Actualit�s : AU LENDEMAIN DE L'HORREUR
Reconstruire pour continuer � vivre


L�avenue du 11-D�cembre-1960 d�El-Biar �tait hier calme. Trop calme m�me. Elle a �t�, d�s les premi�res heures de la matin�e, nettoy�e et d�barass�e des gravats et des vitres cass�es.
Meriem Ouyahia - Alger (Le Soir) - La chauss�e �tait des plus propres. Seuls de petits d�bris de verres scintillaient au soleil. Les voitures endommag�es ont �t� remorqu�es. Le mur du Haut conseil islamique a gard� les traces de l�explosion. De gros trous sont encore visibles. Et dans ce d�cor, se tient le si�ge du Conseil constitutionnel �ventr�. Le crat�re laiss� par la voiture pi�g�e a �t� combl�. Les agents d�Asrout de la wilaya d�Alger s�affairaient toujours � d�blayer les gravats. Le wali d�l�gu� de Bouzar�ah, affirme que durant la journ�e, des travaux de r�fection de toutes les b�tisses touch�es par le souffle de l�explosion seront effectu�s. �J�ai �chapp� � la mort, alors je ne demande rien de plus. Pour moi, la voiture ce n�est rien� rel�ve une employ�e en scrutant les v�hicules endommag�s. Dans le parking, une dizaine de voitures endommag�es sont encore l�. Par petits groupes ou seul, le personnel du Conseil constitutionnel vient, juste pour voir, constater � quoi ils ont �chapp�. Ils prennent des nouvelles des uns et des autres. �Excusez-moi, je ne veux pas parler. Je ne veux pas me souvenir. J��tais dans la b�tisse au moment de l�explosion� nous dit une dame, la trentaine, accompagn�e d�un de ses coll�gues. �La structure de la b�tisse n�a pas �t� touch�e� �Ce sont les morts qui ne reviennent pas, les b�timents se reconstruisent.� Les larmes aux yeux, l�architecte du Conseil constitutionnel, Mme Hammouche, a tenu � venir sur place pour constater les d�g�ts occasionn�s au si�ge du Conseil constitutionnel. Toute son �quipe et celle du CTC Centre sont sur les lieux pour faire le bilan de la situation. �La structure de la b�tisse n�a pas �t� touch�e. Ils (les terroristes, ndlr) n�ont pas r�ussi � l��branler� souligne cette architecte. La ma�onnerie du c�t� gauche de cette institution est compl�tement tomb�e. �La seule mani�re de lutter est de recommencer � travailler. C�est une fa�on de dire NON. Et en parall�le, on se sent compl�tement impuissant� affirme Mme Hammouche dont des coll�gues ont �t� bless�s l�g�rement lors de cet attentat kamikaze. L��quipe de l�architecte devra, �tage par �tage, �valuer les d�g�ts pour tracer la conduite � tenir et �chelonner la r�novation de la b�tisse. Le tout est de r�nover, reconstruire pour continuer � aller de l�avant. �Si nous pouvions, nous ouvririons aujourd�hui nos magasins� C�est le m�me sentiment de Ch�rif, 26 ans, commer�ant. Il travaille dans un magasin de t�l�phonie mobile se trouvant � 20 m�tres du si�ge du Conseil constitutionnel. Nous l�avons trouv� en train de nettoyer les vitres de ce commerce. �Jusqu�� maintenant, j�ai l�impression que c�est irr�el, un cauchemar et que je vais me r�veiller� soupire-til. Toute sa marchandise est sens dessus dessous, mais Ch�rif s�affaire uniquement avec les vitres. Ch�rif n�a pas ferm� l��il de la nuit. Il est l� juste pour s�occuper et ne plus penser � rien. H�sitant, cherchant ses mots, il se rem�more : �Je me rappelle qu�il y avait une jeune fille qui venait de garer sa voiture, une KIA, � proximit� du magasin, elle a fait quelques pas et puis l�explosion. En sortant, je l�ai trouv� sur le sol�. Khaled, 26 ans, a �galement du mal � parler. Par bribes, il raconte comment il a trouv� une de ses connaissances sur le sol, quelques secondes apr�s l�explosion, loin de sa moto. Il s�agit de Sofiane, �galement, commer�ant. �Mon magasin (de pr�t-�-porter, ndlr) n�a pas pris un grand coup gr�ce aux portes vitr�es �paisses. Malgr� le choc, malgr� tout, si les portes de l��choppe sont r�par�es maintenant, je le rouvrirais aujourd�hui� dit-il d�termin�. Au fait, plusieurs commer�ants ont d�j� entrepris les r�parations qu�il faut. Pour eux, il est vital que tout doit reprendre son cours normal. Mohammed, pourtant veut crier sa rage aux propos du ministre de l�Int�rieur : �Il dit qu�il savait et il n�a rien fait pour nous prot�ger. Ils sont responsables. Ils doivent le savoir.� �Il y a deux Alg�rie, celle d�en haut et celle d�en bas, m�me dans ces moments�, rel�ve encore un membre de l�association des commer�ants de Ben-Aknoun. Il est pratiquement midi, tous ferment boutiques. Tous les commer�ants se sont donn�s rendez-vous au cimeti�re pour assister � l�enterrement de leur ami Sofiane. Alger a commenc� � enterrer ses morts�
M. O.
molesoir@yahoo.fr

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