Actualit�s : UNION EUROP�ENNE/DOUBLE ATTENTAT D'ALGER
Crimes et chuchotements
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari


Dans sa couverture ou ses analyses sur les attentats qui ont frapp� Ben Aknoun et Hydra, la presse europ�enne revoit plut�t � la hausse le nombre des victimes.
D�s l�horreur connue, les principaux quotidiens et les cha�nes de t�l�vision ont repris, souvent les pr�cautions d�usage professionnels n�cessaires, les chiffres donn�s par les correspondants de la presse alg�rienne accr�dit�s � Alger. Ces derniers ont estim�, d�s le carnage, le nombre des victimes entre 50 et 60. Alors que le minist�re de l�Int�rieur alg�rien parlait au m�me moment de 20 ou 30 morts. Sur le nombre des bless�s, les deux sources s�accordaient sans pr�ciser, toutefois, au d�but, du moins l��tat de ses bless�s (gri�vement, gravement, l�g�rement). Pourquoi les autorit�s alg�riennes communiquent- elles si mal au point de laisser le doute, souvent pernicieux, s�installer dans l�esprit de l�opinion publique alg�rienne, �migr�e ou europ�enne ? Depuis que l�Alg�rie subit le terrorisme, l�aspect de l�information s�curitaire a �t� soit n�glig�, soit mal g�r� par les gouvernements alg�riens. Celui dirig� par Belkhadem ne d�roge pas � cette n�faste r�gle. Le Premier ministre alg�rien a, certes, rectifi� hier la trajectoire informationnelle en d�clarant, justement, d�ailleurs que �l�Alg�rie n�avait aucun int�r�t � cacher le nombre des victimes �. Est-ce, cependant, suffisant ? Assur�ment, non ! Loin s�en faut, d�ailleurs ! L�Alg�rie officielle essaie depuis la r�conciliation nationale de trouver un espace coh�rent entre cette derni�re et la lutte antiterroriste. Les flagorneurs, les trouv�res et les thurif�raires du syst�me � nombreux, h�las, tr�s nombreux � ont fait le reste : minimiser au maximum le ph�nom�ne terroriste pour plaire � Bouteflika et lui pr�senter l�image d�une Alg�rie stable et s�curis�e gr�ce � �la r�conciliation nationale�. Cette fa�on de communiquer � ou de ne pas communiquer � est non seulement contre-productive, mais peut s�av�rer dangereuse. Lorsqu�on ressasse, quotidiennement, aux gens que le terrorisme est vaincu, que la paix est revenue sur la terre Alg�rie et que l�islamisme arm� vit son dernier quart d�heure � quart d�heure qui dure depuis au moins 10 ans ! �, l�on ne vient pas, comme �a, du jour au lendemain d�un attentat, haranguer les foules et les instruire quant � la n�cessaire et m�me salutaire vigilance. La lutte antiterroriste est un combat mais aussi et surtout une d�marche, une posture, une politique et une vision de la soci�t�, voire du monde... La r�conciliation nationale, que l�on soit pour ou contre, ne peut pas �tre tout cela � la fois. Surtout lorsque des politicards, carri�ristes, opportunistes et plus enclins � prot�ger leur cro�te qu�� s�engager dans la d�fense des int�r�ts du pays, passent l�essentiel de leur temps � vouloir donner � la r�conciliation nationale un caract�re �ternel, sans aucune limite, ni dans l�espace, ni dans le temps. Le carnage de Ben Aknoun et de Hydra sera-t-il le tournant attendu pour que l�Alg�rie officielle se rende � cette �vidence, maintenant, universellement admise : le terrorisme doit �tre fermement et violemment combattu. Il n�est soluble dans aucune configuration politique. Pas m�me dans la r�conciliation nationale. La guerre des chiffres que semblent vouloir livrer le ministre de l�Int�rieur et le chef du gouvernement para�t si d�risoire par rapport � l�enjeu...
A. M.

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