P�riscoop : BAZOOKA
Victimes de seconde zone
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Un nouveau malheur vient de frapper des dizaines de nouvelles familles alg�riennes. Dans ces moments de grande tristesse pour les parents des victimes et pour nous tous qui avons l�Alg�rie au c�ur, l�Alg�rie pas le syst�me, les communiqu�s des organisations satellites du pouvoir condamnent vite les deux attentats de mardi et appellent longuement au soutien du pr�sident et de sa politique de r�conciliation nationale. Et la t�l�vision r�percute longuement ces communiqu�s.
Cette pr�cipitation � d�fendre la politique du pr�sident, non seulement signale qu�ils ne sont pas tr�s convaincus de sa justesse et de ses r�sultats, mais vise � �touffer dans l��uf toute vell�it� de discussion et de d�bat sur ce que signifie pour notre soci�t� cette persistance du terrorisme et de ses capacit�s � frapper et � recruter de nouveaux candidats � la violence. Cette prise de position n�intervient pas dans le cadre d�un �change contradictoire de points de vue et d�analyses sur ce qui nous arrive, mais � chaud, au moment de la douleur et du deuil pour les familles concern�es. Comme si on leur disait : vos enfants ne sont pas la vraie cible de ces attentats mais la politique du pr�sident. Vous vous rendez compte ? Ces organisations satellites d�classent ces morts et ces victimes au rang de victimes collat�rales, secondaires, presque insignifiantes au regard de l�importance et de la valeur de la vraie cible. Ces organisations ont perdu la d�cence et la compassion minimum d�attendre qu�on enterre les morts pour se remettre � la controverse politique ou � la pol�mique. Elles n�attendent m�me plus que les m�res �puisent une partie de leur chagrin avant de se remettre en campagne �lectorale. Ce n�est pas la premi�re fois que le pouvoir montre sa f�brilit�, voire sa peur, que les survivants parlent de leurs malheurs car, au bout de la parole, les hommes peuvent r�fl�chir et d�crypter le sens de ce qui leur arrive et ne plus s�en tenir aux significations que le syst�me leur emballe. Souvenez- vous de Ra�s, de Bentalha et des autres lieux de massacres ou de sinistres, le pouvoir a donn� de l�argent en compensation des morts dans une sorte de march� tacite : prenez et taisez-vous ! C�est dans l�obstination � ne pas nous taire, � nous poser des questions, � chercher � comprendre loin des r�ponses toutes faites, m�me celles de nos amis politiques, que nous pouvons survivre en d�pit de la double mort qu�on nous promet ou nous impose : la mort physique et sa siamoise, la mort symbolique.
M. B.

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