Chronique du jour : CHRONIQUES D�UN TERRIEN
Le �Two Men Show� du mardi
Par Ma�mar FARAH
farahmaamar@yahoo.fr


Avant les �lections l�gislatives du 17 mai, tous les acteurs politiques, les officiels, la t�l�vision ; tous nous disaient que la participation allait �tre nombreuse. Si tous ces gens prenaient la peine de relire leurs d�clarations ou les comptes rendus de presse de leurs meetings, si l�on essayait de repasser toutes les publicit�s et les pages sp�ciales r�serv�es � ces �lections par la t�l�vision nationale, on se rendrait compte, peut-�tre mieux, de cette extraordinaire mobilisation et de cette prodigieuse d�bauche d��nergie, � la limite du matraquage (*), qui a tent� de pousser les Alg�riens vers les urnes.
Aujourd�hui que le peuple a r�pondu de la meilleure mani�re qui soit � toute cette agitation, il est curieux d�entendre M. Belkhadem expliquer cette d�saffection par le fait que les Alg�riens ne connaissaient pas bien le r�le du d�put� et qu�ils ne savaient pas o� donner de la t�te face � la multiplication des listes. Pourquoi est-ce qu�il n�en a pas parl� auparavant ? Pourquoi est-ce qu�il r�p�tait, dans ses discours de campagne, que les Alg�riens allaient relever le d�fi par leur participation massive ? En r�alit�, M. Belkhadem refuse d�entendre les Alg�riens, car, si Mme Hanoune donne un sens politique � cette abstention, lui et M. Ouyahia contestent toujours la version d�un d�saveu populaire de la politique actuelle. Pourtant, le message �tait des plus clairs : les Alg�riens que je connais ne m�ont jamais dit qu�ils n�allaient pas voter parce qu�ils sont ignares au point de ne pas savoir faire la diff�rence entre une liste et une autre. Ni parce qu�ils ont une id�e floue du r�le du d�put�. Ils m�ont dit qu�ils en avaient marre de la politique actuelle parce qu�ils ne voient pas les horizons se d�gager. Personne ne peut certes nier les efforts d�ploy�s pour mettre � niveau l�infrastructure du pays qui �tait non seulement en retard, mais qui a �galement �t� sabot�e et d�truite par les islamistes arm�s dont certains chefs de file ont appel� � voter pour le parti de M. Belkhadem. On a bien vu comment le peuple alg�rien leur a r�pondu. Et, aujourd�hui que tout devient clair, personne ne reconna�tra que cet appel, mal per�u et choquant pour de nombreux Alg�riens, a fini par les d�go�ter totalement de la politique. Pour revenir aux efforts du gouvernement concernant les routes, les logements, les universit�s, personne ne les a ni�s et nous sommes mieux plac�s pour en parler, car nous faisons du pays sans cort�ge, ni �maquillage � sp�cial des walis. Je les ai �voqu�s dans de nombreuses chroniques. Et puis, entre-nous, quand il y a de l�argent, il est normal un peu qu�il soit utilis� dans ces investissements publics. Mais, nous avons �galement dit, � de nombreuses occasions, que ce qui manque � ce pays est un grand projet novateur, un souffle salvateur qui chasserait le d�sespoir pour remporter l�adh�sion des jeunes, pour installer d�finitivement l�enthousiasme et l�espoir dans leurs c�urs. Nous pouvons construire des millions de logements, mais tant que ce seront les m�mes qui en b�n�ficieront, nous n�avancerons pas et les jeunes qui r�vent de fonder un foyer continueront d�attendre ou de choisir � comme leurs pr�d�cesseurs � de s�entasser � plusieurs dans un trois pi�ces ! Il est inutile de tirer des plans sur la com�te quand les besoins essentiels du peuple ne sont pas satisfaits. Pour b�n�ficier des bienfaits de la soci�t� de consommation, il faut avoir un minimum d�argent. Autrement dit, un salaire. La majorit� des jeunes que je connais, et principalement les dipl�m�s, sont � la limite du d�couragement. Un docteur en m�decine, plac� dans le cadre de �l�emploi des jeunes�, de surcro�t pistonn� car les postes sont accord�s au compte-gouttes, touche 7000 DA par mois ! 70 euros par mois ! �tudier 20 ann�es pour en arriver l�, c�est plus que r�voltant ! Bien s�r, on vous expliquera que c�est le r�sultat d�une politique audacieuse pour faire travailler les jeunes et qu�il ne s�agit pas du vrai salaire d�un m�decin. Et de vous sortir toutes les mesures prises dans le cadre de l�emploi des jeunes, une politique sans effet r�el sur le ch�mage et dont le premier r�sultat est de d�courager nos universitaires oblig�s d�accepter n�importe quel poste et n�importe quelle paye pour ne pas pourrir dans les rues. Et le probl�me est encore plus grave pour les jeunes filles : un travail, c�est souvent la possibilit� de quitter les quatre murs de la prison � pas dor�e du tout � o� elle moisit. Des jeunes filles, � la fleur de l��ge, m�ont clairement dit qu�elles �attendaient la mort !� Entendez-vous cela MM. Belkhadem et Ouyahia ? Est-ce normal et existe-t-il un autre pays o� les demoiselles sont aussi tristes et aussi d�sesp�r�es ? Entendez- vous les cris des pilotes qui ont honte lorsqu�ils comparent leurs salaires � ceux de leurs coll�gues des autres pays ? Et les professeurs d�universit�, les cadres, les juges ? N�est-il pas honteux, pour l�Alg�rie, pour nous, que le plongeur d�un h�tel international � Alger, touche mieux qu�un pr�sident-directeur g�n�ral d�une soci�t� qui brasse des centaines de millions de dinars ? Et vous voulez qu�ils votent ? Quand un jeune trabendiste r�alise, en deux tours, trois mouvements, des b�n�fices qui d�passent l�entendement, quand les employ�s et les cadres sont tent�s de puiser dans les caisses pour compenser la perte de leur pouvoir d�achat, quand une Alg�rie riche, jamais vue auparavant, jamais imagin�e, nargue l�Alg�rie populaire, celle qui se l�ve t�t pour aller chercher le pain et le lait � Ah ! Le lait �, c�est qu�il y a maldonne ! L��conomie de march� est-elle donc cette mani�re brutale, scandaleuse, d�enrichir les uns au d�triment des autres, est-elle dans la fuite des capitaux ? Nous avons la chance de vivre dans la vraie Alg�rie qui ne saurait se r�sumer � un discours ou � l��ditorial d�un khobziste qui r�gle ses probl�mes en t�l�phonant � un ministre : le pays val mal, tr�s mal. L�investissement, en proie � une bureaucratie pire que celle qui pr�valait � l��poque du parti unique, n�avance pas et les acquis de 45 ann�es d�ind�pendance, en terme d�industrialisation, sont gaspill�s entre fermetures d�unit�s et bradages sous forme de privatisation aveugle. Au d�but, ils disaient que seules les structures d�ficitaires allaient �tre touch�es. Aujourd�hui, m�me les entreprises b�n�ficiaires � avec des millions de dollars en banque � sont concern�es. Et quand ces m�mes entreprises veulent investir pour cr�er la richesse et aider � la lutte contre le ch�mage, on leur interdit de le faire. Il faut attendre les partenaires �trangers qui ach�teront ces unit�s au prix le plus bas pour les transformer en poule aux �ufs d�or. Si vous �tes �tranger, toutes les portes s�ouvrent devant vous. Mais si vous �tes alg�rien, autant vous pr�parer � accomplir les travaux d�Hercule. Ce ne sont pas les �trangers qui votent, sinon on aurait des scores proches des 90%. Soyons clairs : il ne s�agit pas d�un comportement x�nophobe et je crois que nos compatriotes sont assez victimes de racisme et de rejet pour que nous en fassions usage chez nous. Notre propos est de d�noncer la mani�re avec laquelle on nous traite. Un exemple, un seul : M. Ouyahia, qui s�inqui�te aujourd�hui du ch�mage, avait pondu une circulaire qui interdisait aux soci�t�s publiques et � l�administration de traiter avec les agences publicitaires priv�es, faisant refleurir un monopole d�un autre �ge : celui de l�Anep ! M�me dans les derniers territoires communistes, on a fini par comprendre que les services, entre autres, la publicit�, n��taient plus l�affaire de l�Etat ! En Alg�rie o� l�on vend tout, o� l�on privatise tout, une entreprise publique continue d�exercer un monopole d�un autre �ge ! R�sultat : des centaines de petites agences, cr��es par des Alg�riens et faisant travailler des Alg�riens, ont ferm� leurs portes. Parall�lement, les bo�tes tunisiennes et libanaises raflent des milliards de dollars sur le march� publicitaire alg�rien ! Nous n�avons pas vot� et nous sommes heureux de constater que les Alg�riens n�ont pas suivi les conseils de MM. Belkhadem, Ouyahia et de leur t�l�vision. Dans un pays s�rieux, ils auraient d�missionn�. Mais, chez nous, non seulement, ils sont l�, et pour longtemps encore, mais ils viennent en plus nous insulter dans leur �Two men Show� du mardi, en nous disant que nous sommes incapables de faire la diff�rence entre deux sigles. Ils n�accepteront jamais de reconna�tre que le peuple alg�rien peut aussi choisir de ne pas les suivre et d�entendre un autre son de cloche. Quand comprendront-ils enfin qu�ils n�ont plus un troupeau de moutons en face d�eux, mais, peut-�tre, une opinion qui s��veille ? Et si le FFS � dont je ne partage pas la vision sur l�histoire r�cente- �tait le vrai vainqueur de ces �lections ?
M.F.
P.S. : A la t�l�, un autre matraquage commence, celui portant sur les Jeux africains. Oubli�e la culture arabe et son immense fiasco, oubli� le vote et son flop�

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