Actualit�s : Chronique
EN QUELQUES MOTS : DE-CI, DE-LA
L�gislatives ou la surdit� du pouvoir
Par Le�la Aslaoui
le�la.aslaoui@yahoo.fr


L�gislatives ou la surdit� du pouvoir Habitu� � annoncer des scores de 85%, 98%, le gouvernement a �t� contraint au lendemain des l�gislatives de reconna�tre la faible participation des �lecteurs, soit 35,51%. Et qui peut �tre s�r que ce score n�a pas �t� gonfl� ? Des observateurs ont estim� que les votants n�avaient pas �t� au-del� de 20%. En tout �tat de cause, il est incontestable que le camouflet cinglant ass�n� par des millions d�abstentionnistes au pouvoir n�a �videmment pas �t� du go�t de celui-ci.
D�pit� et profond�ment contrari�, le gouvernement a rapidement trouv� la parade en attribuant l�importante d�fection aux partis politiques. Ainsi, plut�t que de m�diter sur le message du peuple, le pouvoir, comme � son habitude, a refus� de l�entendre, de l��couter. Non point parce qu�il est malentendant mais parce que sa �surdit� lui permet de continuer sa fuite en avant. En France, en 2002, apr�s la d�faite de la gauche � l��lection pr�sidentielle, Lionel Jospin avait d�clar� : �Nous n�avons pas �t� � l��coute des Fran�ais�, en 2007 apr�s la victoire de M. Nicolas Sarkozy, M. Dominique Strauss-Kahn du parti socialiste a dit : �Il serait grand temps de r�nover le parti.� Chez nous, s�r de lui, bombant le torse, le pouvoir refuse de tirer des le�ons du 17 mai. Comment donc pourrait- il le faire puisqu�il a toujours raison et qu�il ne se trompe jamais ? Et c�est ainsi que le ministre de l�Int�rieur ne craignant pas le ridicule a expliqu� le jeudi 17 mai � midi devant les cam�ras de l�ENTV (cha�ne nationale) que le 6% de participation relev� � cette heure-l� irait en augmentant l�apr�s-midi au retour des Alg�riens de la plage ! Le lendemain, il a �t� contraint de se rendre � l��vidence : les Alg�riennes et les Alg�riens se sont massivement abstenus. La faute � qui ? �Aux partis politiques qui n�ont pas su utiliser le langage qu�il fallait�, d�clare M. Zerhouni. A supposer que les �lecteurs (trices) n�aient pas �t� s�duits par les programmes et les id�es des 24 partis, ce serait tout de m�me trop commode et facile de dire : �C�est la faute des formations politiques�. �Mal �lue�, la future Assembl�e sera en tout �tat de cause install�e dans les jours � venir et fonctionnera comme telle. La question de l�abstention sera-t-elle pour autant oubli�e et la page tourn�e ? Certainement pas, car le message de l�abstention �tait celui d�une rupture totale entre gouvernants et gouvern�s, celui �galement d�une totale insatisfaction des Alg�riens sur le mode de gouvernance et le pouvoir de Abdelaziz Bouteflika et de son gouvernement. Qu�on en juge � travers quelques exemples bri�vement comment�s : le choix de l�id�ologie islamiste par le premier magistrat du pays a engendr� une profonde et grave r�gression et surtout une r�elle et grande d�mobilisation des Alg�riens suite � la politique suicidaire de la r�conciliation. Avec celle-ci l�on est revenu � la case d�part de 1991 avec en sus des milliers de victimes de l�islamisme dont le pouvoir ne veut plus entendre parler. Et force est de constater que l�arr�t du processus �lectoral de 1991 n�a pas �t� assum� jusqu�au bout puisque les islamistes-terroristes amnisti�s vivent en toute libert� d�sormais parmi nous. Et s�il prenait l�envie � quiconque de leur chercher querelle, il finirait ses jours en prison comme le patriote Mohamed Tounsi Gharbi, condamn� � perp�tuit�. Comment dans ces conditions peut-on nous convaincre que le combat contre le terrorisme est la priorit� du pouvoir ? Comment le croire lorsque ce m�me pouvoir ose nous mentir sur l�existence de kamikazes pr�ts � tuer et � se faire exploser ? Le 11 avril 2007 sera-t-il le dernier drame ? Qui peut l�affirmer ? Ce n�est pas tout : depuis son arriv�e au pouvoir en 1999, le premier magistrat a ferm� les vannes � toute expression citoyenne �et toutes les libert�s ont �t� mises sous surveillance� (Ali Bahmane El Watan20 mai). Son souci majeur a �t� de d�montrer que d�opposition il n�y en avait point. Au lendemain du 8 avril 2004 en �distribuant� des scores ridicules � ses adversaires, il entendait surtout dire : la seule force, le seul homme c�est moi. Et il est vrai qu�il a concentr� tous les pouvoirs entre ses mains allant par exemple jusqu�� se m�ler de nominations de chefs de da�ra ou de directeurs d��ducation de wilya. Et s�il est une chose r�elle aujourd�hui, c�est pr�cis�ment l�absence totale sur le terrain de cette force d�opposition et de proposition. Certains ont compar� la future APN � l�ancien CNT. Au niveau de la multitude de formations politiques peut-�tre. Mais l� s�arr�te la comparaison, car en 1994, il fallait �tre courageux pour accepter de si�ger au Conseil national de transition au moment o� beaucoup d�autres cachaient leur visage lorsque le cam�raman de la t�l�vision baladait son objectif. Quel que soit le bilan du CNT, quelle que f�t sa composante, ceux qui ont accept� cette mission �taient autrement plus int�gres que ceux qui auraient (selon la presse) pay� leur place de d�put�s pour si�ger dans la future APN. Est-ce vrai, est-ce faux ? Le fait que cette rumeur persistante ait circul� ne fera qu�alourdir le discr�dit des institutions dont le Parlement. Enfin, et c�est certainement le plus important, les Alg�riennes et les Alg�riens ne se sont pas rendus aux urnes en raison de la grave d�gradation g�n�rale de leur situation socio-�conomique : �ch�mage ravageur� (Ali Bahmane), fl�aux sociaux, pr�carit�. Salaires impay�s, �comme par hasard� r�gl�s par le chef du gouvernement la veille des l�gislatives ! Et l�Alg�rien se demande pour quelles raisons il continue � vivre aussi mal, � peut�tre plus mal � dans une Alg�rie dont on ne cesse de lui vanter l�excellente sant� financi�re. Et lui r�pond en toute logique : �Mais alors o� va la rente ?� Toutes les r�formes sont en panne et l�Alg�rie est plong�e par A. Bouteflika et �ses hommes� dans un total immobilisme. Et les col�res publiques de celui-ci contre tel ou tel ministre, tel ou tel wali ne servent plus � rien : les Alg�riens se son asbtenus le 17 mai parce que leur rejet du pouvoir, du r�gime est profond et ils ne croient plus en rien ni en personne. Et ils y croient d�autant moins qu�ils savent que lorsqu�ils tentent de bouger, comme le leur a sugg�r� un jour � Annaba leur pr�sident, la r�pression est f�roce. La culture de l��meute est devenue h�las l�unique expression �citoyenne�. Comment d�s lors le gouvernement et son pr�sident pouvaient-ils croire un seul instant que les Alg�riens se rendraient aux urnes pour �lire une Assembl�e qui ne refl�tera pas leurs pr�occupations, mais celles d�un pouvoir qui l�instrumentalisera comme celle qui l�a pr�c�d�e. Aussi, lorsque le ministre de l�Int�rieur conclut que l�abstention est un signe de maturation des Alg�riens, on serait tent� de lui dire qu�il s�agit d�une banalit� minist�rielle tant �tait connu et attendu le d�sint�r�t des Alg�riens pour ces l�gislatives. Par contre, ladite maturation �voqu�e par Yazid Zerhouni est � mettre � �l�actif� d�un gouvernement et d�un pr�sident de la R�publique totalement d�faillants. Les partis politiques ne sont pas seuls responsables et en tout �tat de cause ils ne sont que le reflet de l�environnement dans lequel ils �voluent. Il est question ici des plus �repr�sentatifs� si tant est que ce concept ait un sens. M. Yazid Zerhouni ne s�est pas seulement born� � imputer la �faute� de l�abstention aux formations politiques, il a �galement entendu discr�diter ceux qui avaient appel� au boycott en d�clarant que �le 35,51% n��tait pas la victoire des boycotteurs, car nous connaissons leur assise sociale�. M. Yazid Zerhouni ne sait-il donc pas que l�appel au boycott est une v�ritable campagne men�e par ceux qui en sont convaincus ? Cette pr�cision lui permettra-telle de ne plus faire la confusion s�mantique regrettable pour un ministre de l�Int�rieur entre boycott et abstention ? Cela �tant, M. Zerhouni aurait-il l�audace de se mesurer avec le FFS en termes de popularit�, un parti qui a appel� au boycott ? Et sur ce point, on ne saurait m�accuser de complaisance, mes divergences politiques avec cette formation �tant connues. Mais l�objectivit� qui est mienne me conduit � sugg�rer � M. Zerhouni, de ne pas se frotter aux questions �d�assise populaire et de popularit� car dans ce domaine il est plut�t mal loti et c�est peu dire ! Je n�appartiens � aucun parti, aucune association mais je dis � M. Zerhouni, �chiche ! promenons- nous tous deux dans ma commune de Staou�li et vous constaterez par vousm�me qui des deux sera �cout� et entendu�. N�en d�plaise � tous ceux qui disent le contraire, l�abstention est la victoire de ceux qui ont expliqu� que voter le 17 mai c��tait cautionner un pouvoir et un r�gime en �tat d��chec et incapable de se renouveler. Lorsque Abdelaziz Belkhadem d�clare que �le peuple n�a entendu transmettre aucun message � travers l�abstention� ou encore �le FLN reste la premi�re force du pays�. Ces d�clarations sont pires que celles de Zerhouni, car elles refl�tent un profond m�pris pour les Alg�riens. Selon Belkhadem, ces Alg�riens se sont abstenus parce que le 17 mai ils ont pr�f�r� vaquer � leurs occupations, se reposer, faire leur march� hebdomadaire, mais en aucune fa�on ce peuple �m�diocre� (A. Bouteflika) n�a entendu transmettre un message politique. Est-il seulement capable de penser ? A-t-il seulement une conscience politique ? Abdelaziz Belkhadem n�a pas entendu comme moi des Alg�riens dire haut et fort : �Je pr�f�rerais voter pour le diable plut�t que pour ceuxl��. La premi�re force du pays ? d�clare Belkhadem. La force que Abdelaziz Bouteflika a voulu classer premi�re avec 63 si�ges en moins et non pas �quelques si�ges� comme l�a pr�tendu Belkhadem. 63 si�ges, c�est une perte �norme et qui n�octroie plus la majorit� absolue au FLN version Belkhadem accul� � n�gocier. Belkhadem aura beau fanfaronner : il a perdu puisqu�il n�a pas obtenu la majorit�. Au fait, n�avait-il pas dit que s�il perdait il rendrait son tablier. Il semble avoir chang� d�avis puisqu�il d�clare aujourd�hui toute honte bue que �le peuple n�a pas entendu transmettre un quelconque message � travers l�abstention� Belkhadem un autre �malentendant� apr�s Zerhouni et Abdelaziz Bouteflika ! Le seul � avoir reconnu qu�il y avait eu � travers l�abstention l�expression d�un mal profond est le RND. Il est le seul � proposer urgemment la modification de la loi �lectorale. Il serait en effet grand temps que l�on r�examine le mode de scrutin. Proposition faite par le gouvernement Ghozali en 1991 et � laquelle Abdelaziz Belkhadem, alors pr�sident de l�APN, s��tait farouchement oppos�. Il est vrai que la dawla islamya n�aurait pas g�n� le m�me Belkhadem comme elle ne le g�nerait pas aujourd�hui d�ailleurs. Et quoi qu�on dise, quoi qu�on pense du RND, il a �t� durant les ann�es de terrorisme au moment o� Abdelaziz Bouteflika et Belkhadem regardaient du c�t� des Emirats arabes et de l�Iran le parti qui renfermait en son sein des patriotes de la stature de che�kh El-Hadj Mekhfi. Au S�nat, deux de mes coll�gues �taient aussi patriotes, c�est-�-dire ceux qui combattaient la barbarie terroriste et gr�ce auxquels les populations des hameaux les plus recul�s �taient prot�g�es. Courtisane ? diront les d�tracteurs. C�est leur probl�me et leur libert�. Mon droit � moi ayant la chance de m�exprimer librement sans attendre l�autorisation d�un chef de parti est de dire que j��prouve plus de sympathie pour de jeunes universitaires r�publicains comme M. Abdelkrim Harchaoui que pour des ministres dinosaures du FLN et leur chef islamiste qui ont largement us� des moyens de l�Etat pour en fin de parcours perdre 63 si�ges. Comprendront-ils enfin qu�ils n�ont pas seulement us� le corps �lectoral, eux-m�mes sont us�s, inutilisables p�rim�s ? PERIMES ! Quant aux r�sultats officiels du Conseil constitutionnel, ils sont tellement risibles et ridicules, qu�il suffit seulement d�avoir � l�esprit le pourquoi de la nomination de Boualem Bessa�eh � la t�te du Conseil constitutionnel et l�on comprendra qu�il n�existe pas de meilleur ex�cutant pour toutes les besognes. Un Boualem Bessa�eh qui avait accept� d��tre install� et d�sign� un soir de Ramadhan � 20h par le pr�sident du Conseil de la nation � la t�te de la commission des affaires �trang�res en 2000 alors que le groupe des ind�pendants (tiers pr�sidentiel) dont Bessa�eh FLN ne faisait pas partie avait �lu � la majorit� absolue M. Abdelhak Brerehi. La presse � l��poque s��tait faite l��cho de ce fait. C�est lui le pr�sident du Conseil constitutionnel qui retire, qui rajoute, qui maintient le nombre de si�ges selon quels crit�res ? Vaste programme ! Ce qui est �tabli c�est que lesdits r�sultats se voulaient une r�ponse cinglante � Sa�d Boucha�r. Le bras de fer ayant oppos� ce dernier � Yazid Zerhouni devant �tre arbitr� par le Conseil constitutionnel. Il �tait �vident que Bessa�eh tranche en faveur de Zerhouni. En v�rit�, pour nous autres citoyens, il est clairement �tabli que Sa�d Boucha�r a dit vrai lorsqu�il a d�nonc� par �crit au pr�sident de la R�publique des d�passements et des cas de fraude. Nous ne doutons nullement de cela puisqu�il persiste et signe. Par contre, cette face apparente de l�iceberg ne cacherait-elle pas autre chose autrement plus s�rieuse, voire plus grave ? Ne cacherait-elle pas une guerre de succession initi�e par l�entourage du pr�sident et le pr�sident lui-m�me. �o� quoi qu�il arrive au cours du pr�sent mandat l��uvre politique de Abdelaziz Bouteflika devra lui survivre et maintenir son image d�homme providentiel� (Rachid Grim, politologue El Watan, 5 novembre 2006) ? Dans ce cas, quelle serait l�une des premi�res missions de la future APN ? Une r�vision constitutionnelle ne serait-ce que sur la vice-pr�sidence ou les vicepr�sidences ? Abdelaziz Bouteflika en a-t-il les moyens aujourd�hui ? En aura-t-il le temps ? L�on aura beau annoncer ses multiples visites ici et l�, l�on ne peut plus nous mentir sur son �tat de sant�. En tout �tat de cause, l�heure est grave et les r�publicains ont int�r�t � se rassembler et � se serrer les coudes, non pas � l�occasion de rendez-vous �lectoraux, mais en ce moment pr�cis avant qu�il ne soit trop tard. Huit ann�es de chape de plomb ne sont-elles pas suffisantes ? Serions-nous donc maudits � ce point pour subir � nouveau le clone de celui que beaucoup d�entre nous n�ont pas choisi ? Ni en 1999 ni en 2004. L�Alg�rie est une fois de plus � la crois�e des chemins, certains ont dit que le changement �tait imp�ratif. Qui dirait le contraire ? Faut-il cependant savoir de quel changement il s�agit. L�abstention aux l�gislatives n��tait-elle pas plut�t une revendication qu�on qualifierait de rupture totale ? A condition que l�on comprenne au plus haut niveau que l�on ne peut plus se permettre de prendre les m�mes et pr�tendre au changement. Pour l�instant, l�Alg�rie est bloqu�e et la mosa�que de partis qui formera la future APN ne changera rien. D�autant que les r�publicains sont les plus mal lotis. Ils ont eu les si�ges qu�on a bien voulu leur octroyer juste pour avoir l�illusion d�exister aucunement pour s�affirmer.
L. A.
N. B. : Dans la lettre adress�e � M. Jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur (jeudi 24 mai, Soir d�Alg�rie), quelques coquilles doivent �tre corrig�es : �Moi � laquelle d��minent professeurs ont enseign� (et non auquel). �La r�conciliation qui vous a s�duite (et non s�duit). �Ce sont des citoyens(ennes) dont je fais partie (et non j�en fais partie). �Urnes faiseuses de miracles� (et non faiseurs).

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