Actualit�s : CHRONIQUE
Vigilance, disent-ils ?
Par Le�la Aslaoui
le�la.aslaoui@yahoo.fr


Durant la premi�re semaine de d�cembre, Abdelaziz Belkhadem, profitant de sa double casquette, a effectu� un v�ritable forcing pour tenter de nous inoculer � doses hom�opathiques son poison mortel, un troisi�me mandat (3e) pour Abdelaziz Bouteflika. Rien n�a �t� laiss� au hasard et rien n�a �t� oubli� : les sempiternelles �arm�es� d�appareils qu�on a d�terr�es.

Pour la circonstance, le pr�sident fran�ais, Nicolas Sarkozy pris � t�moin (lors de sa visite en Alg�rie) �pour prouver � la communaut� internationale que le pr�sident est populaire�, avoue sans d�tour le m�me Belkhadem (ENTV, samedi 8 d�cembre 2007). Ainsi le coup de force, puisque c�est bien de cela qu�il s�agit, devrait se transformer en un appel du peuple. Et c�est � ce moment-l� que le commanditaire et b�n�ficiaire de ce tam-tam bien orchestr�, Abdelaziz Bouteflika, serait venu ramasser la mise. Le peuple, aurait-il dit, ne veut pas un autre que lui puisque cet autre n�existe pas. Il a r�p�t� des dizaines de fois qu�il rentrerait chez lui s�il �chouait (si chez lui ce n�est pas chez nous, c�est o� chez lui ?). Le voici qui en redemande et se dit �apte physiquement� � exercer le pouvoir pour le pouvoir. Obs�d� donc par son seul d�sir de mettre institutions �tatiques et citoyens devant le fait accompli : mandat � vie, choix du vicepr�sident par le seul Bouteflika et surplus des pr�rogatives pr�sidentielles, il y a longtemps que l�homme ne pilote plus l�avion et ne sait m�me pas ce qui se passe. Pas plus lui, que �ses hommes�, comme il se pla�t � les appeler. Et lorsque ce 11 d�cembre, l�Alg�rie a plong� une �ni�me fois dans l�horreur et la barbarie islamistes, nous avons eu droit � leur m�pris et � leur cynisme. Le d�dain de Abdelaziz qui n�a pas failli � ses habitudes, d�cid�ment tenaces : port� aux abonn�s absents toutes les fois qu�un malheur s�abat sur �son peuple�. Et l�Histoire retiendra qu�� Batna le 7 septembre 2007, il s��tait rendu au chevet des bless�s de l�attentat qui le ciblait lui, parce qu�il ne pouvait se d�rober cette fois-l�, se trouvant dans la ville o� avait eu lieu la catastrophe. Except� ce fait unique, Abdelaziz Bouteflika r�pond toujours par le silence au peuple �m�diocre et sale� (A. Bouteflika) auquel il veut imposer un troisi�me mandat. Qu�il s�agisse de calamit�s naturelles ou du 11 d�cembre, rien n�est parvenu � le faire descendre de son pi�destal : pas plus l�ampleur des d�g�ts humains et mat�riels caus�s par les attentats les plus meurtriers qu�ait connus Alger, que le deuil qui a frapp� des centaines de familles alg�riennes et celles �trang�res aussi. Pas un mot de compassion, par une phrase d�indignation. L�homme se terre, l�homme se tait. En v�rit� qu�aurait-il pu dire ? Se montrer arrogant comme � Batna en vantant sa mascarade politique ? Certainement pas , car la col�re � et c�est un euph�misme � est perceptible chez tous. Comment ne pas exprimer sa r�volte lorsqu�on apprend que l�un des deux kamikazes ce 11 d�cembre, jug�, condamn� pour �appartenance aux r�seaux terroristes islamistes�, a �t� amnisti� et pardonn� en 2006 par Abdelaziz Bouteflika ? Sit�t blanchi, il a repris le chemin du crime. La suite on la conna�t. Abdelaziz Bouteflika portera sur sa conscience (s�il en a une..) l�assassinat de toutes les victimes du 11 d�cembre comme celles des autres attentats qui ont pr�c�d� celui-ci. Abdelaziz Bouteflika avait promis la s�curit�. Nous vivons dans le pays le plus ins�curis� qui soit, car je ne cesserai jamais de le dire dusse-je �tre seule � l�affirmer : on n�absout pas un criminel, on le juge et on le condamne. Le laxisme est fr�re jumeau de l�ins�curit�. Combien de morts, combien de litres de sang, combien de larmes de m�res, de p�res, d��pouses, d�orphelins �plor�s faut-il � Abdelaziz Bouteflika pour qu�il admette qu�il a lamentablement �chou� ? Incapable de prot�ger son peuple et les �trangers, y compris dans des lieux et quartiers �pr�sum�s� inaccessibles aux kamikazes, sa r�conciliation nationale tourne d�sormais au cauchemar. Il endosse l�enti�re responsabilit� du malheur qui vient, une fois encore, frapper le c�ur de la capitale. Et ce n�est pas au troisi�me mandat qu�il devrait songer, mais � son d�part. Oui son d�part, en raison de son �chec. N�est-il pas celui qui a dit : �Je rentrerai chez moi si j��choue� ? L��chec de la r�conciliation est consomm�, que Abdelaziz Bouteflika en tire les conclusions qui s�imposent. Nous ne voulons plus mourir pour sa mascarade, nous ne voulons plus trembler pour nos proches. N�avons-nous donc pas droit de vivre dans un pays s�curis� � d�faut h�las, de voir les bourreaux ch�ti�s ? Qu�a donc fait pour mourir d�chiquet� par une bombe le pauvre citoyen confront� � une panne de voiture sur la route de la mort ? Qu�ont donc fait toutes les autres victimes ? Rien, absolument rien. Elles n�ont commis aucune imprudence. Elles ont �t� pulv�ris�es par les bombes parce que Abdelaziz Bouteflika a fait des destructeurs de l�Alg�rie, des bourreaux, des criminels de la pire esp�ce des �h�ros�. Le silence dans lequel il s�emmure ne le sauvera pas. Il se doit de reconna�tre sa faute, sa responsabilit�, son �chec et en tirer les cons�quences logiques qui s�imposent. Tandis que celui-ci s�est tu, son ministre de l�Int�rieur a entendu parler pour deux. Fier de lui, il nous a inform� �qu�il savait que le Conseil constitutionnel �tait cibl� depuis longtemps par le GSPC�. Sous d�autres cieux, une d�claration de ce genre aurait fait sortir tous les citoyens dans la rue, m�me en �tat de choc, comme nous le f�mes et le sommes encore. Certes, on ne compte plus les bourdes de Noureddine-Yazid Zerhouni. Il n�en est plus � une par mois mais � une par jour. Nous sommes m�me las de les collectionner, mais lui ne se fatigue pas. Pourtant, cette fois-ci, sa d�claration ne nous fait pas rire, pas m�me sourire. Car enfin, qu�est-ce-�dire ? Que le m�me Zerhouni �tait parfaitement inform� que le Conseil constitutionnel allait �tre l�objet d�un attentat et qu�il n�a pas jug� n�cessaire de prendre des mesures pr�ventives ? C�est gravissime. Et les familles des victimes et celles bless�es auraient le droit de porter plainte contre l�Etat. La moindre des pr�cautions, puisque Noureddine-Yazid Zerhouni �tait au courant, aurait �t� d�interdire l�acc�s de la route du 11-D�cembre aux automobilistes pour prot�ger le Conseil constitutionnel, la Cour supr�me et le Haut Conseil islamique. Exactement comme l�a fait le m�me Zerhouni au �Paradou�, l� o� il habite. Ainsi, Noureddine-Yazid Zerhouni par cette d�claration a fait un aveu d�impuissance � g�rer la protection des personnes et des biens comme le veut sa fonction. Et puisqu�il est incapable d�assurer la s�curit�, qu�attend-il donc pour d�missionner lui aussi ? Nous en avons assez de mourir parce que les gouvernants avouent leur incurie, leur incons�quence, leur incomp�tence. Nous en avons assez d�avoir � subir des ministres livides � chaque attentat, les mines d�faites, abattus ou carr�ment pleurnichards au bord de l��vanouissement comme celui de la Solidarit� qui se trouvait � Hydra, cens� donner du courage aux familles sans nouvelles de leurs proches ! Un Etat fort n�est pas celui qui sanglote mais qui rel�ve la t�te, qui change de fusil d��paule pour combattre la barbarie islamiste et renonce � son discours laxiste � l��gard de l�id�ologie islamiste. Nous en avons assez du cynisme de Noureddine-Yazid Zerhouni qui, n��tant pas touch� dans sa chair, peut effectivement se moquer de nous en d�clarant �qu�il savait que le Conseil constitutionnel �tait cibl� par le GSPC, non content de s�en tenir l�, Noureddine-Yazid Zerhouni nous a reproch�s, nous les citoyens, de ne pas �tre vigilants et d�avoir renonc� � ce qu�il a qualifi� de �belles marches� contre le terrorisme. Si Noureddine-Yazid Zerhouni veut absolument que nous devenions vigilants, il lui suffirait de nous indiquer tous les sites qui seront cibl�s un 11..., ainsi �viterons-nous d�emprunter les routes qu�il ne faut pas, de nous rendre dans les lieux de la mort. Ainsi serons-nous vigilants comme il nous le demande. Il lui suffira de nous communiquer son �bulletin m�t�o� transmis par le GSPC. Mais de qui se moque-t-il ? Comment un citoyen lambda pourrait-il se montrer prudent, m�fiant � l��gard d�un kamikaze quand un ministre de l�Int�rieur, son chef du gouvernement et son pr�sident avouent �tre incapables de repousser les attentats � la voiture pi�g�e ? Quant aux �belles marches� dont Zerhouni a la nostalgie, faut-il seulement lui rappeler qu�on ne peut mobiliser ceux et celles qu�on a sciemment d�mobilis�s. A visage d�couvert et au p�ril de leur vie, des femmes (surtout elles), des hommes ont d�nonc�, condamn� le terrorisme islamiste. Parmi eux, certains en ont pay� ch�rement le prix. Ce n�est pas ce qu�il regrette car nul ne peut combattre au nom de ses convictions et refuser d�en assumer les cons�quences. Leur douleur est l�amnistie accord�e aux islamistes sanguinaires et le m�pris � l��gard de leurs victimes. Alors si Noureddine-Yazid Zerhouni se dit nostalgique des �belles marches�, il peut en organiser avec ceux et celles qui hurleront �Oui � la r�conciliation nationale�, �Oui au troisi�me mandat�. Ce sont les seules qu�il a jusqu�alors tol�r�es. Est-ce seulement imaginable qu�il puisse tenir de tels propos lui qui a r�prim� les rassemblements les plus pacifiques, lui qui porte sur la conscience 124 victimes mortes assassin�es en Kabylie en 2002�, lui qui a cass� aussi bien du �ministre� que du �d�put� via ses policiers, lui qui a fait emprisonner Mohamed Benchicou, apr�s avoir promis : �il paiera� ? Et la liste est longue... R�cemment encore, soit le 11 d�cembre, un officier de police n�a rien trouv� de mieux que de dire � une journaliste d�sireuse de faire son travail et seulement son travail : �Si tu n��tais pas une femme j�aurais eu une autre attitude� ( El Watan, 12 d�cembre 2007). C�est cette femme et ses cons�urs journalistes qui se sont tenues aux c�t�s des policiers dans les ann�es 1990. Est-ce d�j� si loin ? Ou la r�conciliation aurait-elle caus� autant de ravages au niveau de la m�moire collective ? Comment marcher dans l�Etat policier de Noureddine-Yazid Zerhouni ? Et pourquoi marcher lorsqu�il revient aux gouvernants de se poser des questions sur cette d�mobilisation et de reconna�tre leur �chec plut�t que de chipoter sur les chiffres comme l�a fait Abdelaziz Belkhadem qui semblait satisfait de 22 victimes. 22, 72, 100 ou 1 victimes (une) est-ce le d�bat ? Non. Ce sont en tout �tat de cause les sources m�dicales qui sont fiables mais au-del� de cette fausse querelle, le m�me Belkhadem, qui a eu l�audace de qualifier les criminels �d�ennemis de la nation� apr�s en avoir fait des alli�s et des amis de la nation, va-t-il renoncer � son ind�cent troisi�me mandat ? J�en doute, et d�sormais la vraie question est de savoir si, apr�s ces malheurs, ces drames, nous devrons encore et encore subir le cynisme et le d�dain de Abdelaziz Bouteflika, l�incurie de ses ministres. La balle est dans notre camp. Et il ne s�agit plus de se demander le pourquoi du comment du �non� fond� du docteur Sa�d Sadi (RCD), du CCDR de M. Brerhi, du commandant Azzedine et autres membres � la catastrophe que serait le troisi�me mandat. Il s�agit de savoir seulement ce que nous ne voulons pas � d�faut de savoir, pour beaucoup d�entre nous, ce que nous voulons.
� Nous ne voulons plus mourir au nom de l�amnistie de A. Bouteflika.
� Nous ne voulons plus mourir pour que vivent un pr�sident et un chef du gouvernement islamistes, un ministre de l�Int�rieur pass� ma�tre dans la r�pression et le cynisme.
� Nous r�vons pour nos enfants et petits-enfants d�une Alg�rie s�curis�e et paisible. Disons-le tout haut, bien haut (pas seulement via internet sous des pseudonymes bien utiles pour dire son �courage� ou d�verser son fiel en se trompant h�las de cible et de combat).
� Exprimons-nous avant qu�il ne soit trop tard.
L�Alg�rie, tel le Titanic, est en train de sombrer mais, si nous le voulons, ce futur qu�ils veulent nous imposer n�aura pas lieu : l�Etat des talibans dans lequel Abdelaziz Bouteflika r�gnera en ma�tre absolu � vie. Le terrorisme islamiste n�est pas une fatalit�, nous l�avons combattu, Abdelaziz Bouteflika lui a redonn� le label de respectabilit�, certes, nul n�est � l�abri d�une bombe et la capacit� de destruction du terrorisme islamiste est r�elle. Mais nous pouvons, nous devons dire non et mille fois non � la dawla islamya que veut construire Abdelaziz Bouteflika. Aucune institution ne le fera � notre place. Le salut est en nous et en nous seuls. Alors face aux Belkhadem et consorts, mobilisons- nous pour leur dire : non et mille fois non au troisi�me mandat. Non � la terreur ! Partez ! Partez, vous avez caus� trop de malheurs � l�Alg�rie ! Partez, car nous ne voulons plus que meurent d�chiquet�s par des bombes des Alg�riens, des Alg�riennes, des �trangers, pour que vous puissiez gouverner en parfaite harmonie avec les criminels du 11 d�cembre et tous ceux qui leur ressemblent. Partez !
L. A.

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