Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
LA CONSTITUTION DES �TERNELS SUIVEURS
Par Ahmed Halli
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Depuis qu'a �clat� la crise financi�re, les mots ont pris encore plus d'importance, comme pour conjurer ce mauvais sort. En Occident, on parle beaucoup de refondation et on se convoque au sommet pour jeter les bases d'un nouvel ordre mon�taire mondial. Chez les bons peuples, au milieu desquels la providence nous a plac�s et dont on dit � tort qu'ils n'ont pas de volont�, c'est aussi l'heure des remises � plat.

Ainsi, ce peuple qui dicte ses quatre volont�s par procuration a-t-il d�cid�, par procuration, de r�am�nager sa loi fondamentale pour garder ses hommes providentiels. Il ne s'agit pas, en effet, de les trouver, ces hommes providentiels � la g�n�ration aussi spontan�e que les nappes de p�trole, mais de les persuader de ne pas partir. Car ils sont changeants, les hommes providentiels, impr�visibles et sujets aux sautes d'humeur. Tenez : sur un coup de t�te, ils sont capables de plier bagages et de rentrer dans leurs villages, nous laissant �gar�s comme un troupeau sans berger. Imaginez la solitude et la d�tresse d'un berger sans son troupeau ! On ne fait pas �a aux hommes providentiels chez nous et l'Histoire ne dira jamais que le peuple a laiss� partir son leader sans chercher � le retenir. Pour commencer, il fallait donc r�unir les conditions d'une relation sereine et p�renne entre les citoyens�lecteurs et leur pr�sident �lu en levant les obstacles constitutionnels. Un obstacle constitutionnel ou non est fait pour �tre contourn� ou r�duit, c'est encore plus facile lorsque celui qui s'en charge en conna�t tous les m�canismes. Le bon peuple, pay� au smig, signifie donc � ses repr�sentants sa volont� de r�viser sa Constitution pour conserver son pr�sident en l'�tat. Et lorsque le peuple veut, il peut, disent les apprentis po�tes et les tyrans en herbe qui poussent drus par ici. Le peuple n'a donc pas l�sin� sur les moyens en puisant dans la tire-lire nationale pour am�liorer le pouvoir d'achat de ses d�put�s et s�nateurs. A charge pour eux de voter, ult�rieurement, quelques hausses des salaires et pensions permettant de rester � distance respectable de la chert� de la vie. Chacun doit tenir sa place dans la soci�t� et le bon peuple ne doit pas avoir � rougir, sous ses oripeaux, du train de vie de ses �lus. Nous voici donc au milieu du gu� : les repr�sentants du peuple ont lev� quelques faux barrages et plac� quelques n�uds gordiens �a et l� pour empoisonner la vie des futurs �lus. Le peuple, �chaud� et n'osant croire � son futur bonheur, n'a pas encore r�agi. Le pr�sident, objet de toutes ces attentions, a f�licit� les deux chambres r�unies pour cette avanc�e d�mocratique. Ce qui a occasionn� quelques mots de cr�ne suppl�mentaires aux acad�miciens qui planchent sur les pages �D� et sur le mot d�mocratie. Ce sont l� des jeux d'intellectuels qui n'int�ressent pas le pr�sident et encore moins son peuple, un peuple bon mais � quoi ? A quoi bon se lamenter sur l'�tat du coll�ge �lectoral issu de l'�cole fondamentale, l'enjeu est autre part. Comme l'a si bien expliqu�, d'ailleurs, l'ancien chef du gouvernement et nouveau Premier ministre, ce n'est pas tout d'avoir termin� le costume. Il faut que celui pour qui il a �t� taill� accepte de le mettre. Et ce n'est pas chose facile, comme le laisse entendre l'imperturbable sp�cialiste de la haute couture. Le probl�me, c'est que l'homme n'a pas encore dit s'il daignait porter le nouveau smoking cousu dans les deux chambres. Contrairement � ce qu'on a pu croire, de prime abord, le chef de file des plus chauds partisans de Bouteflika ne fait pas de l'humour. Il ne saupoudre pas une pinc�e de sel sur la plaie ouverte dans l'opposition d�mocratique naufrag�e. C'est r�ellement une rude t�che qui attend M. Ouyahia dans les prochaines semaines : persuader le pr�sident de briguer un troisi�me mandat. C'est qu'on a son petit amour-propre dans ces sph�res-l�. On veut bien solliciter les suffrages du peuple, avec la certitude de l'emporter mais il faut que la comp�tition soit cr�dible. Autrement dit, les larmes de d�pit des candidats d�clar�s jusqu'ici ne suffiraient pas � remplir un d� � coudre. Donc, la t�che la plus urgente est de trouver un ou deux candidats cr�dibles, des pointures, comme on dit, pour donner un semblant de consistance au futur scrutin. Il serait malvenu, en effet, qu'un pr�sident �lu devienne pr�sident � vie avec l'assistance de quelques candidats qui n'ont m�me pas des qualit�s de li�vre. Or, de la fa�on dont on a g�r� les choses, il y a fort peu de chances pour qu'une personnalit� d'envergure nationale s'engage dans ce combat douteux. C'est parier, sans doute, sur un hypoth�tique sursaut de dignit� de la part de nos hommes politiques, r�duits � des r�les de figurants, mais c'est le seul pari raisonnable dans le contexte actuel. Si mes compatriotes au pouvoir se donnent la peine de retailler et de rafistoler la loi fondamentale, c'est parce qu'ils restent attach�s � une certaine forme de l�galit�. Ce n'est pas le cas des Kowe�tiens qui semblent avoir oubli� la leur. Au rassemblement organis� pour la journ�e de la Constitution, le 11 novembre, l'�crivain Ahmed Baghdadi a relev� avec amertume la d�fection des lib�raux comme lui. Que les d�put�s islamistes ne viennent pas au rassemblement, parce qu'ils veulent changer la Constitution et instituer un Etat th�ocratique, c'est normal, dit-il. Mais que les personnalit�s lib�rales, dont beaucoup d'anciens et actuels ministres se disant d�mocrates, se soient absent�es, est un signe qui ne trompe pas. �A la journ�e de la Constitution, le peuple �tait absent. Et la question est : pourquoi le peuple kowe�tien ne veut plus de sa Constitution ? Tous les t�moignages quotidiens, toutes les lois renvoient � cette r�ponse tr�s simple : le peuple kowe�tien, son gouvernement et son Parlement ne croient plus � la Constitution. Nous avons plac� nos int�r�ts personnels au-dessus de la Constitution. Je suis certain que si le gouvernement suspendait la Constitution, le peuple kowe�tien ne ferait rien pour la d�fendre�, conclut Ahmed Baghdadi. C'est dans ce contexte qu'il faut saluer la naissance d'un parti qui ne caresse pas le peuple dans le sens du poil et �nonce clairement ses projets. Le Mouvement d�mocratique social et la�que est, me semble-t-il, le premier parti qui inscrit la la�cit� � son fronton. Il est aussi le premier � revendiquer l'abrogation de l'article 2 de la Constitution qui �rige l'islam en religion de l'Etat. La seule religion de l'Etat devrait �tre le bonheur des citoyens mais les faiseurs et d�faiseurs de constitutions en ont d�cid� autrement. Quant � la la�cit�, attendons que le roi Abdallah d'Arabie Saoudite prenne position l� dessus, � son retour du dialogue des religions aux Nations-Unies. D'ores et d�j�, la presse saoudienne parle de la r�conciliation entre la modernit�, la la�cit� et les religions. C'est un pas en avant que nous suivrons peut-�tre, un jour. Ne sommes-nous pas d'�ternels suivants ?
A. H.

Mea-culpa
Me basant sur des informations de presse, j'ai peut-�tre, et sans le vouloir, caus� un pr�judice � un employ� de banque, faussement accus� de harc�lement sexuel. Des femmes cadres de la Banque d'Alg�rie m'ont fait savoir que cette personne �tait au-dessus de tout soup�on, et principalement au-dessus des miens. J'en prends acte et je m'excuse du tort que j'ai pu occasionner.





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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/11/17/article.php?sid=75872&cid=8