Actualit�s : PRODUITS PYROTECHNIQUES
Le petit Mekki et le cadeau fatal�


Chitana, TNT, Kadous, Double bombe� Des appellations bizarro�des que nos jeunes s�amusent � donner � une panoplie de p�tards et autres produits pyrotechniques. Des produits dont les nuisances et les dangers sont de puissance croissante � chaque occasion du Maoulid Ennabaoui. Les services des urgences des CHU ne d�semplisent pas � cette p�riode et les interventions de la Protection civile se multiplient.
Wassila Zegtitouche - Alger (Le Soir) - Midi. Le service des urgences p�diatriques semble bien calme. Trois femmes sont au service r�ception. A peine avons-nous abord� la r�ceptionniste qu�elle r�torque : �Vous �tes journalistes. Vos confr�res de l�ENTV vous ont devanc�s. Il sont au niveau de la r�animation. Vous pouvez monter les voir.� Contrairement au service des urgences ophtalmologiques, le personnel est tr�s compr�hensif et tr�s sensible � ce sujet. Service Erraouda... Traits tir�s par une longue nuit de souffrance, v�tu d�un surv�tement aux couleurs de son �quipe f�tiche, le MCA, le petit Mekki Medafri nous raconte son drame avec beaucoup de courage. �Chaque ann�e � l�occasion du Maoulid Ennabaoui, un voisin distribue gratuitement des p�tards aux enfants du quartier. C��tait la bousculade. � Pourtant, Mekki a r�ussi � avoir son petit lot. Il ne doutait pas un instant que ce pr�sent allait lui empoisonner la vie. Le petit marque une petite halte. Ne voulant omettre le moindre d�tail, Mekki nous raconte chronologiquement le d�roulement des faits, on soutenant sa main droite envelopp�e dans un gros bandage. De temps � autre, il lance un soupir et tente de taire sa douleur. Courageux, il continue son r�cit. �Il m�a offert (le voisin) un p�tard aussi gros que cette bouteille.� Il pointe du doigt une petite bouteille d�eau min�rale. �Je pensais que c��tait un fumig�ne ou un feu d�artifice. Alors je l�ai allum� et l�ai tenu � la main. De la fum�e commen�ait � se d�gager. Soudain, c��tait l�explosion. Tout le quartier a entendu la d�flagration. On aurait dit une bombe. Et l�, j�ai vu mes doigts partir en l�air et ma main s�est mise � saigner �. L�, son jeune cousin, Z. Bilal, l�interrompt pour continuer. �J�ai assist� � la sc�ne. C��tait �pouvantable. J�ai vu ses doigts partir en miettes. En bougeant sa main machinalement, c�est la saign�e. De suite, je l�ai pris rapidement et �vacu� � l�hopital de Ba�nem avec le concours de son oncle.� Commence alors pour le jeune Mekki la longue �travers�e � qui commence � 22 h. Devant l�incapacit� de prendre en charge le jeune gar�on au service des urgences du CHU de Ba�nem, on orientera le malade vers l�h�pital de Bab-El-Oued. Idem ! Le personnel m�dical conseille de le transporter au CHU Mustapha-Pacha. �Il �tait � peu pr�s minuit lorsque nous sommes arriv�s aux urgences du CHU Mustapha�, souligne Bilal. Plusieurs jeunes victimes �taient prises en charge au niveau des urgences de chirurgie p�diatrique. Une dizaine de cas, estime le personnel param�dical, dont trois jug�s graves et ayant n�cessit� des amputations de doigts. �Voir ces petits enfants gri�vement atteints nous a boulevers�s. Voir le malheur des autres gamins m�a aid� � retenir mes �motions �, dira Bilal. Selon lui, l�intervention que subira son cousin durera longtemps. Il est 2 heures du matin quand Mekki sort du bloc. �J�ai eu les deux doigts amput�s�, nous annonce-t-il. L�, son cousin nous lance un regard discret et fait un signe de la main qu�il s�agit de trois doigts. Apparemment, le pauvre gar�on ne le sait pas encore. �Heureusement qu�il ne s�agit que de deux doigts, et deux de la main gauche�, soutient Mekki avec un sourire triste. Avec une maturit� qui d�passe ses treize ann�es d��ge, �14 ans le mois de juillet�, tient-il � pr�ciser, il nous dira : �J�avais peur de perdre toute ma main, de ne pas pouvoir travailler � l�avenir. Je ne savais pas qu�un simple p�tard pouvait engendrer tous ses dommages. � Fatigu� et surtout endolori, Mekki s�allonge sur le lit et continue de raconter. Il aura racont� ce tragique accident � plusieurs journalistes. �Je me suis r�veill� � l�aube, tout seul dans cette chambre, les deux bras attach�s au lit.� Un quart d�heure est d�j� pass�. Des membres de l�association Tarkiat Al Mara� passent distribuer des friandises aux enfants malades. Quelques secondes plus tard, l�infirmi�re apporte au petit gar�on son d�jeuner. Ce dernier jette un l�ger coup d��il au plateau. Mais il refuse de se nourrir. M�me les efforts des infirmi�res n�y font rien. An�anti, nous l�aidons � se retourner sur le c�t� droit, le couvrant d�un l�ger drap. �Hadha ga� �la djal m�hirka (tout �a � cause d�un p�tard)�, balbutiera-t-il, avant de tomber dans les bras de Morph�e. En apart�, son cousin nous expliquera que Mekki a perdu trois doigts. �Il faut arr�ter l�h�morragie�, s��crie Mme A. A., dont le petit-fils partage la m�me chambre que Mekki. Selon elle, la faute incombe � l�Etat en premier lieu, aux importateurs de ces produits, ensuite aux parents.� Un avis que partageront unanimement les personnes interrog�es sur place. �C�est l�Etat laxiste qui permet ce genre de commerce. Ce sont les g�n�raux qui introduisent cette marchandise qui tue, et ce sont nos pauvres enfants qui payent�, nous lance un agent de s�curit�. �Ce n�est pas un kilo de ces explosifs qui est sur le march� mais des conteneurs entiers�, rench�rit Mme A. A. Pour Fatiha, femme de m�nage, �il faut arr�ter ces bombes�. Dehors, un radiologue nous dira que �c��tait une garde noire�. Toute l��quipe soignante partagera la douleur de ces trois enfants dont Mekki ayant subi des amputations de doigts. �Deux autres petites filles ont �t� amput�es de deux doigts chacune�, se d�sole le satff m�dical. Des drames comme celui de Mekki et des autres victimes se produiront encore et encore, � chaque occasion propice � l�utilisation de ces �explosifs� tant qu�ils restent en vente libre. Justement, sensibiliser le grand public aux traumatismes caus�s par les p�tards et autres produits pyrotechniques est le probl�me de tous. Pourtant, le service des urgences ophtalmologiques ne se montre gu�re coop�ratif, et l�acc�s � l�information devient un vrai parcours du combattant. �Il faut se munir d�un ordre de mission et d�une autorisation du minist�re de la Sant�, nous lance-t-on au niveau de ce service. On apprendra que le service d�ophtalmologie a accueilli une vingtaine de cas qui ont fait �tat de trois hospitalisations. �Plusieurs cas ont �t� �vacu�s vers les CHU de Beni-Messous, Bab-El-Oued et Parnet�, nous informe un jeune infirmier. Aux risques de c�cit� et d�amputations repr�sent�s par l�utilisation de ces p�tards, il faut ajouter les l�sions auditives et les br�lures.
W. Z.

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