Sports : FOOTBALL
CE SOIR (19H45) AU STADE ERNEST-HAPPEL DE VIENNE, FINALE DE L�EURO-2008
L'Espagne nouvelle d�fie l'Allemagne �ternelle


L'Euro-2008, qui a consacr� le retour du beau jeu, s'est offert sa finale de r�ve : une nouvelle Espagne, qui n'a plus �t� � pareille f�te depuis 1984, d�fie, ce soir � Vienne, l'Allemagne �ternelle, ce monstre du football � la recherche d'un 4e sacre continental.

Le tournoi austro-suisse aurait pu annoncer un �largissement des fronti�res europ�ennes avec un duel entre la Turquie et la Russie, demi-finalistes malheureux, mais quatre ans apr�s le triomphe surprise de la Gr�ce, la finale viennoise marque le retour au premier plan de deux valeurs traditionnelles du football europ�en. Et surtout, apr�s le triomphe des Grecs regroup�s il y a quatre ans autour de leur d�fense, c'est le retour de l'offensive qui est r�compens�. L'Espagne, avec ses onze buts marqu�s au cours de l'Euro, trouvera � qui parler face � des Allemands ayant trouv� � dix reprises le chemin des filets, dont six fois en quarts et en demi-finales.
Allemagne broyeuse d'illusions
Avec ses douze finales (Mondial et Euro), trois titres mondiaux (1954, 1974, 1990) et trois sacres continentaux (1972, 1980, 1996), la Nationalmannschaft a longtemps �t� une redoutable machine � gagner, avant de sombrer au tournant des ann�es 2000 dans une grave crise, malgr� une finale de Coupe du monde 2002 en trompe-l��il. Mais le s�lectionneur Joachim L�w a su faire fructifier le travail de son pr�d�cesseur, J�rgen Klinsmann, et la Mannschaft est redevenue cette broyeuse d'illusions pour ses adversaires. A 48 ans, L�w s'est m�me par� de l'aura d'un grand tacticien, avec ce pari du 4-5-1 qui a balay� le Portugal (3-2) en quarts et permis de r�sister � la tornade turque en demi-finales (3-2). Le s�lectionneur allemand devrait reconduire ce dispositif avec Klose seul en pointe, soutenu dans l'entrejeu par Lukas Podolski, meilleur joueur et buteur de son �quipe (3 buts avant la finale) qui, avec ses co�quipiers du Bayern Munich, Bastian Schweinsteiger et Philipp Lahm, masque les insuffisances de la Nationalmannschaft. Car tout n'est pas parfait sur la plan�te allemande. Le capitaine Michael Ballack doit encore justifier son statut de star de l'�quipe. Mais c'est surtout la d�fense, tromp�e d�j� � six reprises, qui inqui�te. Les d�fenseurs centraux Christoph Metzelder et Per Mertesacker n'inspirent pas la plus grande confiance et le gardien de but Jens Lehmann fait son �ge, 38 ans et 232 jours aujourd�hui, ce qui lui vaudra d'�tre le joueur le plus �g� � participer � une finale d'un Euro.
La Roja sans Villa
En face, il y aura l'Espagne, deuxi�me �quipe la plus jeune du tournoi (apr�s la Russie), qui hume � nouveau le parfum des grandes soir�es. Depuis son titre europ�en de 1964 et sa d�faite en finale de l'Euro-1984 contre la France de Michel Platini, aujourd'hui pr�sident de l'UEFA, la �Roja� �tait frapp�e d'une mal�diction d�s qu'elle approchait le stade des quarts de finale. La �seleccion� a cette fois bien n�goci� les rencontres � �limination directe, venant � bout en quarts des champions du monde italiens aux tirs au but (0-0 a.p., 4 t.a.b. � 2), avant d'�c�urer, jeudi en demi-finales, la jeune et insolente troupe russe de Guus Hiddink (3-0). L'attaquant Andrei Arshavin a d'ailleurs beaucoup appris ce soir-l�. Aujourd�hui, l'Espagne sera priv�e de David Villa, meilleur buteur du tournoi (4 buts), touch� aux ischiojambiers en demi-finales. Mais l'Espagne a affich� une telle s�r�nit� et une telle ma�trise, avec un collectif m�lant jeunes loups, comme Fernando Torres, Sergio Ramos et Cesc Fabregas, et joueurs d'exp�rience avec Iker Casillas et Carles Puyol, que ce forfait ne semble qu'une p�rip�tie. D'autant que l'Espagne dispose dans ses rangs d'un super-rempla�ant en la personne de Daniel G�iza, l'attaquant de Majorque, meilleur buteur de la Liga cette saison (27 buts). Ses statistiques parlent pour lui : 3 apparitions lors de l'Euro-2008, 154 minutes jou�es et 2 buts sur 9 tirs. Reste � savoir comment cette nouvelle Espagne vivra ce retour sous le feu des projecteurs, que l'Allemagne semble n'avoir jamais quitt�.

IL SERA AU SIFFLET DE LA FINALE
Rosetti, successeur controvers� de Collina

Roberto Rosetti, qui a �t� d�sign� pour arbitrer la finale de l'Euro-2008, ce soir � Vienne, est le successeur controvers� de son compatriote Pierluigi Collina, dernier Italien � avoir dirig� la finale d'un grand tournoi, celle du Mondial-2002 entre le Br�sil et l'Allemagne. Cet athl�tique (1,90 m, 84 kg) Turinois ne fait pas l'unanimit� autour de sa personne et certains journaux suisses ont cri� au �scandale� lundi � l'annonce de sa d�signation pour le match ultime. �C'est un scandale d'une port�e similaire � celui d�j� v�cu en ouverture du tournoi, lorsque monsieur... Rosetti refusa un penalty flagrant aux Suisses pour une main du handballeur (tch�que) Ujfalusi�, a �crit le quotidien Le Matin, qui d�fendait la candidature du... Suisse Massimo Busacca. M. Rosetti, 40 ans, qui a aussi dirig� Gr�ce- Russie � oubliant �galement un penalty, selon ses d�tracteurs � au premier tour puis Croatie- Turquie en quarts de finale, b�n�ficie de la �confiance totale� de l'Union europ�enne de football (UEFA). �Le choix de M. Rosetti pour la finale n'a pas donn� lieu � beaucoup de discussions (au sein de la commission des arbitres). Son nom s'est impos� naturellement �, explique � l'AFP Yvan Cornu, responsable des arbitres durant cet Euro. �Sa prestation impeccable lors du tr�s intense Croatie-Turquie nous a compl�tement convaincus�, ajoute-t-il. Sans doute conscient que son entr�e en mati�re n'a pas �t� exempte de reproches, Roberto Rosetti, directeur d'un h�pital quand il n'est pas dans un stade, dit �accepter les critiques�. �L'erreur d'appr�ciation d'un arbitre, l'occasion galvaud�e par l'attaquant, la bourde du gardien de but, tout cela fait partie du football. Et ce sont justement ces faiblesses humaines qui rendent le football si beau�, assure-t-il. M. Rosetti, qui avoue �lire les journaux pour savoir ce que pensent les journalistes� de ses prestations, ressent �beaucoup de fiert� d'avoir �t� choisi pour la finale. M�me s'il sait aussi que sa pr�sence � ce stade a tenu � peu de choses, � la victoire de l'Espagne sur l'Italie aux tirs au but en quarts de finale. �Je suis depuis tout petit un supporter acharn� de la Squadra Azzurra. Cette d�faite m'a pein�, assure-t-il avec une apparente franchise. Le moment �exceptionnel dans (son) existence� qu'il vivra aujourd�hui � Vienne devrait constituer une belle consolation.

 

L�histoire des confrontations ib�ro-germaniques

Retour sur les confrontations entre l'Allemagne et l'Espagne lors des phases finales de Coupe du monde ou de Championnat d'Europe, avant leurs retrouvailles en finale de l'Euro-2008, aujourd�hui � Vienne.

Coupe du monde
21 juin 1994 � Chicago : Allemagne et Espagne 1-1 : Revers�s dans un groupe largement � leur port�e (en compagnie de la Bolivie et de la Cor�e du Sud), Allemands et Espagnols vont se neutraliser lors de ce choc de la poule C. Le d�fenseur du FC Barcelone, Andoni Goicoechea, ouvre le score peu avant le quart d'heure de jeu (14�), avant que Klinsmann n'�galise juste apr�s la pause (48�). Ce match sans relief refl�te le niveau de deux �quipes arriv�es aux Etats-Unis avec le statut de favori et �limin�es au stade des quarts de finale (l'Allemagne par la Bulgarie de Sto�chkov, l'Espagne par l'Italie de Roberto Baggio).
2 juillet 1982 � Madrid : Allemagne bat Espagne 2-1 : Malgr� le soutien de son public, l'Espagne ne parvient pas � enrayer la marche de l'Allemagne vers la finale de la Coupe du monde (d�faite 3-1 face � l'Italie). Apr�s avoir mollement d�marr� ce deuxi�me tour par un nul contre l'Angleterre (0- 0), la Nationalmannschaft met les bouch�es doubles contre la �Roja� avec deux r�alisations sign�es Littbarski (50�) et Fischer (75�). Zamora r�duit le score pour l'Espagne en fin de match (82�), mais ce but ne suffira pas pour la �seleccion �, qui quitte �son� Mondial apr�s un nouvel �chec contre les Anglais (0- 0), �galement �limin�s.
20 juillet 1966 � Birmingham : Allemagne bat Espagne 2-1 : Sur la route de la deuxi�me finale de Coupe du monde de son histoire, l'Allemagne conna�t quelques difficult�s pour se d�faire des Espagnols au premier tour. Beckenbauer et sa troupe doivent ainsi attendre la 84� et un but de Seeler avant de faire la diff�rence. L'Espagne est �limin�e et la Nationalmannschaft ira jusqu'en finale, o� elle sera battue par l'Angleterre (4-2), le pays h�te.
Championnat d'Europe des nations
17 juin 1988 � Munich : Allemagne bat Espagne 2-0 : Devant son public, la Nationalmannschaft est inarr�table pour des Espagnols handicap�s par la blessure au genou de leur milieu de terrain Michel. Un doubl� de V�ller a raison d'une Roja �ject�e de l'Euro d�s le premier tour. L'Allemagne se qualifie, elle, sans soucis pour les demi-finales, o� elle subira la foudre des Pays-Bas de Van Basten (2-1), futurs vainqueurs.
20 juin 1984 � Paris : Espagne bat Allemagne 1-0 : L'une des rares phases finales totalement manqu�es par l'Allemagne, sortie sans gloire d�s le premier tour. Deux tentatives de Briegel et Brehme trouvent pourtant les montants des buts d'Arconada et Schumacher est bien inspir� en arr�tant un penalty de Carrasco juste avant la mi-temps. Tout se joue dans le temps additionnel sur une t�te de Frances qui trompe le gardien allemand et renvoie la Nationalmannschaft � la maison.
Qualifications pour le Championnat d'Europe
24 avril 1976 � Madrid : Espagne et Allemagne 1-1 (aller); 22 mai 1976 � Munich : Allemagne bat Espagne 2-0 (retour), Allemagne qualifi�e pour la phase finale de l'Euro- 76 : C'est un v�ritable quart de finale que se disputent les deux �quipes, le vainqueur rejoignant les trois autres qualifi�s pour la phase finale. Les Camacho, Santillana ou Del Bosque ne sont pas en mesure de r�sister aux champions du monde et tenants du titre allemands, toujours emmen�s par le �Kaiser� Franz Beckenbauer. D�s le match aller, le nul ramen� de Madrid (1-1) met les troupes de Helmut Schoen dans une position id�ale avant le retour, rapidement exp�di� (buts de Hoeness, 17�, et de Toppm�ller, 43�). L'Allemagne se qualifie pour l'Euro o� elle �chouera en finale face � la Tch�coslovaquie lors de la s�ance des tirs (2-2 a.p., 5 t.a.b. � 3), victime de la roublardise et de la pichenette magique d'un certain Antonin Panenka qui ridiculise le grand Sepp Maier.

Les �quipes probables
Allemagne : Lehmann - Friedrich, Mertesacker, Metzelder, Lahm - Frings, Hitzlsperger (ou Rolfes) -
Schweinsteiger, Ballack (cap.), Podolski - Klose
S�lectionneur : Joachim L�w
Espagne : Casillas (cap.) - Sergio Ramos, Marchena, Puyol, Capdevila - Iniesta, Marcos Senna, Xavi, Fabregas (ou G�iza), Silva - Torres
S�lectionneur : Luis Aragones
Arbitre : M. Rosetti (ITA), assist� de MM. Griselli et Calcagno (ITA)

 

LUIS ARAGONES - JOACHIM L�W, LE DUEL DES ENTRA�NEURS
Deux g�n�rations, deux styles

La finale de l'Euro-2008 entre l'Allemagne et l'Espagne sera �galement une opposition de styles et de g�n�rations entre Joachim L�w et Luis Aragones, deux s�lectionneurs aux antipodes.

Luis Aragones : 69 ans, en poste depuis juillet 2004. Bilan : 53 matches, 37 victoires, 12 nuls, 4 d�faites
Personnalit� : doyen des s�lectionneurs de l'Euro, �le sage d'Hortaleza�, du nom de son quartier de naissance � Madrid, joue volontiers de son image de grand-p�re, qui lui vaut le respect de ses troupes. Mais il est �galement t�tu, n'h�sitant pas � se passer d'un monument tel que Raul, malgr� les appels du pied r�p�t�s de l'attaquant du Real Madrid. Autre particularit� : cette manie de s'habiller uniquement en surv�tement de sport, loin des costumes- cravates en vogue chez la nouvelle g�n�ration de techniciens. Mais Aragones a aussi d�fray� la chronique avec des propos racistes contre Thierry Henry, tenus en octobre 2004 lors d'une s�ance d'entra�nement de la s�lection et destin�s � motiver Jos� Antonio Reyes, � l'�poque co�quipier du Fran�ais � Arsenal. �Dis-lui au Noir de merde que tu es meilleur�, avait-il d�clar�.
Style de jeu : pragmatique et r�aliste, Aragones n'est pas cantonn� dans des sch�mas pr�con�us. Il est ainsi capable d'aligner une seule pointe et de renforcer son milieu de terrain, loin des canons esth�tiques en vogue en Espagne. Sa grande force est surtout d'avoir r�ussi � renouveler la Seleccion en y incorporant la fine fleur du football local (Torres, Villa, Silva, Ramos), associ�e aux �ternels Casillas, Puyol, Xavi ou Marchena.
Carri�re : le parcours d'Aragones n'a pratiquement pas d'�quivalent en Espagne. Avant d'endosser la responsabilit� de la s�lection, il avait d�j� offici� � la t�te de pratiquement tous les grands clubs du pays FC Barcelone, Valence, Atletico Madrid, Espanyol Barcelone, Betis S�ville, Majorque, FC S�ville, Oviedo). Seul le Real Madrid s'est refus� � cet ancien attaquant des grands rivaux de l'Atletico (1964-1974), avec lequel il a remport� quatre titres de champion d'Espagne (trois comme joueur, un en tant qu'entra�neur).
Avenir : Aragones avait pr�venu avant m�me le d�but de l'Euro qu'il quitterait son poste de s�lectionneur � l'issue du tournoi. Il devrait s'engager en faveur de Fenerbah�e, m�me s'il a jusqu'ici soigneusement refus� de confirmer l'annonce faite par les dirigeants du club turc.
Joachim L�w :
48 ans, en poste depuis juillet 2006. Bilan : 27 matches, 20 victoires, 4 nuls, 3 d�faites
Personnalit� : il est l'incarnation du calme et du contr�le de soi. �Jogi�, comme il est surnomm� en Allemagne, n'est pas entra�neur � hurler sur ses joueurs, m�me lorsque son �quipe est malmen�e, comme contre la Croatie (1-2) et la Turquie (3-2). Son �l�gance vestimentaire et ses cheveux noirs de jais en font l'une des personnalit�s les plus appr�ci�es de ses compatriotes, des femmes en particulier. Mais durant l'Euro-2008, son premier tournoi comme s�lectionneur, L�w a r�v�l� des aspects bien cach�s de sa personnalit� : il a �t� exclu lors de la rencontre Autriche-Allemagne (0-1). Suspendu pour le quart de finale Allemagne-Portugal (3-2), il a suivi le match d'une loge, fumant cigarette sur cigarette, � la stup�faction de toute l'Allemagne, qui le croyait parfait.
Style de jeu : comme son pr�d�cesseur, J�rgen Klinsmann, dont il a �t� l'adjoint de 2004 � 2006, L�w est partisan d'un football total reposant sur un rythme de jeu �lev� et une condition physique irr�prochable. Apr�s la phase de groupes, o� la Nationalmannschaft a pein� (une d�faite, deux victoires), L�w a d� improviser : il a abandonn� son traditionnel 4-4-2 pour un 4-5-1 o� Miroslav Klose �volue seul en pointe et ses milieux de terrain pr�tent mainforte � une d�fense fragile.
Carri�re : sa nomination comme adjoint de Klinsmann avait suscit� bien du scepticisme. A l'�poque, cet ancien milieu de terrain de Fribourg et Francfort �tait sans emploi. Sa carri�re d'entra�neur l'a men� en Suisse (Winterthur), Turquie (Fenerbah�e, Adanaspor), Autriche (FC Tyrol, Austria Vienne) et bien s�r en Allemagne (Karlsruhe, Stuttgart). Son palmar�s est plut�t maigre avec un titre de champion d'Autriche et la Coupe d'Allemagne 1997, mais L�w fait d�sormais l'unanimit�.
Avenir : son contrat avec la F�d�ration allemande expire en 2010 apr�s la prochaine Coupe du monde en Afrique du Sud.

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