Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Leur libert� et la n�tre
Par Ahmed Halli
[email protected]


Ne prenez pas � la lettre tout ce qu�on raconte sur les produits �Ta�wan� qui nous viennent du Machrek. Certes, il y a des fournisseurs pas tr�s honn�tes qui nous fourguent des engins pi�g�s et jouent les �tonn�s lorsque �a explose chez nous. On sait, aujourd�hui, que cette marchandise mortelle est tellement bien camoufl�e et emball�e dans du tissu �Ka�ba� qu�elle leurre nos douaniers les plus m�ticuleux. Ajoutez � cela la tromperie sur le mode d�emploi ou la posologie, s�agissant de m�dicaments aux effets secondaires d�vastateurs.
Cependant, il ne faut pas s�en prendre aux seuls fournisseurs pour les effets d�sastreux de leurs potions miraculeuses. Trop souvent, ils n�ont pas le temps de faire le tri des surplus, pr�lev�s sur stocks, qu�ils nous vendent ou nous offrent gratis. Fatalement, il a d� y avoir du bon et du moins bon dans tout ce que nous avons re�u de l�-bas. Dans ce cas, il faut rejeter la faute sur nos trieurs en chef qui s��chinent � nous faire passer ce qu�il y a de pire. Quand on remplace l�exploration au scanner par l�imposition des mains ou la saign�e, c�est qu�il y a eu contrefa�on quelque part. Et la faute retombe, non pas sur le marchand d�illusions mais sur ceux qui ont fait la commande, l�ont r�ceptionn�e et valid�e, prenant leur commission au passage. Quand nos dirigeants s��vertuent � ne prendre que ce qu�il y a de pire chez nos voisins, ce ne sont pas ces derniers que nous devons traiter de malfaiteurs ou de fr�res indignes acharn�s � nous nuire. Il y a encore des choses � prendre et � apprendre chez nos grands fr�res du Machrek mais il faut aller les chercher. Surtout ne comptez pas sur ceux qui savent juste nous mentir et nous berner depuis qu�ils se sont substitu�s � l�ordre colonial. Depuis l�ind�pendance, ils claironnent � longueur d�ann�e qu�en dehors de la Nation arabe point de salut. Ils chantent � tue-t�te leur fiert� d��tre arabes, ce qu�il y a de mieux sur terre depuis la r�v�lation. Seulement, en priv�, c�est un autre discours et nous connaissons bien leurs choix quand il s�agit de l�avenir de leurs propres enfants. L��cole, justement, parlons-en : dans un m�me �lan autoglorifiant, nos m�dias se sont �vertu�s � montrer le Maroc du doigt. Le Maroc �pingl� par le dernier rapport de la Banque mondiale sur la r�gion Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), comme dernier de la classe. Enfin, parmi les quatre ou cinq derniers. Or, � y regarder de pr�s, on constate que la position de l�Alg�rie n�est pas tr�s reluisante non plus. A l�indice concernant l'acc�s, l'�quit�, l'efficacit� et la qualit� de l�enseignement, l�Alg�rie est huiti�me sur quatorze. Elle est pr�c�d�e notamment de la Jordanie, du Kowe�t et de la Tunisie, respectivement en premi�re, deuxi�me et troisi�me position. L�Alg�rie est m�me devanc�e par la Cisjordanie et Gaza, arriv�es en septi�me position. Le Y�men et Djibouti ferment enfin la marche. Plus int�ressant encore : �Quatre de ces pays class�s ont connu des conflits politiques consid�rables depuis les ann�es 1960, note le rapport de la Banque mondiale, et pourtant ils se sont montr�s capables de maintenir leur place en haut de l��chelle ou parmi les pays moyens : le Liban, l�Iran, le Kowe�t, et la Cisjordanie et Gaza�. Le rapport souligne encore que �l�Alg�rie et la Syrie enregistrent de hauts taux d�abandon limitant leur capacit� � d�velopper les niveaux d�enseignement post-obligatoire�. Cependant, rel�ve-t-il, �l�Alg�rie et l�Arabie saoudite, disposant de revenus par t�te relativement �lev�s, marquent un score moindre que la Jordanie ou la Tunisie qui ont des revenus par t�te plus bas. Donc, ni une situation de conflit ni le manque de disponibilit� de ressources ne constituent des goulets d��tranglement au progr�s dans les r�formes �ducatives�, conclut le rapport. Ajoutons � cela que la Banque mondiale met l�accent sur les efforts qui restent � fournir en mati�re d�enseignement pour la r�gion Mena. Cette septi�me place est donc � relativiser compte tenu du niveau des pays class�s � l��chelle mondiale. D�aucuns pourraient s�en satisfaire, puisque le Maroc est moins bien loti que nous. Apr�s tout, nous sommes pass�s de la 79e � la 76e place au classement du football mondial. Trois places gagn�es d�un seul coup, �a vous requinque en attendant que le plus haut minaret du monde toise ses pr�tentieux voisins de l�ouest. Tout ne va pas si mal aussi en mati�re de libert�s publiques, notamment la libert� religieuse, chez nos grands fr�res du Machrek. Le Qatar, oui le Qatar, ce pays qui nous traque, par le biais des cam�ras de sa t�l�vision, Al- Jazeera, s�entrouvre. Les autorit�s de ce pays, plus musulman que lui tu meurs, ont d�cid� de construire des �glises pour les communaut�s chr�tiennes. Une d�cision salu�e, en particulier, par l�ancien doyen de la facult� de th�ologie du Qatar, Abdelhamid Al- Ansari. Aux int�gristes du coin qui s�opposent � cette id�e, Al- Ansari a rappel� opportun�ment cette anecdote concernant le calife Omar. Au moment o� il visitait l�Eglise de la r�surrection � Al-Qods et � l�heure de la pri�re, il a choisi de prier � l�ext�rieur de l��difice chr�tien. Il expliqua � ses compagnons qu�il avait fait ce choix de peur que les musulmans ne disent : �Omar a pri� dans cette �glise� et n�en tirent argument pour la transformer en mosqu�e. Encore un souffle de libert� qui nous arrive d�Egypte et qui constitue une agr�able surprise. Pour la premi�re fois dans l�histoire du pays, le Haut Tribunal administratif du Caire a autoris� la semaine derni�re une douzaine de coptes convertis � l�Islam, � revenir � leur religion d�origine. Le verdict a �t� accueilli par les applaudissements des plaignants et de leurs avocats ainsi que par les coptes pr�sents dans la salle qui ont cri� : �Yahia al-adl� (�Vive la justice�) � la mani�re �gyptienne. �C'est un verdict historique, une victoire de la libert� de la foi en Egypte, l'application de l'article 46 de la Constitution qui garantit la libert� de la foi de tous les citoyens�, a d�clar� l'avocat des plaignants, Rams�s Nedjar le bien nomm�. En avril 2007, en premi�re instance, une cour avait rejet� la demande de ces coptes convertis. Elle avait estim� que cela �quivalait � de l'apostasie et constituait une �manipulation de l'islam et des musulmans �. Les plaignants avaient fait appel mais le gouvernement avait tent� d'emp�cher que celui-ci soit examin�, selon l'avocat des 12 coptes. Un peu de libert� d�expression au Kowe�t o� le p�re Emmanuel Al-Gharib s�exprime, pour le magazine Elaph, sur la pratique de la r�gion chr�tienne dans le royaume. Le p�re Emmanuel affirme se conformer strictement aux lois kowe�tiennes en la mati�re. Les livres du culte sont interdits � la publication et � la vente. Il n�a pas le droit de convertir ou de pr�cher aux non-musulmans. En dehors de ces restrictions, il pratique en toute libert� � l�int�rieur de son �glise. Il se dit seulement ulc�r� par les invocations des musulmans contre les chr�tiens et inquiet devant la mont�e de l�int�grisme islamique dans les pays arabes. Pendant ce temps, la libert� de s��triper pour distraire le peuple est amplement utilis�e par nos dignitaires religieux. Apr�s une s�v�re empoignade autour de questions financi�res, deux sommit�s religieuses du cru ont conclu une tr�ve pour affronter l�ennemi commun : l��vang�lisation en Kabylie. Plus un mensonge est gros, plus il a des chances d��tre cru. Pendant que les trois ou quatre chats adventistes rasent les murs, les troupes wahhabites font la loi dans les villages. Pourquoi n�allez-vous pas faire le constat par vous-m�mes, messieurs ? A quoi servent donc vos v�hicules 4/4 achet�s avec l�argent des contribuables ?
A. H.



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/02/11/article.php?sid=64393&cid=8