P�riscoop : BAZZOOKA
Entre livre et lecture publique (3)
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Ce f�tichisme du livre n�est pas la tare du seul pouvoir. Il atteint l�ensemble de la soci�t� y compris ses �lites et certainement plus les �lites que les simples gens puisque le livre appartient � leur domaine r�serv�, celui de la culture et des savoirs. C�est ce f�tichisme g�n�ralis� qui aveugle litt�ralement les diff�rents intervenants de ce domaine les focalisant sur l�objet en soi et occultant la seule et essentielle pratique de la lecture. Un chiffe, un seul : les �diteurs d�plorent que, pour le roman ou le recueil de po�sie, les ventes d�passent rarement les 1000 exemplaires.
Les livres d�histoire se vendent mieux, entre cinq mille et sept mille exemplaires. Les livres utiles du scolaire, du parascolaire et les dictionnaires se vendent nettement plus fort. Le livre religieux bat des records. Se vendent alors les livres utiles (qui ont une mission) et les livres religieux qui ont une fonction sociale (de reproduction et de l�gitimation des rapports sociaux). Mais tout le secret du succ�s du livre religieux est l� : on le met chez soi comme identifiant culturel, on l�ach�te pour les biblioth�ques des mosqu�es, on l�ach�te aussi pour �savoir� parler des questions relatives � la lic�it� des pratiques quotidiennes du commerce et des affaires. Du coup, la fonction sociale du livre religieux englobe une utilit� sociale. Cette fonction sociale ouvre un march�, c'est-�-dire un lectorat potentiel, ce qu�ont bien compris ces acheteurs qui sortent avec des centaines d�exemplaires du Salon du livre pour les revendre dans toutes ces r�gions ou petits coins d�Alg�rie ou m�me des grandes villes o� n�existent pas de librairies. Il s�agit, en fait, de libraires ambulants comblant le manque de librairies qui n�ouvriront pas de toutes les fa�ons, compte tenu de la l�gislation actuelle du commerce. Pour les livres autres que les livres religieux ou utiles, il n�existe pas de march�. Pas m�me celui des biblioth�ques communales, de quartier, de coll�ge ou de lyc�e qui auraient pu garantir aux bons romans ou po�mes, aux essais de partir avec la chance d�une commande minimum de 3000 � 4000 exemplaires (faites vos comptes avec 1400 communes et toutes les �coles, coll�ges, lyc�es, maisons de jeunes et de la culture) tout en tissant la trame n�cessaire au travail d�incitation � la lecture que doit entreprendre l�Etat � travers ses institutions culturelles, des programmes n�goci�s avec les associations.
M. B.

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