Vox populi : C'est �a mon pays

Je viens de passer une dizaine de jours dans ma ville natale avec femme et enfants. Inutile de vous dire qu'on a pass� des moments inoubliables r�unis autour de la table familiale. Ma ch�re m�re (allah yahfedha) a sorti tout le r�pertoire culinaire de l'Est alg�rien (avec mon humble aide).

Du couscous aarrassi (b�nois) au couscous de bl� dur des Chaouias, c'�tait un voyage gastronomique m�morable qui a inclus la M�diterran�e (loup, calamar, poulpe et autres seiches), les Aur�s, la Petite Kabylie. Sans oublier les fruits et l�gumes de la plaine surtout les fraises de l'Edough qui �taient incroyables. Bref, c'�tait la cuisine alg�rienne dans toute sa gloire. Je m'excuse de relater cela en ces temps de privations pour la majorit� de mes concitoyens, mais pour moi, ces mets furent une le�on d'histoire, de g�ographie et surtout d'identit� que je voulais partager avec ma femme et mes enfants. Je voulais leur montrer que mon (leur) pays �tait bien plus qu'une contr�e du monde arabe de la rive sud de la M�diterran�e. En ces temps d�h�g�monie culturelle (que ce soit du c�t� occidental avec les n�ocons, ou chez nous avec les islamistes), il m'�tait important de donner un aper�u des diff�rentes facettes de mon pays (vieux de 25 si�cles) et donc de mon (leurs) indentit�. C'�tait certes on�reux (presque aussi cher que l� o� je vis en Europe, ce qui est incroyable) et peut-�tre ind�cent (je m'en excuse d'avance), mais je pense que le jeu en valait la chandelle. On a m�me fait un tour du c�t� de la for�t des B�ni-Salah o� mon grand-p�re est n� (� Mjez Sfa). Le paysage �tait dans toute sa splendeur (le printemps aidant). M�me l'obstacle de la langue n'a pas d�courag� femme et enfants de communiquer avec les gens (tr�s accueillants comme on en avait l'habitude). Ce fut un voyage qui m'a rappel� pourquoi des hommes et des femmes bien plus grands que je ne le pourrais jamais �tre ont donn� leur vie pour ce pays... C'�tait mon pays. Ce qui rendit l'incident que je vais vous relater encore plus triste : En prenant la route pour Tunis (puisque c�est de l�-bas que je prends l'avion. Prix des billets Air Alg�rie oblige), on passa par Oum Tboul ; apr�s les formalit�s de police, nous arriv�mes aux douanes o� tout se passa bien jusqu'� ce qu'un agent qui avait mon �ge (40ans) me prit � part et me dit que ma femme �tait la premi�re Britannique qu'il a vue qui ne portait pas le hijab. Il me demanda (sans aucune �horma� alg�rienne, lui qui se pensait/montrait musulman) si c'�tait moi ou elle qui �tait contre. Maintenant, dans un Etat de droit, ma r�ponse aurait �t� on ne peut plus robuste ; mais ce n'est pas (encore) le cas malheureusement chez nous. Enfin, je r�pondis que �a n�avait rien � voir avec lui et je lui demandait si cela prouvait que ces femmes �taient plus humaines que celles qui ne le portaient pas. Sur ce, il me rendra mon passeport en disant que c'�tait juste une question qu'il posait et rien d'autre. Cet incident, bien que moindre, me laissa triste, pas en col�re mais triste, car terminer ainsi mon s�jour dans mon pays, me rappela que doucement mais s�rement on allait vers le jour o� ce douanier me poserait la m�me question mais sur un ton plus tranchant. Malheureusement, c��tait �a aussi mon pays.
Cordialement Hamid

P. S. : Chaque matin, en arrivant � mon travail vers 6h45, je rencontre deux femmes de m�nage marocaines. On se dit bonjour, on discute de tout et de rien dans notre langue commune, on �change nos louanges communes et je leur embrasse m�me la t�te quand ma m�re manque un peu trop. Alors pour ceux qui nous parlent de diff�rences politiques, du palais royal, etc., je leur dis qu�� 6h45 du matin, je me fous carr�ment de la position du palais royal et de la contre-position du palais d'El Mouradia ! Je suis simplement Hamid qui prend le caf� avec khalti A�cha.

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