Culture : INTERVIEW/DJAMEL BENDEDDOUCHE, REALISATEUR
�Pour d�marrer le film Arezki l�indig�ne, j�ai d� vendre ma maison !�


Accost� sur le plateau du tournage de son sixi�me long m�trage en tamazight, Arezki l�indig�ne, le r�alisateur Djamel Bendeddouche n�a pas h�sit� � confier aux lecteurs du Soir d�Alg�rie les p�rip�ties de son h�ros sous les ch�nes majestueux et ancestraux de la for�t de Yakouren. Pour Djamel Bendeddouche, il s�agit de mettre en mouvement une histoire qui s�est dessin�e durant vingt-cinq ann�es dans son esprit. C�est aussi et surtout un hommage qu�il a voulu rendre � travers Arezki l�indig�ne, une �uvre qui retrace un pan de l�histoire coloniale.
Le Soir d�Alg�rie : Le projet du film Arezki l�indig�ne ne date pas d�aujourd�hui�
Djamel Bendeddouche :
L�id�e de faire un film sur Arezki El Vachir n�est pas r�cente du tout. C�est un r�ve qui a trottin� dans mon esprit depuis l�enfance. Un tr�s vieux projet dont le premier sc�nario a �t� �crit en 1982. Depuis, il y a eu d�autres �critures. Le pr�sent sc�nario est l�aboutissement de la cinqui�me r��criture.
Qu�est-ce qui a motiv� le tournage de ce film ? L�attirance du personnage de bandit d�honneur ou cette volont� de mieux lever le voile sur une p�riode cruciale de l�occupation coloniale ?

D�abord, parce que le personnage de bandit d�honneur m�a toujours int�ress�. Les bandits d�honneur ont fait la guerre. Et aussi je me sentais le devoir de les r�habiliter par rapport � la R�volution et au d�but de l�occupation fran�aise en 1830. Car jamais, au grand jamais, les Alg�riens n�ont cess� de se r�volter contre l�ordre colonial. Comme il y a eu en Oranie Bouziane Kela� en 1875, Bouguerra � l�Est, il y a eu �galement Arezki El Vachir en Kabylie. Arezki est l�un d�entre eux. Il a �t� ex�cut� en 1895 pour avoir troubl� l�ordre colonial.
Pourquoi sp�cialement un film sur Arezki El Vachir ?

Parce que Arezki appartient � l�histoire. Il a marqu� une page glorieuse de l�histoire de l�Alg�rie. Le p�re de Arezki a �t�, ne l�oublions pas, le porte-drapeau de l�insurrection arm�e de 1871. Arezki a �t� initi� au maniement des armes par son p�re dont il a �t� le reflet. Il a continu� le combat de son p�re en se battant et en se rebellant contre l�ordre colonial jusqu�� sa mort.
Dans quelles conditions se d�roule le tournage ? Autrement dit, disposez-vous des moyens n�cessaires � la r�alisation de ce film historique ?
Tr�s franchement, il faut avouer que je n�ai pas eu de grands moyens. Je travaille avec les m�mes financements qu�un film tourn� en l�an 2000. J�essaye de faire avec les moyens du bord. Pour d�marrer le film, j'ai d� vendre ma propre maison. Cependant, je tiens � pr�ciser que l�arm�e a mis � notre disposition des chevaux, des armes datant de l��poque de la Premi�re Guerre mondiale et un h�licopt�re qui nous a permis de filmer les montagnes kabyles et d�obtenir des images a�riennes pour suivre les d�placements de Arezki.
Un mot sur la distribution, les lieux de tournage, les d�cors qui n�ont pas d� �tre faciles � reconstituer ?

Inutile de vous dire que j�ai pris les com�diens les plus connus et les plus exp�riment�s des films amazighs, tel que la Colline oubli�e, la Montagne de Baya, Machahou. A�t Ali Belkacem Salem pour le r�le de Arezki, Dahmane A�drous pour Mohand Sa�d Abdoun et Chabane Mohamed pour Amar Oumera�. Nous avons film� dans la for�t de Yakouren, fief d�Arezki. Dans un village ancien pr�s de Yakouren, on a trouv� des int�rieurs de maisons id�aux, tout comme la maison de Arezki � A�t-Bouhini, relativement en bon �tat. A Bel-Abb�s, on a pu reconstituer tout le d�cor de l��poque coloniale, la sous-pr�fecture de Tizi-Ouzou, l�administrateur de Yakouren, les personnages� Le film a, par ailleurs, b�n�fici� de l�aide salutaire et inesp�r�e d�une charmante dame de Bel-Abb�s. Gr�ce � elle on a pu reconstituer le d�cor d�int�rieur, les meubles et accessoires de l��poque. Je la remercie vivement.
Vous avez �t� pr�sident du jury � Annaba. Quelle est la situation du film amazigh et de quel apport est ce film � la filmographie alg�rienne ?

Ma connaissance du film amazigh me permet de dire qu�il existe dans ce film de r�elles vell�it�s � vouloir se d�velopper. Comme je pense aussi que le minist�re de la Culture est suffisamment sensible � cette question. Le minist�re de la Culture, qui a investi dans ce film parl� d�abord en langue kabyle a, aussi, je pense, d�autres projets d�investissements dans le film amazigh qui est d�un apport pr�cieux � la filmographie alg�rienne. La filmographie, c�est d�abord le maximum de films r�alis�s en arabe et en tamazight.
Chaque r�alisateur apporte sa touche personnelle dans la r�alisation d�un film. Quelle est l�empreinte de Djamel Bendeddouche dans Arezki l�indig�ne ?
J�aime beaucoup tourner dans les ext�rieurs naturels, poser les probl�mes aff�rents � la sociologie. Pour moi, c�est un film tout � fait nouveau. C�est un film historique et il me fallait montrer et faire d�couvrir les affres v�cues par la population en Kabylie et de toute l�Alg�rie durant la colonisation. Partout, de l�Est � l�Ouest, du Sud au Nord, la population a souffert de la politique coloniale. J�ai essay� de retracer toute cette p�riode de l�indig�nat qui a d�sarticul� nos traditions, nos coutumes.
Un film qui n�a rien � voir avec la th�se des bienfaits de la colonisation�

C�est tout � fait ridicule, cette histoire de bienfaits de la colonisation. La colonisation n�a fait de bienfaits qu�� elle-m�me et pour les int�r�ts des colons. C�est ridicule dans la mesure o� on nous appelait les indig�nes. Les indig�nes �taient jet�s en p�ture aux colons qui nous ont pris nos terres, alt�r� notre pens�e et priv�s de notre culture. Il faut que les jeunes comprennent que les m�thodes coloniales �taient des m�thodes barbares que ce soit au Maghreb ou en Afrique.
Pour finir�
Je souhaiterai que les autorit�s locales de la wilaya de Tizi- Ouzou s�impliquent plus s�rieusement parce qu�elles nous ont promis des aides qui, h�las, ne sont jamais arriv�es. Des aides comme partout dans le monde. Les conseils r�gionaux en France aident les films pour la promotion de leurs r�gions, ce qui n�est pas le cas ici. Aucun maire, de toutes les r�gions dans lesquelles nous avons tourn�, n�est venu ne serait-ce que pour une visite de courtoisie. Ils sont totalement d�sint�ress�s. Heureusement, rien n�arr�tera le film Incha Allah !
Entretien r�alis� par Salem Hammoum

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