Actualit�s : Reportage :
Ah ! si Mosta m��tait cont�e...


Entre A�ssaoua, cha�bi et le monde mystique des Alaouas, Mostaganem s�affiche, d�s lors, comme le tremplin r�v� des arts traditionnels, � travers toute une r�gion o� il fait bon vivre.

Reportage r�alis� par, Sid-Ahmed Hadjar

Cette jolie ville de l�Ouest alg�rien se distingue en fait par ses particularit�s artistiques multiples en ce sens que sa zorna faite de tbal et gha�ta, ses sublimes halqate de medahate, ses po�sies populaires, son ch�abi, model� � base de sana� typiquement mostagan�moise, son medh et ses chants lithurgiques que les Alaouine affectionnent dans un genre particulier et propre aux adeptes de cheikh El-Alaoui, appel� sama�, n�ont de pareil en r�alit� que dans la perle du Dahra o� n�est pas artiste qui veut...
Mosta, ville sereine
Mostaganem, point de chute r�put� des saints marabouts, savants et �rudits dans notamment les domaines du culte et de la th�ologie s�est toujours r�v�l�e comme terre d�accueil et source de g�n�rosit� qui, � travers les si�cles et les �ges, n�a eu de cesse d�offrir l�hospitalit� � tout �tranger de passage ou ayant eu un beau jour cet ardent d�sir de s�y attarder pour, plus tard, en faire son patelin d�adoption. Sereine et baignant dans la plus s�re des tranquillit�s, la ville des Gen�ts et des Mimosas a depuis la nuit des temps su attirer celui qui vient d�ailleurs et ce, par son charme et ses attraits multiples. C�est dans cette m�me ville que naquirent alors des hommes de grande valeur qui n'auront pas tard� � faire de leur ville une v�ritable citadelle d�art et de culture o� la pens�e, l�intelligence et la r�flexion auront, t�t ou tard, contribu� � une �mergence extraordinaire d�une vaste et ensorcelante r�gion nomm�e Dahra.
Sidi Sa�d, �soltane el bled�
A une �poque donn�e de l�histoire de cette ville, apr�s qu�un certain Ghanem s��tait �tabli dans la r�gion et o� il se plaira � s�adonner � l��levage de son petit cheptel, Mostaganem ou Muristaga de l��poque, portera alors le nom de Mechttet Ghanem pour plus tard devenir Mesk el ghanyem, � savoir abondance des richesses. Puis se succ�d�rent d�autres hommes �trangers � la ville comme le saint marabout Sidi Sa�d qui, en visite pour rencontrer ses pairs mostagan�mois, sera pri� d�allonger son s�jour dans le Dahra. Ce qu�il fera alors sans h�siter un instant et d�s lors il sera aussit�t adopt� par une ville � combien g�n�reuse qui lui ouvrira les bras et les portes d�une sacr�e cons�cration, � savoir faire de lui le patron de la ville. Son maqam, si imposant, existe toujours en plein centre-ville et a toujours fait l�objet de rituelles ziarate des femmes, notamment o� les apr�s-midi prolong�s ( m�dala) restaient le pr�texte � toutes les rencontres. En face, s��rige fi�rement Sidi Abdellah sur les hauteurs du pittoresque quartier de Matemore, farouche d�fenseur des Medjaher. Les liens d�amiti� qu�ont eu les deux saints v�n�r�s emp�cheront comme par miracle toute �rection de b�tisses ou autre obstacle susceptible de se mettre en travers des deux mausol�es, l�un face � l�autre. Tous ces hommes de grande foi et de profonde pi�t�, de Sidi Belkacem Mansour et Harag � Sidi Ali et Affif, Charef, Bendehiba, El Ksouri et Othmane, � Sidi Lakhdar, Sidi Abdelkader, Ma�zouz et bien d�autres, constituent en fait une des particularit�s fantastiques propres � la r�gion du Dahra o� sont enterr�s sur place, selon les t�moignages de p�re en fils, plus de quarante- quatre saints connus sous l'appellation � Rab�a ou rabiine(44) chechias�... De par le temps, bien des miracles ont eu lieu � la simple visite de leur maqamou mausol�e o� il est implor� la b�n�diction du ouali essalah et la mis�ricorde de Dieu. Le fait de se trouver dans un lieu saint, loin des souillures de ce monde d�ici-bas, contribue au r�confort moral et � la paix de l��me et de l�esprit.
La zaou�a alaouia, source de science et de savoir
En descendant dans l'historique faubourg de Tigditt, il faut bien faire la rituelle escale � la zaou�a el-alaouia et ce, apr�s avoir contourn� la fi�re souika el fougania, la place du petit march� couvert et les zaou�as de Sidi Kaddour et de cheikh Bena�ssa qui ont, elles, �galement leur importance � Mostaganem �tant donn� le nombre croissant des adeptes dans l�un et l�autre de ces antres de pi�t�, d�implorations et de pri�res... Un peu plus bas, sur le chemin qui m�ne vers les carri�res, la zaou�a des Alaouine a de tout temps constitu� un grand p�le de connaissances et de savoir dans le monde mystique et religieux, notamment. Cette importante confr�rie porte le nom de son fondateur, � savoir Ahmed Benalioua Ibn Mostefa qui fut de son vivant une sacr�e sommit� dans les milieux de la recherche th�ologique � base de donn�es purement scientifiques. Il sera l�auteur d�un grand nombre d�ouvrages et sera le premier ou l�un des pr�curseurs alg�riens dans l'�criture et la mise en sc�ne th��trale, d�s lors qu�il �crira sa premi�re pi�ce vers 1920. L'�minent imam et homme de culte a �galement �t� po�te en brodant de majestueux textes dans lesquels il glorifiera le Proph�te Sidna Mohamed(QSSSL), notamment dans le genre dit sama�.
Au pays de la po�sie soufie
D�ailleurs, cette forme d�expression artistique semble �merger davantage, au firmament des chants sacr�s que beaucoup d�associations musicales traditionnelles et interpr�tes et compositeurs de musique, notamment cha�bi et arabo-andalouse, tentent d�exploiter � bon escient. Cette nouveaut� s�inscrit dans le cadre de la recherche savante dans le monde des arrangements musicaux assortis d�une magnifique �mergence du genre sama�, cher aux adeptes de la confr�rie alaouite. Dans ce m�me ordre d�id�es d'ailleurs, l��minent chercheur sp�cialis� dans le patrimoine musical traditionnel, cheikh Mohamed Hama�dia, a mis sur pied depuis voil� au moins cinq ann�es un recueil de travaux inh�rents � un sacr� montage de madih et de musique classique savante. Une �uvre in�dite qui attend encore preneur � l'effet d��tre un jour publi�e et ce, au profit des futures g�n�rations. Dans un autre registre, la po�sie populaire, le melhoun et le medh ont toujours fait la force de la r�gion du Dahra sur la sc�ne artistique. Force est de reconna�tre � cet �gard que le chantre de la po�sie en Afrique du Nord, Sidi Lakhdar Benkhlouf, reste l'incontestable sommit� de tous les temps dans l'art de r�clamer les plus belles louanges � Sidna Rassoul Ellah. Il laissera derri�re lui un nombre incalculable de textes glorifiant sans exception aucune notre Proph�te Mohamed (QSSSL). Hormis Benkhlouf, l�enfant des monts du Dahra qui fut, rappelons-le, le gendre du saint marabout Sidi Affif avec lequel il dut s�allier en lui demandant la main de sa fille, Ghanou, pour en faire son �pouse l�gitime jusqu�� ses derniers moments d�existence o� seule la mort les aura s�par�s... D�autre part, il y a lieu de citer d�autres c�l�bres paroliers du terroir qui n�ont de cesse fait la fiert� de la r�gion, � l'instar du regrett� cheikh Bensebbane, d�c�d� ces derniers ann�es � plus de 90 ans, Abdelkader Bentobji, auteur du magnifique texte de Abdelkader ya Boualem, repris d�ailleurs affreusement et si maladroitement par pourtant de suppos�es grandes stars, telles que Khaled et Zahouania... Puis son fils La�redj suivra les pas du cheikh connu pour sa qacid Ya rassi barkek messha..., cheikh Bensa�doune, Benslimane qui �crira un jour la non moins sublime Sidi Belkacem, cheikh Hadj Bend�nia, cheikh Bouterfa, l�auteur de Hta nssite enechoua wel bast ouel houa... Le genre madih existe �galement au sein de la confr�rie A�ssaouia ainsi que dans les milieux du folklore f�minin dans un genre typiquement mostagan�mois appel� medahate o� en plus l�on d�clame de belles paroles � la gloire des merabet et el oulia salihinede bout en bout du Dahra. Au sein de la grande famille des A�ssaoua par ailleurs, l�on a fatalement perdu le doyen de la tariqail n�y a pas longtemps et il s�agit bel et bien de ammiOmar Benbrahim � l��ge de plus de 90 ans. Lui, il �tait consid�r� comme la m�moire vivante de Mostaganem au moment o� un autre grand homme du si�cle dernier, � savoir l��rudit Bena�ssa Abdelkader, l'infatigable historien et chercheur, �tait unanimement consid�r� comme une biblioth�que pleine de vie et � combien pr�cieuse ! De son vivant, le regrett� avait publi� un tas d�ouvrages aussi utiles les uns que les autres auxquels nous nous devons de nous r�f�rer et dont il faut en profiter � bon escient.
Une r�gion aux mille et une cr�ations
C�est fou ce qu�une r�gion comme le Dahra et sa capitale Mostaganem peuvent nous procurer comme sensations � la faveur de cette inestimable diversit� artistique surtout quand on n�est pas cens� ignorer que de grosses pointures alg�riennes sont natives de Mosta et de sa r�gion et ce, dans tous les domaines confondus des arts chez nous. Allusion faite � Mohamed Khadda et Issiakhem qui est n� � Relizane au temps o� cette ville d�pendait encore du d�partement de Mostaganem et ce, jusqu�aux ann�es 83/84 environ, le c�l�brissime graveur, Abdellah Benanteur qui coule de beaux jours � Paris, Mohamed Oulhaci et Zerhouni Sid- Ahmed, en plus du n�o-miniaturiste Hachemi Ameur qui vit � Mostaganem depuis d�j� un moment et o� il a r�volutionn� le monde de la miniature ch�re � Racim en introduisant la touche magnifique de la calligraphie arabomusulmane notamment. Tout ce beau monde qui a plus d�un tour dans son escarcelle a r�volutionn� en v�rit� le monde magique de la peinture et des arts plastiques. Kaki, dans une autre forme artistique qui est le th��tre, l�enfant prodige de Tigditt aura � lui seul r�ussi � bousculer tous les tabous en se r�v�lant comme le pr�curseur de la halqua et du goual par rapport � la Comedia del Arte dans la repr�sentation du quatri�me art italien. A ses c�t�s, il y eut d�autres belles r�v�lations traduites sur les planches du Th��tre national, tous natifs de Mostaganem, � l�image des Benmakadem, Bachali Allel, Fethi Osmane, Mustapha Chougrani, Si Djillali Benabdelhalim qui un beau jour eut l�id�e de fonder l�actuel doyen des festivals alg�riens, � savoir celui du th��tre amateur. C��tait par un certain �t� 1967... Dans un tout autre registre che�kh Hamada natif de la petite localit� de bled Touahiria aura, � lui seul, propuls� l�art de la musique et du chant b�douins � travers le pays... Il demeurera pour ainsi dire le ma�tre ind�tr�nable de tous les temps et ce, jusqu�� nos jours. Il sera apr�s sa mort dans les ann�es 1968 relay� par un autre ma�tre nomm� che�ch Djillali A�n- Tedl�s qui excellera sur la sc�ne de fa�on on ne peut plus fulgurante, au moment o� d�autres grands cheikhs comme El Mammachi p�re et fils de la commune de Hassi-Mam�che, che�ch Mohamed el Bosquet, originaire de Hadjadj, ou encore Chigueur, Guebabi, Abdellah Ould La�d et che�ck Bendehiba El Bouguirati qui demeurent actuellement comme les dignes successeurs des grands ma�tres que furent Hamada, Djillali A�n-Tedl�s, El Mamachi et Mohamed El Bosquet.. Dans le domaine de la musique andalouse, le ma�tre de tous les temps, ancien disciple de l��cole alg�roise d�El Mossilia et vieil ami de che�kh El Khaznadji aura �t� l�un des principaux pr�curseurs, aux c�t�s du valeureux feu Bouzidi Benslimane, de l��mergence de ce genre musical � Mostaganem. Un des d�riv�s de cette musique dite savante, en l�occurrence le cha�bi, fait figure depuis la nuit des temps de v�ritable leader bien ancr� dans les m�urs des Mostagan�mois. Son chef de file n�est autre que la grande vedette alg�rienne Ma�zouz Bouadjadj qui, � l��ge de 73 printemps, continue � sa mani�re de perp�tuer l�art du mandole, du banjo et du kanoun� travers les ans. Loin de se sentir fatigu� par la vie, le toujours jeune che�kh n�a pas perdu de sa superbe et c�est ce qui fait sa force lorsque � la question �comment allez-vous che�kh ?� il r�pondra sans ambages : � Mazelt endegdeg ellouz...� Connu pour ses anecdotes et son franc-parler, un jour, un illustre inconnu l�accostera et lui demandera s�il continue toujours de chanter, il r�pliquera alors sans h�siter, exc�d� sans doute par une telle r�flexion : � Ella ya khouya, fi hade s�a rahoum ighanouli...� Sans commentaire. Sacr� haffadh, va ! Chapeau � celui que personne en Alg�rie n�a pu �galer en mati�re d�assimilation des textes et qacidate emmagasin�s dans une t�te assur�ment bien faite... L�on ne peut quitter ce bout d��den que demeure Mesk el ghanayem sans faire une halte du c�t� de nos vaillantes medehate qui, elles, � leur fa�on, constituent la plus belle des attractions, un jour de f�te familiale comme mariage, bapt�me, hadj ou omra, halqate improvis�es au sein du mausol�e de Sidi Belkacem d�o� fuseront de si belles paroles � vous donner la chair de poule, dans le genre de � Sid El harrag ya Mleh, Khalani ou rah... ou � Ya Mekka el moucherfa...� ou encore alors � Ya Sid Ahmed, ya Mohamed, s�allallah a�lik...�, � Doukar Djnani...� et j�en passe... Mosta demeure en fait ce qu�elle �tait jadis avec ses sp�cificit�s culturelles et son charme ensorcelant. Mosta, ville prot�g�e sous la b�n�diction de ses saints qui n�ont de cesse de hanter les quatre coins d�une aussi vaste contr�e qui a su � son tour les couver et les entourer de toute sa chaleur. Pour vivre heureux, vivons cach�s, mais c�est aussi aller vivre � Mosta o� le chiffre 27 est tout simplement synonyme de �El mekla oua sket�...
S.-A. H.





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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/06/28/article.php?sid=70131&cid=2