P�riscoop : BAZOOKA
� mes amis morts le 11...
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Je me suis ferm�, la rage au c�ur, � toute autre information sur le 11 d�cembre apr�s la terrible secousse, pour moi, de la nouvelle de la mort de Mohamed Khelladi, dit Hami et de Chadli Hamza. Je ne voulais pas entendre que ces attentats m�avaient encore touch� dans quelque autre ami, dans quelque autre aim� D�eux, j�ai appris cette le�on d�cisive que la r�flexion sur les faits sociaux fraye ses chemins sur les bonnes questions et surtout pas dans les r�ponses pr�tes � n�importe quel emploi, fausses cl�s abondamment offertes par les id�ologies et par l�opinion spontan�e, m�me maquill�es par l�art du langage et du discours.
Et que les bonnes questions ne sont pas donn�es mais reconstruites en allant chercher les faits contre les id�ologies et contre les opinions spontan�es. Ils savaient de quoi ils parlaient. Hami voyait tout ce qui m��chappait dans son travail de fourmi statisticien, les corr�lations entre ces faits sociaux que nous ne pouvons pas voir tous les jours ne poss�dant pas les armes th�oriques pour les voir : taux de ch�mage, taux de scolarisation, taux de scolarisation des filles, revenus des m�nages et revenus des emplois � haute ou faible exigence scientifique et technique, etc. Hami voyait, litt�ralement, se dessiner les cartes sociales du futur � travers ces chiffres qu�il savait lire et nous en d�livrer le message. Je me souviens de ce ph�nom�ne de d�valorisation du savoir qu�il voyait venir et que j�ai, par la suite, rencontr�, dans la stup�faction, quand des jeunes exhort�s � s�int�resser � leurs �tudes me r�pondaient : et vous, qu�avez-vous r�ussi avec vos �tudes ? La premi�re fois que j�ai rencontr� Hamza, il m�a �tonn� par ses questionnements incessants sur les faits �conomiques alors que, jeune, je croyais avoir tout compris avec quelques exp�ditives r�ponses qui niaient le monde plut�t qu�elles ne l��clairaient. Il est rest� cet homme de l�investigation permanente, passionn� avec Djamila, de quelques grandes questions de l��ducation, de l�apprentissage, loin des clich�s, des raccourcis, des n�gations du savoir. Hamza et Hami avaient cette capacit� � r�fl�chir, � un tr�s haut niveau d�analyse, � �ce qui se trame� dans les profondeurs de la soci�t�, � �valuer les impacts des d�cisions prises sur le futur de la soci�t� et de quelques-une de ses fonctions essentielles. Mais plus que tout, Hami et Hamza travaillaient. Ils travaillaient. Pour des mordus de la politique comme moi, cela pouvait appara�tre comme une neutralit�, comme une distance � l��gard de l�engagement, comme du silence politique. Pas du tout ! Ces deux hommes, par l�effet m�me de leur savoir, entreprenaient des choses et des projets qui avaient souvent plus d�importance que l�acte de la militance. Bien s�r. Ils savaient o� les vraies �choses� se tramaient et ils ont choisi � leur mani�re et avec leurs qualit�s d�explorer d�autres voies � l�avenir, nous apprenant, �claireurs toujours en �veil, que la vie et ses esp�rances de progr�s, ont bien plus de portes et de voies que les seules portes et les voies de la �politique�. Je leur dois tant de n��tre pas ou de n��tre plus un sectaire. Merci encore pour la le�on.
M. B.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable