P�riscoop : BAZOOKA
Mouvements de bascule
Par Mohamed Bouhamidi
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Sur la presse, deux informations devenues presque routini�res. Une gr�ve des param�dicaux qui �largissent ainsi le front de la contestation sociale. Une �meute � Timimoun. Entre les deux, aucun lien visible et aucune main invisible manipulant les uns ou les autres, m�me pas celle de Hamza, l�Ars�ne Lupin de la politique, le p�re Ubu de la manifestation, l�escamoteur de la paix sociale, l�invisible pr�sent partout ! Les Alg�riens sont m�contents au nord. Ils sont m�contents au sud ! Ils le sont � l�est et � l�ouest.
Mais l� s�arr�te le trait commun. Entre l��meute et la gr�ve, il existe la diff�rence entre l��mergence et l��ruption, le m�rissement lent et le r�veil du volcan. L��meute sera oubli�e demain avec juste un souvenir p�nible le jour du proc�s des jeunes qui ont br�l� et saccag�. Ils rejoindront en prison les harragas. Point � la ligne ! La gr�ve des param�dicaux, les protestations encore timides des conseillers principaux d�orientation, celles des intendants et de quelques directeurs d��cole et de CEM signalent deux choses. La premi�re est que personne n�arrive � boucler le mois avec son salaire. La seconde est que les Alg�riens vivent un sentiment de d�gradation de leur statut social. Quelle autorit� sur ses subordonn�s peut avoir un m�decin chef, un intendant, un conseiller d�orientation quand il en est � compter ses sous et l�siner ? Ils viendront � la gr�ve avec leurs subordonn�s. C�est une question de temps et de conscience sociale. Ils viendront � la gr�ve quand ils ne vivront plus leur statut comme un privil�ge du commandement mais pour ce qu�il est : un fonction sociale. Pas plus. Tout le monde est align� sur le bas et par le bas. Entre la gr�ve des param�dicaux et l��meute de Timimoun, la soci�t� alg�rienne h�site. Par l��meute, elle s�enfonce dans une demande d�Etat, la demande d�un Etat qui ne viendra pas parce qu�il n�existe pas. L��meute finit par n��tre qu�une alerte du pouvoir central sur une malvie insupportable et des probl�mes ing�rables par les autorit�s locales. C�est un appel au p�re et l�expression d�une autonomie impossible. La gr�ve est, tout au contraire, un renoncement au p�re bienveillant qui vous r�gle les probl�mes. C�est la conscience des travailleurs qu�ils ne sont pas dans un rapport de famille mais dans un rapport de classes. Ils quittent l�id�ologie du fusionnel du �nous sommes tous fr�res� et une id�ologie du contrat social : je donne tant par mon travail, je veux recevoir tant ! Bien que lente, l��mergence de la question sociale semble prendre de l�ampleur et de la force. Est-elle, cependant, irr�versible et capable de faire basculer la soci�t� alg�rienne hors du champ st�rile des �ruptions �meuti�res sans lendemain ?
M. B.

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