R�gions : TLEMCEN
L�errance hivernale


C�est d�j� l�hiver. A partir de19 h, la ville de Tlemcen est plong�e dans une �paisse obscurit� et un silence qui dure jusqu�aux premi�res lueurs de l�aube. Le centre-ville, notamment l�ex-place d�Alger, retrouve sa communaut� nocturne : SDF, malades mentaux et quelques chiens errants qui pendant tout l�hiver peupleront cet univers r�serv� aux damn�s.
Depuis la mi-novembre, le thermom�tre perd du relief et les nuits sont glaciales et longues pour ceux qui n�ont comme g�te qu�un ciel sombre o� ne brille pas la moindre �toile. Les malades mentaux et les sans-logis sont de plus en plus nombreux et malheureusement, ils font presque partie de ce d�cor naturel. L�indiff�rence des uns et des autres a pris le pas sur ce noble sentiment humain d�antan ; la rahma reste bien limit�e, elle n�existe que dans les coeurs des pauvres gens qui font tout pour aider ces malheureux. Nous rappelons la triste histoire qui a boulevers� Tlemcen il y a quelques ann�es. L�hiver 1967, au lendemain d�une nuit o� la neige a recouvert de son �pais manteau tout le centre-ville, on a d�couvert au petit matin les corps inanim�s de cinq personnes qui n�ont pas r�sist� au froid, ces personnes �taient connues par toute la population de Tlemcen, elles vivaient dans la rue depuis des ann�es. Ce drame est encore vivant dans la m�moire des gens, mais il semble que personne ne s�en soucie vraiment de nos jours. Apr�s la neige qui a recouvert les hauteurs et m�me une partie du centre-ville, nous nous sommes demand� o� sont pass�s ces sans-abris et que sont-ils devenus notamment cette jeune femme qui dormait � la belle �toile sur la terrasse d�un caf� du boulevard Gaouar-Hocine. Cette frange de la population que certains d�signent par le vocable bien triste de clochards fait l�objet de d�bat politique sous d�autre cieux et des parlementaires s�appr�tent � voter une loi pour la prise en charge des SDF. On a m�me entendu des ONG brandir la menace de recourir � la justice en invoquant la non-assistance � personne en danger. Dans la wilaya de Tlemcen, le manque de centres d�accueil et d�asiles ne permet pas de prendre en charge toute cette mis�re humaine mais ce n�est pas non plus une raison pour rester indiff�rent. On a longtemps �voqu� la responsabilit� des pouvoirs publics mais o� est l�engagement des �lus ? Nous remarquons qu�� la veille de chaque �ch�ance politique certains d�put�s ne ratent aucune occasion pour marquer leur pr�sence alors qu�ils ignorent pendant tout leur mandat les probl�mes de leur circonscription. L�Alg�rie profonde, c�est quoi pour ces messieurs ? On se demande o� est pass�e la soci�t� civile, qui d�habitude est prompte � investir la rue pour si peu de choses ? A nos s�nateurs et � nos d�put�s, nous leur proposons un simple voyage au c�ur de la nuit dans cette ville de Tlemcen devenue une v�ritable poubelle pour les �paves humaines. Il est temps de secouer les consciences et d�accepter la r�alit�. Tlemcen que certains pr�sentent comme une r�gence du pouvoir est en r�alit� un �sultanat� d�opportunistes dont le patriotisme se mesure en privil�ges et autres commodit�s. La question qui se pose aujourd�hui, � d�faut d�une v�ritable soci�t� civile repr�sentative, l�appel est lanc� aujourd�hui � toutes les �mes charitables, aux intellectuels : r�agir pour le salut d�une wilaya qui ne reconna�t plus sa population d�hier, une population o� la solidarit� n��tait pas un vain mot.
M. Zenasni

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable