P�riscoop : BAZOOKA
Du prix de l�ind�pendance
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Pour vous dire la v�rit�, la chose me reste en travers de la gorge ! La tradition, dans tous les pays du monde d�ailleurs, veut un faste particulier � chaque tranche de cinq anniversaires. On f�te particuli�rement le 5�me, le 10�me, le 15�me anniversaire d�un �v�nement important. Or, ce 5 Juillet, c�est bien le 45�me anniversaire ! Et rien, absolument rien de particulier n�est pr�vu. Vous savez bien que cette tranche quinquennale se pr�te mieux que la tranche annuelle � un �tat des lieux ou un bilan. Et personne au sommet du pouvoir ne s�en est aper�u.
L�oubli est tellement massif qu�il en devient significatif. L�id�e d�ind�pendance serait-elle devenue trop lourde ou p�nible � porter ? Le message patriotique serait-il devenu d�mod� ? L�oubli n�est-il qu�un oubli ? Je ne le crois pas. Des dizaines de signaux montrent qu�un travail sourd veut passer le 1er novembre pour une erreur. Alors, moi, je mettrai le drapeau � la fen�tre, je parlerai aux enfants du code de l�indig�nat, cet �tat d�exception permanent qui nous �tait impos�. Je leur parlerai du 8 Mai 1945 et de la tuerie de masse perp�tr�e par les soldats et LES COLONS, du racisme au quotidien et de la devinette que me posaient les pieds-noirs de Belcourt parce que j�avais de bons r�sultats scolaires (que l�Arabe va chasser, tue et laisse sur place ? r�ponses ; les poux) ; devinette pos�e � un Arabe encore enfant. Je leur dirai que la premi�re bombe plac�e contre des civils pendant notre guerre d�Ind�pendance fut pos�e par les pieds-noirs rue de Th�bes contre une maison arabe, que pendant la bataille d�Alger, deux de leurs grands cousins, un grand oncle, deux tantes furent tortur�s, qu�en d�cembre 1960 sous mes yeux les pieds-noirs ont tir� des balcons et tu� deux Alg�riens sous mes yeux et que les paras ont tu� des dizaines de personnes, surtout celles qui descendaient le 10 d�cembre pour soutenir les manifestants de Belcourt, que l�OAS a tu� plus de cent dockers avec une bombe au port, qu�elle a ratiss� l�h�pital Mustapha Pacha et tu� des malades, des aides-soignantes, des femmes de m�nage et tout Arabe qui se trouvait dans la rue, que bien s�r les jeunes de Belcourt ont voulu venger nos morts ce qui a oblig� les fida�s � descendre � leur tour dans la rue et riposter au massacre applaudi par les peids-noirs, que le quartier de La Carri�re et du haut de Belcourt recevaient des obus mortiers en permanence et que bien des enfants sont morts ainsi. Non, cette guerre n�a pas �t� un �gala r�volutionnaire � et ce que nous avons pay� a �t� terrible. La fraternit� nous a toujours �t� refus�e de l�autre c�t� et la guerre nous a �t� impos�e. Nous avons pay� si cher cette ind�pendance que nous ne pouvons, nous, l�oublier. Ni oublier son prix.
M. B.

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