Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Mugabe et ses petits fr�res africains
Par Hassane Zerrouky


Au Zimbabwe, apr�s le 1er tour de l��lection pr�sidentielle du 29 mars � l�issue duquel le leader du Mouvement pour le changement d�mocratique (MDC), Morgan Tsvangirai, �tait arriv� en t�te (47,9%) devant Robert Mugabe (43,2%), le pr�sident sortant, qui postulait pour un sixi�me mandat, il a fallu cinq semaines pour publier les r�sultats des urnes. Mais pour le second tour de ce scrutin pr�sidentiel, qui a eu lieu le 27 juin, il aura fallu moins de quarante-huit heures pour proclamer la victoire de l�autocrate du Zimbabwe.
A voir le score massif obtenu (90,2%), Robert Mugabe, 84 ans, aurait donc r�ussi en l�espace de trois mois � retourner en sa faveur l��crasante majorit� des �lecteurs ! Il faut savoir qu�� l�issue du 1er tour, le pr�sident Mugabe avait qualifi� de �vraiment d�sastreux � les r�sultats du scrutin avant de s�engager � y rem�dier. Pour ce faire, et afin de se maintenir au pouvoir, il n�a l�sin� sur aucun moyen. Le second tour, qui devait avoir lieu 21 jours apr�s la proclamation des r�sultats du 1er tour, a �t� fix� au 27 juin, soit trois mois apr�s. Un temps qui a permis au parti au pouvoir du pr�sident Mugabe, le ZANU-PF ( Union nationale africaine du Zimbabwe, Front patriotique), de d�ployer tout son savoir-faire r�pressif pour cr�er les conditions d�un parfait hold-up �lectoral. Son opposant Morgan Tsvangirai, 52 ans, a eu droit � un traitement de faveur : aux interdictions r�guli�res de ses meetings s�ajoutaient les multiples interpellations avec conduite au poste de police pour divers motifs, l�essentiel �tant de saborder sa campagne �lectorale. En direction des responsables et militants de son parti, voire des �lecteurs suspects de sympathie envers sa candidature, le ZANU-PF a instaur� un v�ritable climat de terreur : plusieurs centaines d�arrestations, plus de 70 assassinats par balle ou par arme blanche, tabassages en r�gle envers les sympathisants du parti, voire de simples �lecteurs. Au point o� des dizaines de milliers de citoyens de ce pays ont choisi de se r�fugier en Afrique du Sud voisine pour �chapper � leurs bourreaux. Et est arriv� ce qui devait arriver : le candidat de l�opposition a fini par jeter l��ponge et par crainte des menaces de mort prof�r�es � son encontre, il s�est r�fugi� � l�ambassade des Pays- Bas. C�est ainsi que Robert Mugabe s�est retrouv� dans une posture de candidat unique � sa propre succession. A peine �lu et juste apr�s avoir pr�t� serment, Robert Mugabe s�est imm�diatement rendu au Caire pour prendre part au sommet de l�Union africaine (UA) afin d��trenner son sixi�me mandat. Au sein de cette organisation, il sait qu�il ne peut craindre la moindre protestation. Une partie des chefs d�Etat africain sont soit des potentats, soit des pr�sidents � vie, soit des gens qui sont parvenus au pouvoir en truquant les urnes. Tout ce beau monde ne veut pas cr�er un pr�c�dent en qualifiant d�ill�gitime la r��lection de Mugabe. Certes, il y a des exceptions � l�Afrique du Sud, le Mali, le Ghana, la Mauritanie et, � un degr� moindre, le S�n�gal � mais elles constituent une minorit�. Dans cette UA o� prime la solidarit� entre chefs d�Etat, les appels des opposants zimbabw�ens � ne pas l�gitimer Mugabe, auront-ils des chances d��tre entendus ? Peut-�tre, mais Mugabe ne sera pas mis au ban de l�Afrique. Face aux pressions occidentales, les Etats membres de l�UA ont fait front en pr�sentant une fa�ade unie de refus des sanctions et des condamnations ! L�UA a donc d�cid�, non pas de mettre Mugabe sur la touche, mais de pr�coniser une solution mi-figue mi-raisin, consistant � pr�ner le partage du pouvoir entre lui et son opposition. Quant � son porte-parole, George Charamba, il a peut-�tre prononc� la phrase de trop quand il a invit� les Occidentaux � aller �se faire pendre� !
H. Z.

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