Le Soir d'Alg�rie

Le plus incroyable, c�est qu�il suffit de cinq jours � Karl Probst, l�ing�nieur de la petite firme Bantam, pour en concevoir et dessiner les plans. Et 49 jours plus tard, le 23 septembre 1940, le prototype Bantam, pilot� par Prosbt, fit son entr�e au camp de Hollabird pour y subir une s�rie de tests ! Ben s�r, le poids minimum impos� n�a pu �tre respect�, mais les performances sont concluantes. Dans la foul�e, la firme Willys va de son interpr�tation et pr�sente, en novembre, sa Ouad, tr�s proche de la Bantam. Quant au g�ant Ford, jaloux de ne pas avoir �t� invit� et flairant de juteux march�s, il rend sa copie, la Ford Pigmy. C�est Ford et Willys qui, au final, remportent la palme en juillet 1941, raflant les commandes convoit�es !
ELLE A CONNU TOUTES LES GUERRES
Datant de 1942, la Willys MB a donc connu le second conflit mondial avant de rempiler dans l�arm�e fran�aise : Indochine, Alg�rie ou plus tranquillement, une petite ville de garnison dans l�est. De sa jumelle Ford GPW, la Willys MB ne se distingue gu�re que par le couvercle plat de ses coffres sur les passages de roues arri�re et la forme ronde de la traverse sous le radiateur. La calandre en t�le emboutie qui a succ�d� � la �slat grill� � aussi appel�e grille en fer forg� � des tous premiers mod�les sourit de toutes ses dents. Quelle bonne bouille avec ses deux petits yeux ronds abrit�s par le c a p o t plat ! Deux crochets de fonte, et le capot d�voile le Go-Devil 4 cylindres au ronflement si caract�ristique. Encore une trouvaille du �professeur� Probst : les phares basculent pour �clairer la m�canique. Pratique en cas de panne nocturne, � condition que ce n�e soit pas, bien s�r, une panne de batterie� Ici, deux batteries : c�est une Jeep radio �quip�e en 24 volts. Du coup, pas de souci pour lancer le moteur d�un grand coup de godillots sur le bouton plac� � la droite de l�acc�l�ration. On sonne le r�veil du c�t� des cadrans et les aiguilles se mettent au garde � vous : essence, pression d�huile, amp�re-m�tre et temp�rature d�eau entourent le tachym�tre en miles, tous cercl�s de laiton. Sur la bo�te � gants, trois plaques rappellent les �instructions for use� et les pr�cautions � l�usage du bidasse international. Rembourr�e en crin de cheval, la selle, ou plut�t chaise de jardin en toile qui sert de si�ge, ne maintient absolument pas et permet au coccyx d�enregistrer toutes les variations du rev�tement que rapportent fid�lement les inflexibles lames de ressort. Il faut dire que la brave Jeep doit pouvoir supporter sur son dos quatre bidasses et leur barda. Etonnant, cette MB freine plut�t bien, et presque droit. A 50 � l�heure dans ce chemin roulant mais bossel�, le volant est doublement utile : d�abord pour conserver le cap malgr� son impr�cision, mais aussi pour �viter d��tre jet� par dessus bord. Malheur au passager avant qui n�a qu�une poign�e au-dessus de la bo�te � gants. Quant � celui qui survole la mince banquette arri�re, il apprend la nouvelle d�finition des troupes a�roport�es� A l�arr�t, on tire la manette de gauche proche du levier de vitesses et voil� le pont avant enclench�. Comme l�escalade s�annonce rude, poussons vers l�avant l�autre manette fin de disposer des rapports �courts�. La Willys rue des quatre fers et s��lance � l�assaut des Rocheuses . �a grogne c�t� moteur, �a claque au rayon des lames de ressort et �a fume au niveau des pneus, mais la Jeep vaincra. La Jeep s�arrache en projetant terre et cailloux, son moteur ronronne, comme soulag�. Franchement, peu de 4x4 modernes, emp�tr�s par leurs jantes larges et pare-�l�phants chrom� red�marreraient dans ces conditions� Une fois en haut, y a plus qu�� descende. Merci de ne pas toucher les freins et l�embrayage pour �viter une descente en luge, surtout si le sol est glissant. Une belle descente s�aborde les deux pieds pos�s � plat sur le plancher.