Actualit�s : MARIAGES FORC�S ET VIOLENCES FAITES AUX FEMMES EN FRANCE
Comment et qui participe � leur pr�vention ?


�Il n�y a pas de mariage lorsqu�il n�y a point de consentement.� Ce principe qui participe naturellement du droit de chaque �tre humain � hommes et femmes � figure dans le code civil fran�ais (article 146). Faut-il cependant s�en tenir � la seule l�gislation pour faire que ce droit humain �l�mentaire soit garanti ?

Manifestement non : les mariages forc�s constituent une r�alit� et touchent, on ne s�en doutait pas, les femmes les plus vuln�rables : les enfants d�immigr�s et notamment les femmes originaires d�Afrique et du Maghreb et certaines autres venant des m�mes contr�es et ayant fui une situation de violence et de destin tout trac� pour elles et qui se retrouvent, par leur fuite et leur arriv�e en France, confront�es � la conjonction de plusieurs syst�mes de violences : conjugale, pr�carit�, chantage aux papiers�

De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed

Plus de 70 000 adolescentes seraient concern�es par les mariages forc�s en France. Elle ont entre 10 et 18 ans et vivent essentiellement en Ile-de-France et dans six d�partements � forte population immigr�e. Ce sont l� les chiffres fournis par le Haut-Conseil � l�int�gration. �Dans certains cas, dire oui � madame ou monsieur le maire n�est pas signe de consentement au mariage�. Comment agir alors pour d�celer le forcing ? Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris, charg�e de l��galit� femmes/hommes, y r�pond dans un guide �dit� r�cemment � l�usage des �lu/es et qui fixe aux maires les trois �tapes essentielles de leur intervention pour agir : avant la c�l�bration et en cas de suspicion de mariage forc�, l�audition des �poux (si n�cessaire s�par�ment) est demand�e pour confirmer ou infirmer le consentement. Dans ce dernier cas, le procureur de la R�publique est saisi ; diligente une enqu�te et peut surseoir au mariage. Le mariage sans consentement peut aussi faire l�objet d�une suspension le jour m�me de la c�l�bration dans le cas d�une situation de contrainte visible (�tat de la future �pouse, traces de violences, ou dissimulation de son visage). Le mariage forc� peut enfin �tre annul�, qu�il y ait eu consommation ou pas, apr�s sa c�l�bration et sur demande de nullit� de la victime qui apporte les preuves que ce mariage a eu lieu sans son libre consentement. Ce sont l� les trois types d�actions sur lesquels des d�tails tr�s pr�cis sur diff�rents cas de figure ont �t� fournis aux �lus pour tenter de d�coder des signes et pouvoir intervenir. Le nouveau dispositif mis en place a le m�rite d�exister mais suffira-t-il � enrayer le ph�nom�ne ? S�rement pas. Dalila, 28 ans, n�e en France de parents alg�riens install�s dans l�hexagone de longue date, r�agit lorsqu�on lui montre le guide de pr�vention des mariages forc�s : �Tout cela est bien beau, mais il faut �tre dans la peau des victimes pour savoir que dans la majorit� des cas, on ne peut rien faire transpara�tre. Comment voulez-vous r�agir et provoquer la h�chouma � vos parents ? De plus, pour ce qui me concerne et lorsque j�ai devin� les manigances pour ce mariage, j�ai fini par me dire que c�est peut-�tre le seul moyen d��chapper � la tutelle de mes parents. Je ne savais pas alors que la tutelle de mon �poux, arriv� d�Alg�rie, allait �tre encore plus dure. Aujourd�hui, avec un enfant de 6 ans, un mari rustre et brutal et sans emploi fixe, je me d�p�tre comme je peux, avec des emplois en t�l�marketing. Le divorce est en cours, avec cette fois-ci, la b�n�diction de mes parents, qui ne referont pas, c�est s�r, la m�me chose avec ma jeune s�ur de 20 ans.� Globalement, deux ph�nom�nes concourent � la persistance des mariages forc�s en France : d�abord la repr�sentation du r�le tr�s archa�que de la femme qui reste ancr�e lourdement dans les familles originaires du Maghreb, et ensuite, la mont�e tr�s nette de l�islamisme dans les cit�s qui encourage ces pratiques. La situation de Dalila est loin d��tre aussi dramatique que celle que vit Zohra avec ses trois enfants de 8, 9 et 4 ans. Zohra, quarante ans mais qui en para�t beaucoup plus, est �technicienne de surface�, en fait et pour �tre plus clair, femme de m�nage pour une entreprise sous-traitante d�un h�pital public : �Je subissais tous les soirs, et le plus souvent au petit matin lorsqu�il rentrait compl�tement bourr�, les coups et les menaces. Au lieu de le d�noncer � la police, j�ai, chaque fois, pris sur moi. Il y a 4 mois, j�ai quitt� en pleine nuit le domicile et j�ai �t�, depuis, accueillie dans un foyer mais qui me demande de trouver une autre situation, celui-ci n��tant pas fait pour accueillir les enfants. J�ai �t� mari�e en Alg�rie et j�ai engag� une demande de divorce l�-bas et j�attends. Il y a toutefois une association qui s�occupe particuli�rement des femmes du Maghreb qui m�a promis de trouver une solution pour que mes enfants sortent de cet �tat d�plorable dans lequel nous nous trouvons.� Dalila comme Zohra sont tout � fait en r�gle quant � leurs papiers. La premi�re est franco-alg�rienne alors que Zohra est arriv�e en France dans le cadre du regroupement familial. Ce n�est pas le cas de nombreuses autres alg�riennes qui ont arpent�, avec d�autres Alg�riens, les pav�s de Paris les deux week-ends derniers pour demander leur r�gularisation. �a n�est pas fait, et ce n�est s�rement pas demain qu�elles pourront se mouvoir en toute libert�, sans peur de se faire contr�ler et se voir mises dans un avion et r�exp�di�es en Alg�rie. Certaines d�entre elles ont quitt� le pays au plus fort des atteintes terroristes contre toutes les femmes qui ne se plient pas aux diktats des nouveaux ma�tres ; d�autres ont d�cid� de faire une croix sur les maltraitances qu�elles subissaient dans le milieu familial par le p�re ou le fr�re, gardiens des us et coutumes, ou par des �poux qui en ont fait �leur chose�, ou d�autres encore qui ont simplement d�cid� de venir voir cet ailleurs qu�elles imaginaient comme un eldorado. Pour les unes comme pour les autres sans papiers, il va falloir attendre et raser les murs. Ni le gouvernement alg�rien, ni celui de la France ne semblent d�cid�s � prendre en charge des Alg�riennes et Alg�riens sans papiers et qui sont les seuls ressortissants � vivre une situation ubuesque parce que r�gie par les accords bilat�raux de 1968, alors que des sans-papiers d�autres nationalit�s se voient r�gularis�s, m�me si c�est au compte-gouttes.
K. B.-A.

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