Culture : FAIS GAFFE � TOI
Un rap qui d�m�nage !


C�est la derni�re troupe � se produire aux estivales de Chlef, avant les soir�es de ramadan. On peut avancer, sans se tromper, que ce genre musical fait d�placer beaucoup de jeunes.
Jamais depuis l�ouverture du parc Orl�ans Land on a assist� � une telle affluence. Il faut dire que le conseil communal de la culture et des arts de Chlef semble � pr�sent rod� car l�organisation est parfaite. Karim Houari avec M. Lakhale sont omnipr�sents pour pallier toute fausse note. Faisons connaissance avec cette sympathique troupe qui a �merveill� plus d�un par sa fougue et son audace. Leurs chansons r�sonnent comme des coups de poing sur la table. Ils s�appellent Basta (Sabih Abdellah), BMD (Brahim Mazari Driss), Alza, Well. �a fait jeune, �a fait tendance et �a fait surtout rejet du signe indien et de l�ordre �tabli. Ce groupe de gar�ons dans le vent s�est constitu� pendant la d�cennie noire. Leur but �tait de d�noncer toute cette violence gratuite, les massacres d�innocents et cette corruption qui gangr�ne toute notre soci�t�. Les vers sont d�capants et illustrent la profonde d�tresse d�une jeunesse en qu�te de reconnaissance, de dignit�, de modernit�, de travail et surtout de justice. Leurs textes sont un v�ritable scanner des agissements de notre soci�t� vis-�-vis des d�munis et des faibles. C�est une jeunesse, qui, � force de lutter vainement, n�a plus qu�un r�ve, celui de partir, car elle n�a pu s�int�grer dans un monde taill� sur mesure par les puissants et les riches arrivistes qui veulent prot�ger leurs int�r�ts. Voil� un de leurs textes dont le contenu est �loquent : �Comme ces oiseaux qui se meurent. Comme ces m�res qui pleurent. L�Alg�rie n�en finit pas avec sa guerre. Le peuple est en col�re. Accabl� par la routine et la mis�re. � toi miroir, miroirdonne- moi le pouvoir. De vivre comme un homme. Et de mourir dans la dignit�. J��cris ce po�me contre la bureaucratie. Notre revanche, nous l�aurons pour s�r. Et vous irez en enfer��(compos� par BMD) Ce groupe form� en 1993 a �t� pris en main par un musicien du centre Albert-Camus qui lui a procur� une salle pour les r�p�titions et l�a int�gr� dans des programmes culturels du centre. Malheureusement, ils ne re�oivent aucune subvention et doivent compter sur leurs �conomies pour acheter des instruments. Ils pr�tendent que ce sont leurs conditions de vie qui les ont emmen�s � ce style de musique. BMD, par exemple, a vu son p�re assassin� devant lui tandis que son grand fr�re, soutient de famille, est port� disparu. Ces �v�nements se sont sold�s pour lui par l�abandon des �tudes et l�exercice du commerce informel avec tous ces al�as. Les th�mes des chansons sont r�currents et renvoient aux grands probl�mes de l�heure. Ils parlent surtout de harraga. Basta s�indigne : �Comment se fait-il qu�une telle jeunesse en pleine force de l��ge est emmen�e � fuir un pays gorg� de soleil et de p�trole ? Et tous ces jeunes lorsqu�ils sont arr�t�s sont punis pour avoir c�d� au d�sespoir.� BMD est surtout pr�occup� par le ch�mage, il pr�tend que les solutions existent et qu�il suffit de les appliquer. Ce d�laiement social a fait dispara�tre toutes les grandes valeurs de solidarit� et de compassion du peuple alg�rien et que seule prime la raison mat�rielle. Well est plus musique et m�explique que le rap n� dans les cit�s noires pauvres des Etats- Unis a �t� une musique avant de devenir carr�ment revendicatif. Il aime bien le tube rapper delight de Sugar Hill Gang, Bouge de l� de MC Solar et bien d�autres comme gangsta rap qu�il �coute sur skyrock. Fais gaffe � toi, tout un programme. �Fais gaffe, fais attention. Le volcan risque l��ruption. L�oc�an est m�content, il peut y avoir un tremblement des vagues hautes comme des immeubles vont d�ferler ensemble. Pour effacer tout le paysage��.
Medjdoub Ali

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable