Actualit�s : Chronique
EN QUELQUES MOTS : DE-CI, DE-LA
Cadeaux du Nouvel An 2008
Par Le�la Aslaoui
leila.aslaoui@yahoo.fr


L�ann�e 2008 a d�but� par un carnage dans la wilaya de Boumerd�s, exactement comme s�est achev�e celle de 2007. Pas un mot de compassion du gouvernement, pas de d�clarations. Le silence est d�sormais l�unique r�action de l�ex�cutif. Lequel, nous a avertis via son ministre de l�Int�rieur, Yazid- Noureddine Zerhouni, �qu�il est incapable de lutter contre les kamikazes � (apr�s l�attentat du 11 d�cembre 2007).
C�est son cadeau de fin d�ann�e 2007 ou de bonne et heureuse ann�e 2008, comme on voudra... L�unique sp�cialit� gouvernementale est de minimiser le nombre de morts et de bless�s. Inutile de pol�miquer sur la question, car ce serait d�placer le d�bat de fond qu�on peut r�sumer ainsi : totalement d�faillants, Abdelaziz Belkhadem et son ministre de l�Int�rieur tentent sans succ�s de masquer leur impuissance, leur incurie en s�adonnant � des jeux aussi cyniques (car il s�agit de vies humaines) que ridicules de soustractions. N�e�t-il pas �t� plus s�rieux, plus efficace, de nous dire comment �viter les kamikazes et leurs horreurs ? Comment ils parviennent � se procurer explosifs et autres moyens ? Comment Al Qa�da Maghreb les recrute-t-elle ? Pour l�instant, � Boumerd�s le 2 janvier, des policiers sont morts d�chiquet�s par la bombe d�un kamikaze. Ceux-l� n�auront plus besoin d��tre �purg�s� par leur hi�rarchie. La barbarie islamiste s�en est charg�e. Tout comme en 2007, � Bab- Ezzouar, tout comme 1995 au Boulevard Amirouche. Jusqu�� quand ces enfants de l�Alg�rie continuent-ils � �tre assassin�s sous l��il indiff�rent de l�ex�cutif ? Pas un mot de condol�ances, pas un mot de sympathie. Pour qui, pourquoi meurent-ils ? Pour rien. Oui pour rien, puisque Abdelaziz Bouteflika d�cid�ment fort t�tu, refuse de se rendre � l��vidence, � savoir que les tueurs qu�il ne cesse de courtiser, r�pondent � sa mascarade appel�e �r�conciliation� par des bombes. Et le dispositif de protection mis en place tant devant la pr�sidence de la R�publique que pr�s de l�h�tel Sheraton, prouve au moins une chose que les officiels ne peuvent plus cacher : la capitale est totalement ins�curis�e et ressemble � une ville en ��tat de guerre�. Aussi, n�est-ce m�me plus important ou n�cessaire que Abdelaziz Bouteflika dise quoi que ce soit. Son silence est plus parlant que toutes les �salades� qu�il pourrait d�biter sur �sa r�conciliation � ou la s�curit�. Ce qui est s�r, c�est que 2008 nous apportera certainement d�autres malheurs caus�s par des kamikazes. Et face � la trag�die, aux larmes, au sang, Bouteflika se taira, Belkhadem annoncera 3 morts au lieu de 10, la communaut� internationale condamnera, Zerhouni d�clarera qu�il savait que les kamikazes cibleraient tel site ou tel autre. Jusqu�� quand supporterons- nous cet �tat de pourrissement dont Al Qa�da Maghreb veut profiter pour instaurer par la terreur, son �califat � au Maghreb, l�Alg�rie �tant, faut-il l�avouer, le ventre mou actuellement de ce m�me Maghreb ? Jusqu�� quand accepterons- nous de mourir pour que survive un pouvoir pr�t � toutes les compromissions avec l�islamisme ? Sans oublier qu�en sus des bombes, Al Qa�da Maghreb a promis de commettre des attentats cibl�s ( El Watan, du 18 d�cembre). Jusqu�� quand accepterons-nous que des patriotes soient malmen�s en France au nom du �qui-tue-qui ?� moisissent en prison comme Mohamed Gharbi Tounsi, ou meurent assassin�s ? Jusqu�� quand nous accommoderons-nous de l�incomp�tence de Belkhadem, du m�pris de Abdelaziz Bouteflika dont les concessions faites par l�islamiste qu�il est, aux autres islamistes ses fr�res depuis huit ans, ont aujourd'hui pour cons�quences la mort, le sang et les larmes ? Et de gr�ce que l�on ne parle plus de malvie, de pauvret� et de pr�carit�. Toutes choses qui justifient l�acte barbare de tuer des innocents. La v�rit� est que la gr�ce-aministiante de 2000, puis l�amnistie de 2005 initi�es par Abdelaziz Bouteflika, ont amen� les �mirs sanguinaires � bomber le torse, aux groupes arm�s de se red�ployer et � Al Qa�da de cibler l�Alg�rie. Ce sont l� les cadeaux de bonne ann�e 2008 de Abdelaziz Bouteflika. Ils sont plus parlants que le discours de fin d�ann�e qu�il n�a pas jug� n�cessaire d�adresser � la nation. Quelle importance ? Son mutisme � et son absence � qui durent depuis deux ann�es, ont tout bonnement c�d� la place au besoin irr�sistible qu�il avait de parler des heures durant pour dire peu de choses, voire rien. Rien de rien. Que de promesses ! Que de r�formes annonc�es demeur�es lettre morte ! Que de d�cisions verbales annonc�es publiquement rest�es sans lendemain ! Et cela ne l�emp�che pas pour autant de penser au troisi�me mandat. On l�aura en effet compris, Abdelaziz Belkhadem ne parle pas seul, ne bouge pas seul, ne s�agite pas seul. Et la v�ritable question n�est plus de savoir si oui ou non Abdelaziz Bouteflika veut ou ne veut pas d�un troisi�me mandat. Abdelaziz Belkhadem parle pour lui et gigote pour lui. Le vrai probl�me est de savoir pourquoi un troisi�me mandat ? Qu�a donc r�alis� Abdelaziz Bouteflika en huit ans pour avoir droit � une rallonge ? A cette interrogation, le pr�sident de la Commission des droits de l�homme, Farouk Ksentini a r�pondu dans son rapport annuel : �L�Alg�rie est au bord de l�explosion sociale �. Dont acte. Surtout lorsqu�il s�agit d�un repr�sentant du pr�sident puisque nomm� par lui. Tout est dit dans cette d�claration-bilan du r�gne de Bouteflika. C�est encore Ksentini qui fait la part belle � la r�conciliation nationale en la qualifiant d�un acte de fraternit�. Djillali Liab�s, fr�re de Kertali ? Aboubakr Belka�d fr�re de Madani Mezrag ? Les policiers d�chiquet�s par la bombe de Boumerd�s fr�res de Bena�cha ? Dr�le de fraternit� que celle-ci surtout lorsqu�elle ignore et m�prise les droits des victimes du terrorisme ! Celles-ci � hormis celles qui se sont reni�es � ne pactiseront jamais avec l�ennemi, pas plus les �pouses que leurs enfants, voire leurs petits-enfants. Et pour mieux enfoncer le clou, le m�me Ksentini a cru bon de paraphraser Albert Camus en se fendant de cette d�claration : �Si j�ai � choisir entre la justice et l�avenir du pays, je choisirai l�avenir du pays�. Faut-il seulement rappeler que la place d�Albert Camus (un de mes auteurs pr�f�r�s) �dans le panth�on de la litt�rature� (Ma�mar Farah, chronique du 31 mai 2007, Le Soir d�Alg�rie) ne saurait nous interdire de dire que son c�l�bre �entre la justice et ma m�re, je choisis ma m�re� est demeur�e vivace dans nos m�moires. Entre la mascarade et le d�ni de justice, Ksentini a choisi la premi�re. Avec cette pr�cision importante que le pays qui occulte la violence jusqu�� la nier est assis sur une poudri�re. Et Me Ksentini, avocat de profession, sait que seule la justice apaise les esprits et aide � panser les plaies. La violence ira en s�aggravant, elle ira de pair avec cette explosion sociale nourrie de pr�carit�, de mis�re et de malvie. Et est-ce par hasard que les rigueurs de l�hiver n�arr�tent pas les � harragas � ? Certainement pas. Les arr�ter lorsqu�on les rep�che � temps ne les emp�chera pas de retenter le suicide puisque c�est bien de cela qu�il s�agit. Alors pourquoi accorderait-on un sursis � Abdelaziz Bouteflika ? Que ferait-il de plus qu�il n�a pas fait en huit ans ? Huit (8) ans c�est long pourtant. Il a divis� les Alg�riens, fait imploser les partis politiques, r�duit les pouvoirs l�gislatif et judiciaire � de simples fonctions d�ex�cution, aggrav� le r�gionalisme, anobli l�islamisme, verrouill� le paysage politique. Sous son r�gne, l�on se souviendra de la recrudescence de la d�linquance la plus f�roce gr�ce aux 5 000, 6 000 lib�rations d�cid�es par �gr�ces pr�sidentielles �, l�on n�oubliera pas de sit�t les victimes d�chiquet�es par les bombes. Comment l�ex�cutif les accueille-t-il ? (les bombes). Il para�t, selon la presse, que le pr�sident du Conseil constitutionnel n�a plus remis les pieds � son bureau depuis le 11 d�cembre. ( Le Soir d�Alg�rie, 3 janvier). Il pr�f�re sa couette et son lit � la maison. Et lorsque des citoyens se sont recueillis le 18 d�cembre � Hydra, les ministres qui avaient pleur� le jour de l�attentat comme s�ils n��taient pas des repr�sentants d�un Etat (enfin...) mais des citoyens lambda, ont brill� par leur absence. Alors qu�on nous donne une bonne raison � une seule � de jouer les prolongations avec Abdelaziz Bouteflika. Et que la communaut� internationale joue cette fois-ci franc-jeu. Car en disant �qu�elle n�est pas contre un troisi�me mandat � (m�me si elle dit qu�elle n�est ni pour ni contre) cela signifie qu�elle est pour. Les �trangers peuvent pour le moins constater l�ins�curit� que nous fait vivre Abdelaziz Bouteflika. Peut-on investir dans un pays ins�curis� ? A tous les cadeaux, il faut ajouter celui de Abdelhamid Temmar, ministre de son �tat, qui a d�clar� : �Que les caisses de l�Etat �taient vides� (presse du samedi 29 d�cembre).
� Temmar pourrait-il nous dire comment l�Etat fauch�, compte-t-il financer la grande mosqu�e de Bouteflika au co�t de 3 milliards de dollars ?
� Temmar pourrait-il nous dire comment l�Etat fauch� a r�gl� son s�jour et celui de ses deux autres coll�gues, Benachenhou et Khelil � �Djenane-El- Mithak� lorsqu�ils vinrent d�Europe et des Etats-Unis tels des coop�rants techniques pour g�rer les affaires de l�Alg�rie ? Depuis, ils logent dans les r�sidences d�Etat...
� Temmar pourrait-il enfin nous dire ce que l�Etat fauch� a fait de la rente p�troli�re ? En tout �tat de cause, ce n�est m�me pas une mauvaise nouvelle car Abdelhamid Temmar devrait savoir, lui qui est un sp�cialiste du bradage des richesses de l�Alg�rie sous couvert de privatisation, que les pauvres � y compris d�sormais au sein de ce que l�on appelait la classe moyenne � deviendront de plus en plus pauvres pour que puissent s�enrichir les nouveaux riches dans un pays o� la corruption est devenue une v�ritable gangr�ne. A eux la rente, aux citoyens les caisses vides.
Ce sont l� les cadeaux pour 2008. Bonne ann�e tout de m�me dans une Alg�rie aux mille incertitudes !
L. A.

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