Mea-culpa ! Je croyais pouvoir r�sumer le rapport de la CIA. Je me suis aper�u � sa lecture que ce rapport r�sumait de fa�on� tr�s r�sum�e des centaines de travaux d�experts et sp�cialistes. Jugez-en : les responsables du Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Z�lande, Afrique du Sud, Singapour, Chili, Hongrie, en plus des universitaires am�ricains et en plus des conf�rences, colloques ou s�minaires tenus aux Etats-Unis.
Pour r�unir ces avis (un millier de chercheurs), il fallait �laborer une m�thodologie et d�finir treize certitudes relatives et treize incertitudes-cl�s pour int�grer des avis si divers dans une �grille� lisible pour tous. �videmment pour aboutir � un tel rapport qui se base sur des centaines d�avis, de recherches, de tentatives prospectives et de milliers de donn�es, il faut les conceptualiser au plus haut niveau tout en les �vacuant. Du coup, chaque phrase du rapport p�se de tout le poids des �tudes qui la justifient et la l�gitiment. Pour le lire, il faut d�j� avoir la formation pour avoir l�habitude de la conceptualisation et de l�abstraction. Sinon, on glisse sur la phrase d�autant qu�elles sont d�une simplicit� qui �vacue toute ambigu�t�. Prenons un exemple qui peut nous int�resser avec cette phrase : �Soit les membres de l�Union europ�enne adaptent leur main-d��uvre, r�forment leur syst�me de protection sociale, leur �ducation et leurs syst�mes fiscaux et accueillent des populations immigr�es en volume croissant (en provenance surtout des pays musulmans), soit ils seront confront�s � une longue p�riode d�immobilit� �conomique.� Rien de plus anodin, rien de plus semblable � une petite phrase. On ne peut comprendre cette phrase et tout son poids strat�gique si on ne conna�t pas les donn�es d�mographiques, leur projection et leurs cons�quences politiques consid�rables. Le rapport Attali remis � Sarkozy ne dit pas autre chose. Deux �v�nements ces cinq derniers mois : un colloque en Espagne sur l�islamophobie et une r�union � Bruxelles sur les migrations attirent l�attention sur les effets d�vastateurs de l�islamophobie. La base de ces avertissements : l�accueil des migrants musulmans est devenu une n�cessit� apr�s l�abandon de l�hypoth�se d�un r��quilibrage d�mographique par les pays de l�Est. L�islamophobie va devenir un frein � l�accueil de ces migrants, � leur int�gration et � la bonne entente avec les populations indig�nes. Cela veut dire que les m�dias, les institutions, les partis qui comptent vont changer de discours du tout au tout et pr�senter une image plus positive des musulmans pour les faire accepter et donner la parole aux musulmans �pr�sentables�. Le chef de l�Eglise anglicane appelle � r�fl�chir � une dose de charia dans la l�gislation anglaise sur cette m�me base d�une int�gration intelligente des flux de musulmans dont l�Angleterre a besoin. Si le lecteur n�a pas en t�te ces faits et ces donn�es, la phrase cit�e n�aurait aucune signification concr�te, aucune projection pratique. Et il en est ainsi de toutes les autres questions-cl�s : l�Inde, la Chine, le p�trole, le gaz, l�islamisme, la mondialisation, le Moyen- Orient, l�Afrique, etc., c'est-�-dire qu�aucun homme connu du pouvoir, sur la place d�Alger, n�est capable de lire un tel document sans faire appel aux experts capables de le d�coder. Il y a loin de la coupe aux l�vres quand le pouvoir matraque nos �lites dans la rue au lieu de les inviter � lui lire le monde.
M. B.

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