pas envisageable pour les experts interrog�s par l'AFP, ceux-ci pr�disent une multiplication d'attentats et d'attaques en Somalie, en Ethiopie, mais aussi en Erythr�e et au Kenya. "On ne va pas vers un embrasement mais vers une d�t�rioration et des incidents discontinus", juge Roland Marchal, chercheur au Centre d'�tudes et de recherches internationales (Ceri) de Paris. "Il ne va pas y avoir de guerre totale mais une augmentation de la fr�quence des incidents qu'on a pu voir en Ethiopie", rench�rit hier Cedric Barnes, chercheur � la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l'Universit� de Londres. En Ethiopie, o� "le r�gime est faible depuis l'�chec du processus �lectoral en 2005", l'opposition "se rend compte que le pays est beaucoup plus observ� au plan international", souligne M. Marchal. Les r�bellions vont selon lui "essayer de faire des coups", sachant que ces "actions auront plus de r�percussions", � cause �galement du conflit somalien. Le soutien apport� depuis des ann�es par l'Erythr�e � l'ONLF est "un secret de Polichinelle", dit sous couvert d'anonymat un expert occidental bas� en Afrique de l'Est. Il rel�ve cependant que jamais ce groupe n'avait men� en Ethiopie une attaque aussi violente, ce qui laisse pr�sager d'autres incidents graves. Au Kenya, d�j� frapp� en 1998 et 2002 par des attaques revendiqu�es par Al-Qa�da, "il y a une possibilit� que d'autres incidents aient lieu, notamment parce que la communaut� musulmane (...) estime �tre injustement victime de la politique am�ricaine" de lutte contre le terrorisme, explique M. Barnes. Estimant qu'une partie de l'opposition islamique est "en train d'�tre radicalis�e" au Kenya, M. Marchal juge qu'"il y aura toujours des criminels qui vont tenter des actions". Le bourbier somalien inqui�te aussi ces experts. Les insurg�s, qui ont subi jeudi une d�faite majeure � Mogadiscio face � l'arm�e �thiopienne alli�e au gouvernement somalien, "vont essayer de trouver de l'aide (...) chez les jihadistes", selon M. Marchal. "Aujourd'hui, on peut (encore) parler avec les gens qui ont des armes � Mogadiscio, mais dans six mois, ce sera plus pourri (...) on aura des gens avec une composition militaire jihadiste pas aussi accommodante", pr�vient-il. M�me crainte pour M. Barnes, pour qui le "mouvement jihadiste international va trouver plus de soutien que jamais � Mogadiscio et cela attirera dans cette r�gion des combattants �trangers qui m�neront des op�rations-suicides". Selon certains experts, aucune am�lioration dans la Corne n'est possible sans deux conditions pr�alables : une r�conciliation inclusive en Somalie et le r�glement du diff�rend frontalier entre Asmara et Addis Abeba, qui pourrit leurs relations depuis leur guerre (1998-2000). "On aura ainsi en Somalie une guerre conduite beaucoup plus par des logiques internes qu'une guerre par procuration entre l'Erytr�e et l'Ethiopie", rel�ve M. Marchal.

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